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CRITIQUES DE CONCERTS 27 avril 2024

RĂ©cital du pianiste Bertrand Chamayou Ă  la Philharmonie de Paris.

L’appétit de jouer
© Marco Borggreve

Avec Liszt, Schumann, Ravel et Balakirev, Bertrand Chamayou a convoqué les plus grandes difficultés du répertoire pianistique. Non seulement, le pianiste français n’en a fait qu’une bouchée mais il a fait montre d’une vision alliant rythmes et couleurs sans négliger les aspects les plus sombres, méditatifs ou encore rêveurs de ces pages.
 

Philharmonie, Paris
Le 14/12/2023
Thomas DESCHAMPS
 



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  • Une certaine fĂ©brilitĂ© touche le public, ou plutĂ´t la partie du public connaissant le contenu du programme de ce soir : Bertrand Chamayou a choisi quelques-uns des morceaux les plus difficiles du rĂ©pertoire. C’est en apparence impassible qu’il entame la soirĂ©e avec Saint François de Paule marchant sur les flots de Liszt. Selon sa propre formule, il ferme les Ă©coutilles et laisse aller ses doigts sur le clavier.

    Rappelons que les flots en question sont ceux du détroit de Messine où tant de marins périrent. Chamayou ne tombe pas de Charybde en Scylla et bien que l’eau menace de toute part, le déluge de notes conserve une lisibilité jusque dans l’extrême grave du registre. L’évocation puissante fait d’autant son effet que le pianiste fait montre d’une sérénité à toute épreuve pour la conclusion. Les liens avec la pièce suivante, la Fantaisie en ut majeur de Schumann, sont multiples.

    La dédicace à Liszt au premier chef mais aussi le premier thème du mouvement initial, qui coule telle l’eau vive. Chamayou restitue parfaitement l’esprit rhapsodique de ce mouvement et use de riches couleurs. Le Mässig, durchaus energisch est d’une précision rythmique vertigineuse et la coda laisse pantois. Le contraste est total avec le dernier mouvement où le pianiste fait montre d’un calme méditatif sans laisser le discours s’évanouir.

    Après l’entracte, l’élément liquide est de retour avec Gaspard de la nuit : sous les doigts de Chamayou les sons perlés d’Ondine enchantent par leur fluidité presque immatérielle. Le Gibet sollicite sans doute le plus beau registre du pianiste : ces graves cuivrés qui n’appartiennent qu’à lui et qui peignent un clair-obscur idéal. La technicité du jeu de l’artiste est entièrement mobilisée pour Scarbo : a-t-on jamais entendu une exécution aussi lisible que ce soir ? Rien de froid pourtant dans cette maîtrise mais au contraire un plaisir de jouer, une fièvre, une vision. Chamayou retrouve ensuite un lyrisme élégant pour L’Alouette de Glinka arrangée par Balakirev.

    À la Berceuse de ce dernier, encore plus mélodique, le pianiste fait succéder une Mazurka n° 2 comme suspendue dans le temps. Le calme avant la tempête puisque le programme s’achève sur le fameux Islamey du même Balakirev. À fond de train, sans jamais rien lâcher, Chamayou se plaît en outre à caractériser au maximum les différents rythmes orientaux et prodigue des couleurs ensorcelantes. Il est d’autant dommage qu’une partie du public perturbe cette séance d’hypnose orientale par des applaudissements intempestifs au milieu de la pièce !

    Un premier bis, la Pavane pour une infante dĂ©funte de Ravel jouĂ©e avec une simplicitĂ© dĂ©sarmante nous ramène sous les portiques classiques. Poursuivant avec le maĂ®tre de Ciboure, Chamayou offre ensuite une Alborada del Gracioso Ă  tout casser faisant naĂ®tre des images suffocantes. Cela ne l’empĂŞche pas de retrouver un calme et une maĂ®trise incroyables pour un dernier bis : une Gnossienne n° 3 de Satie tout en legato et en dĂ©tachement. Comme si cela ne suffisait pas, le pianiste donnait un peu plus tard dans la soirĂ©e un « After-concert Â» (sic) au CafĂ© de la musique oĂą il prĂ©sentait des extraits de son dernier disque consacrĂ© Ă  Erik Satie et John Cage.




    Philharmonie, Paris
    Le 14/12/2023
    Thomas DESCHAMPS

    RĂ©cital du pianiste Bertrand Chamayou Ă  la Philharmonie de Paris.
    Franz Liszt (1811-1886)
    Saint François de Paule marchant sur les flots, S. 175 n° 2 (1862-1863)
    Robert Schumann (1810-1856)
    Fantaisie, op. 17 (1836-1839)
    Maurice Ravel (1875-1937)
    Gaspard de la nuit (1908)
    MikhaĂŻl Glinka (1804-1857)
    L’Alouette, arrangement de Mili Balakirev (1840 / 1864)
    Mili Balakirev (1836-1910)
    Berceuse (1902)
    Mazurka n° 2 (1860)
    Islamey (fantaisie orientale), op. 18 (1869)
    Bertrand Chamayou, piano

     


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