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CRITIQUES DE CONCERTS |
11 décembre 2024 |
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Version de concert de Don Giovanni par la troupe de l’Opéra de Vienne sous la direction de Philippe Jordan au Théâtre des Champs-Élysées, Paris.
Prima l’orchestra
En présentant au public parisien une version de concert Don Giovanni, l’Opéra de Vienne montre surtout un orchestre en état de grâce, sans aucun équivalent dans ce répertoire. La direction de Philippe Jordan exacerbe le drame sans oublier les aspects bouffe. Une distribution vocale d’un niveau bien plus commun empêche la soirée d’être une complète réussite.
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Le 28 mai 1924, les forces de l’Opéra de Vienne placées sous la direction de Franz Schalk inauguraient alors par Don Giovanni dans une mise en scène sommaire un important cycle d’opéras de Mozart au Théâtre des Champs¬-Élysées. Ce soir, de nouveau avec le chef-d’œuvre mozartien, le Wiener Staatsoper fête un siècle de visites parisiennes.
À l’instar de Schalk qui dirigeait depuis le clavecin, Philippe Jordan dirige depuis un pianoforte. De l’ouverture jusqu’au final, il se montre omniprésent, donnant absolument toutes les entrées aux instrumentistes comme aux chanteurs et modelant chaque phrase avec un soin méticuleux. L’ensemble ne manque pas de panache et d’allure avec des tempos vif-argent s’emballant presque dans le final de l’acte I.
Cette théâtralité souvent étourdissante manque parfois de respiration comme dans le septuor des masques. L’orchestre répond parfaitement aux sollicitations du chef, prodiguant des couleurs changeantes et une expressivité déliée en particulier dans les passages chambristes et dans les parodies succulentes de la scène du banquet au II. Face à ce grand luxe orchestral, on eût aimé un plateau à la hauteur, ce qui n’est pas tout à fait le cas.
Au premier chef, le Don Giovanni de Christian Van Horn manque singulièrement de personnalité. Hâbleur, il présente un profil vocal monolithique qui oublie complètement la séduction. Dans la sérénade, alors que la mandoline et les cordes lui dressent un accompagnement de rêve, le chanteur grasseille. Face à son destin, son effroi paraît aussi bien convenu. Très heureusement, son valet est aussi bon acteur que chanteur.
Peter Kellner manie l’ironie avec finesse et use avec art d’une voix parfaitement placée. Sans avoir le timbre de son devancier de 1924 (un certain Richard Tauber...), Bogdan Volkov parvient à conjuguer hédonisme et vérité dramatique. Martin Häßler fait un Masetto un peu générique tandis qu’Antonio Di Matteo déçoit franchement par une tessiture trop courte pour le rôle du Commandeur. L’inégalité de la distribution vocale est la même chez les dames.
Si la Zerline d’Alma Neuhaus sĂ©duit sans rĂ©serve par sa voix riche, le choix de Federica Lombardi pour incarner Elvire laisse perplexe : la soprano prĂ©sente un timbre bien lĂ©ger pour ce rĂ´le d’épouse dĂ©laissĂ©e. Dans In quali eccessi, ses aigus dĂ©tonants lui valent les mĂ©chantes huĂ©es d’un spectateur malappris. De manière plus heureuse, Slávka ZámeÄŤnĂková trouve toujours le ton juste pour une Anna qui touche au cĹ“ur.
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Théâtre des Champs-Élysées, Paris Le 05/02/2024 Thomas DESCHAMPS |
| Version de concert de Don Giovanni par la troupe de l’Opéra de Vienne sous la direction de Philippe Jordan au Théâtre des Champs-Élysées, Paris. | Wolfgang Amadeus Mozart (1756-1791)
Don Giovanni, dramma giocoso en deux actes (1787)
Livret de Lorenzo Da Ponte
Christian Van Horn (Don Giovanni)
Slávka ZámeÄŤnĂková (Donna Anna)
Bogdan Volkov (Don Ottavio)
Federica Lombardi (Donna Elvira)
Peter Kellner (Leporello)
Antonio Di Matteo (Commandatore)
Martin Häßler (Masetto)
Alma Neuhaus (Zerlina)
Chor der Wiener Staatsoper
Orchester der Wiener Staatsoper
direction : Philippe Jordan | |
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