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CRITIQUES DE CONCERTS |
10 décembre 2024 |
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Concert d’ouverture du festival Présences 2024 à la Maison de la Radio, Paris.
Steve Reich 2.0
Le premier concert du festival Présences 2024 montre comment, dans une certaine mesure, Steve Reich arrive aujourd’hui à proposer des pièces cohérentes avec son style tout en y apportant de nouvelles perspectives. La création est elle aussi à l’honneur avec deux pièces totalement antagonistes de deux jeunes compositrices.
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Auditorium de la Maison de la Radio, Paris
Le 06/02/2024
Chloë ROUGE
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Le renoncement de Barbe-Bleue
Frénésie de la danse
Clavecin itératif
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Pour le concert d’ouverture de Présences 2024, le très nombreux public de l’auditorium de Radio France a entendu deux pièces du compositeur minimaliste américain : Jacob’s Ladder en création française et Reich/Richter de 2018. Pour ensemble et quatre chanteurs, la première pièce se fonde sur un texte en hébreu et des échelles diatoniques montantes et descendantes.
Le reste du matériau reprend l’habituelle répétition de courtes cellules qui apportent la dynamique du morceau. Reich réussit à rafraîchir l’écoute avec des associations de timbre changeantes, les instruments rythmiques étant toujours doublés par un instrument mélodique. Les moments de déphasage, les changements d’échelles et de rythmique font passer la pièce par des états fluctuants qui ont en commun un côté mystique. Les voix, assez peu mobilisées par le compositeur, n’apportent pas grand-chose au discours musical tant elles se fondent avec les instrumentistes.
Reich/Richter, qui tire son titre de l’influence et de la collaboration avec Gerhard Richter, est l’une des pièces les plus longues du compositeur, en dehors des opéras et de Drumming. La pièce ne s’écoute pas de la même façon que Jacob’s Ladder : une fois entré dans le son, on se laisse porter par la suavité du timbre des musiciens de l’Ensemble intercontemporain au gré des soufflets de nuances et des harmonies tourbillonnantes de Reich. La subtilité des musiciens, dirigés par George Jackson, grand habitué de la musique du compositeur américain, appelle le lâché prise.
Au programme également, deux créations de compositrices. Héloïse Werner dévoile la pièce close-ups pour violon et soprano, dont elle interprète la partie de chant accompagnée d’Hae-Sun Kang. Dans ce voyage théâtral entre Ligeti et Aperghis qui aurait dû être créé pendant à Présences 2023, la compositrice fait vivre quatre protagonistes aux caractères opposés. Le comique de répétition et l’écriture versatile font de cette pièce un moment drôle qui questionne aussi l’écoute.
Dans un tout autre esprit, Josephine Stephenson présente In time like air, une pièce en plusieurs mouvements qui peuvent faire penser à une musique de film. L’objectif semble être celui de la création d’atmosphères mystérieuses. Malgré quelques passages aux sonorités orchestrales intéressantes, la pièce n’arrive pas à se renouveler. On se questionne aussi sur l’utilité de deux pianos et surtout sur leur utilisation. Bien que le langage soit globalement tonal/modal, pourquoi inclure des passages emphatiques aux allures de Sibelius, totalement décalés ?
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Auditorium de la Maison de la Radio, Paris Le 06/02/2024 Chloë ROUGE |
| Concert d’ouverture du festival Présences 2024 à la Maison de la Radio, Paris. | Josephine Stephenson (*1990)
In time like air
Steve Reich (*1936)
Jacob’s Ladder, creation française
Synergy Vocals
Héloïse Werner (*1991)
close-ups
Héloïse Werner, chant
Hae-Sun Kang, violon
Steve Reich
Reich/Richeter
Ensemble Intercontemporain
direction : George Jackson | |
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