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CRITIQUES DE CONCERTS |
10 décembre 2024 |
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Concert de lâOrchestre national dâĂle-de-France sous la direction dâAinÄrs RubiÄ·is, avec le concours du duo Geister.
Une salle, trois ambiances
Quand lâarchitecture massive de la Symphonie Romantique dâAnton Bruckner rencontre, dans un mĂȘme concert, la pensĂ©e protĂ©iforme et originale du Concerto pour deux pianos de Francis Poulenc, le choc des cultures est grand mais le duo Geister et le chef AinÄrs RubiÄ·is proposent une soirĂ©e dâune grande tenue, entamĂ©e par une crĂ©ation.
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Comme Ă son habitude, lâONDIF ouvre le concert avec une crĂ©ation. Le jeune compositeur finlandais Joel JĂ€rventausta rĂ©pond Ă cette commande par une Bacchanale plus inquiĂ©tante que lĂ©gĂšre et festive. AprĂšs une introduction qui semble figurer une aurore borĂ©ale, de stridents Ă©clats orchestraux jaillissent portĂ©s par les cuivres, les percussions, et les flĂ»tes, avant que ne sâinstalle une course poursuite frĂ©nĂ©tique, digne dâun James Bond, dirigĂ©e avec mordant par AinÄrs RubiÄ·is.
Non pas dĂ©volue Ă lâanniversaire de lâorchestre â dont le concert aura lieu le 23 janvier â mais Ă deux Ćuvres diamĂ©tralement opposĂ©es, la suite du concert voit sâenchaĂźner le Concerto pour deux pianos de Poulenc et la Symphonie n° 4 de Bruckner.
Dans Poulenc, le duo Geister prend le parti de lignes claires avec un grave aussi dĂ©taillĂ© que lâaigu. LâatmosphĂšre vaporeuse du passage chambriste (Allegro) est rĂ©ussie mais aurait pu ĂȘtre encore plus Ă©thĂ©rĂ©e grĂące Ă une plus grande connexion entre les solistes et les bois. Par leur douceur Ă©mouvante, les deux pianistes sâillustrent particuliĂšrement dans le thĂšme Mozart du Larghetto, soutenus discrĂštement mais avec moelleux par lâONDIF. Somme toute, entre lâAllegro et le Finale, la thĂ©ĂątralitĂ© et la facĂ©tie manquent Ă cette interprĂ©tation trĂšs sage.
RubiÄ·is Ă©pouse pleinement le sous-titre Romantique de la QuatriĂšme Symphonie de Bruckner. GrĂące Ă des gestes amples, il sâattache Ă rendre le lyrisme et la simplicitĂ© des thĂšmes tout en allant chercher le pianississimo le plus dĂ©licat et les fortissimos les plus majestueux. Si le chef nous tient tant en haleine durant tout le premier mouvement, il le doit Ă cette maĂźtrise des nuances et des contrastes. Sâajoute Ă cela un cor solo exemplaire et des chorals de cuivres dignes du plein jeu de lâorgue, qui jamais ne dĂ©timbrent.
LâAndante perd un peu de sa superbe dans les contrastes mais rĂ©vĂšle des pupitres et des solistes captivants. Sous lâarcher de Renaud Stahl, les altos sâillustrent brillamment dans leur moment de gloire, Ă©levant avec rondeur le second thĂšme. Le Scherzo sonne la chasse, motif que le pupitre de cors aurait gagnĂ© Ă plus articuler mais qui se fond ensuite dans un contrepoint parfaitement Ă©quilibrĂ© dans la masse des cuivres.
Dans le Finale, RubiÄ·is donne enfin Ă entendre la pleine puissance de lâorchestre, dans les tuttis homophoniques, bien sĂ»r, et dans tous les thĂšmes martiaux et triomphants. Plus le mouvement avance, plus lâarchitecture devient claire, et ce jamais aux dĂ©pends des transitions et des respirations.
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Philharmonie, Paris Le 15/01/2024 Chloë ROUGE |
| Concert de lâOrchestre national dâĂle-de-France sous la direction dâAinÄrs RubiÄ·is, avec le concours du duo Geister. | Joel JĂ€rventausta (*1995)
Bacchanale
Francis Poulenc (1889-1963)
Concerto pour deux pianos
Duo Geister, pianos
Anton Bruckner (1824-1896)
Symphonie n° 4 en mib majeur « Romantique »
Orchestre national dâĂle de France
direction : AinÄrs RubiÄ·is | |
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