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CRITIQUES DE CONCERTS 27 avril 2024

Nouvelle production de Platée de Rameau dans une mise en scène de Jetske Mijnssen et sous la direction d’Emmanuelle Haïm à l’Opéra de Zurich.

Platée en cygne blanc
© Toni Suter

Jestke Mijnssen transforme la grenouille Platée en jeune homme naïf se rêvant danseuse étoile. Exit l’anthropomorphisme au profit d’une Platée moderne où les différences sexuelles sont balayées. Sous la direction musclée d’Emmanuel Haïm, Mathias Vidal brosse un portrait bouleversant. Il est hélas le seul francophone, et cela s’entend.
 

Opernhaus, ZĂĽrich
Le 15/12/2023
Pierre-Emmanuel LEPHAY
 



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  • Après Hippolyte et Aricie, Emmanuelle HaĂŻm et Jetske MĂĽnssen s’attaquent Ă  un nouvel ouvrage de Rameau. La metteuse en scène est plus Ă  son aise ici et l’aspect comĂ©die est parfaitement rendu. LĂ  encore, l’intrigue est amĂ©nagĂ©e, cette fois pour la faire rĂ©sonner dans notre Ă©poque. PlatĂ©e n’est plus un personnage fĂ©minin chantĂ© par un homme mais un personnage masculin, le souffleur d’un théâtre, rejetĂ© de tous, fascinĂ© notamment par la troupe de danseurs qu’il rĂŞve de rejoindre.

    Il s’éprend ainsi du premier d’entre eux (Jupiter) qui, avec la complicité d’autres acteurs de la troupe (régisseur, répétiteur, coiffeur...) élaborent la stratégie qui vise à le réconcilier à son épouse Junon – ce qui ne fonctionnera d’ailleurs pas, leur séparation étant clairement signifiée. Cela nous vaut des allusions à l’homosexualité des protagonistes et même à un réel rapprochement entre Jupiter et Platée en dernière image.

    Exit donc l’anthropomorphisme si fascinant de l’œuvre au profit de situations de théâtre dans le théâtre, remarquablement campées mais évacuant des dimensions fondamentales de l’original. Cela nous vaut des scènes drôlissimes (Platée en tutu essayant de suivre la chorégraphie), des références au monde du ballet (Lac des cygnes) ou de l’opéra (L’Enfant et les sortilèges), et l’ensemble est profus et très agréable à l’œil (décors et costumes superbes).

    Pour autant, la farce est privilégiée et l’émotion peine à poindre si ce n’est par l’intermédiaire de Mathias Vidal qui campe une bouleversante Platée. Chétif, timide, naïf, le jeu parfait du chanteur émeut, en tutu, seul devant un miroir ou dans son Pas de deux sensuel avec Jupiter. Le chant n’est pas en reste, la clarté et la noblesse qu’il donne à sa déclamation étant admirable.

    Hélas, c’est le seul francophone de la distributio, ce qui ne se perçoit pas tant en terme de prononciation que d’élocution et de compréhension de la déclamation baroque. Les hommes aux voix fraîches et assurées, peut-être trop parfois, de Renato Dolcini, Alasfaire Kent, Nathan Haller et Theo Hoffman entourent un Evan Hughes en Jupiter à la voix plus mate mais excellent comédien.

    Côté féminin, on apprécie Anna El-Khashem en Clarine et Thalie ou le matériau conséquent de Katia Ledoux en Junon. Déception par contre pour la Folie de Mary Bevan, à la fois trop lyrique et sourde et surtout trop déconnectée de la déclamation, l’empêchant de convaincre dans ce rôle inouï. Trop de lyrisme de même, et de largeur, pour le chœur, très fourni, mais, là encore, un louable souci d’une bonne prononciation.

    Comme à son habitude, Emmanuelle Haïm dirige de manière très énergique, avec parfois trop de muscle (et de percussions), mais elle réussit à mettre superbement en valeur l’orchestre ramiste, fort bien illustré par l’orchestre La Scintilla, qui, quoiqu’un peu épais, est remarquable de présence et de couleurs.




    Opernhaus, ZĂĽrich
    Le 15/12/2023
    Pierre-Emmanuel LEPHAY

    Nouvelle production de Platée de Rameau dans une mise en scène de Jetske Mijnssen et sous la direction d’Emmanuelle Haïm à l’Opéra de Zurich.
    Jean-Philippe Rameau (1683-1764)
    Platée, ballet-bouffon en un Prologue et trois actes (1745)
    Livret d’Adrien-Joseph Le Valois d’Orville

    Chœurs de l’Opernhaus Zürich
    Orchestre La Scintilla
    direction : Emmanuelle HaĂŻm
    mise en scène : Jetske Mijnssen
    décors : Ben Baur
    costumes : Hannah Clark
    Ă©clairages : Bernd Purkrabek
    chorégraphie : Kinsun Chan
    préparation des chœurs : Janko Kastelic

    Avec :
    Mathias Vidal (Platée), Evan Hughes (Jupiter), Katia Ledoux (Junon), Renato Dolcini (Satyre / Cithéron), Alasdair Kent (Thespis), Nathan Haller (Mercure), Mary Bevan (La Folie), Theo Hoffmann (Momus), Anna El-Khashem (Clarine / Thalie), Amour (Tania Lorenzo).

     


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