|
|
CRITIQUES DE CONCERTS |
11 décembre 2024 |
|
Passion selon Saint Jean de Bach sous la direction de Daniel Reuss à l’Église Saint-Roch, Paris.
Perfection selon saint Jean
À l’approche de Pâques reviennent les Passions de Bach, et à Paris cette année, celle de Daniel Reuss à Saint-Roch semblait des plus prometteuses, sans que l’on puisse pour autant s’attendre à la perfection déroulée par l’Orchestre du XVIIIe siècle et la Cappella Amsterdam, ainsi que par les solistes, à commencer par le Jésus de Peter Harvey.
|
|
Triomphe du libertin
Le renoncement de Barbe-Bleue
Frénésie de la danse
[ Tous les concerts ]
|
Plus concise que la Saint Matthieu, la Passion selon saint Jean est écrite alors que Johann Sebastian Bach vient tout juste de devenir le cantor de Leipzig qu’il restera dans les mémoires pour l’éternité. Toujours impressionnante par sa perfection, l’œuvre gagne encore à être interprétée dans un lieu religieux, comme c’est le cas à Paris grâce au producteur Philippe Maillard, qui a pour l’occasion juste avant Pâques réservé la superbe église Saint-Roch et invité Daniel Reuss avec ses ensembles.
Devant un Orchestre du XVIIIe siècle d’une vingtaine de musiciens sur instruments anciens, avec le théorbe mis en avant ainsi que les deux violes d’amour jouées debout pour l’arioso central, le chef néerlandais débute d’abord lentement une partition qu’il fait rapidement monter en dévotion, tout en approchant toujours sa lettre par la plus simple pureté. Excellents, les musiciens se démarquent tant en solistes (magnifiques flûte et violoncelle) qu’en groupe (la section des premiers violons).
La Cappella Amsterdam s’intègre avec la même exaltation dans l’interprétation, ce petit chœur toujours exalté et intégré à l’ensemble, avec en plus quelques individualités remarquables lors des petits passages solistes. Fervents dès l’introduction, les choristes trouvent une réponse aussi appropriée de la part des chanteurs principaux, à commencer par l’Évangéliste de Thomas Walker.
D’une grande précision dans le texte, avec une belle humilité dans ses nombreuses transmissions de paroles (Er sprach ; Er antwortete), le conteur offre souvent la première place à Jésus, d’une clarté et d’un timbre idéaux en la présence du baryton Peter Harvey. Presque aussi remarquable, la basse James Newby procure une assise particulière à sa dernière intervention, Mein teurer Heiland.
Plus réservée, l’alto Cecelia Hall tient ses parties avec qualité, mais on lui préfèrera l’éclat de la soprano Berit Norbakken, particulièrement lumineuse dans son dernier air, juste après celui du ténor Tigran Matinyan. Son engagement physique prend certes beaucoup de place lors de sa première aria, mais convainc mieux lorsqu’il se montre plus retenu dans la deuxième partie. L’œuvre s’achève sur l’ultime choral (Ach Herr, laß dein lieb Engelein) et remet une dernière fois en lumière la beauté du chœur.
| | |
|
Eglise Saint-Roch, Paris Le 22/03/2024 Vincent GUILLEMIN |
| Passion selon Saint Jean de Bach sous la direction de Daniel Reuss à l’Église Saint-Roch, Paris. | Johann Sebastian Bach (1685-1750)
Johannes-Passion, BWV 245
Thomas Walker, Évangeliste
Peter Harvey, JĂ©sus
Berit Norbakken, soprano
Cecelia Hall, alto
Tigran Matinyan, ténor
James Newby, basse
Cappella Amsterdam
Orchestre du XVIIIe siècle
direction : Daniel Reuss | |
| |
| | |
|