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CRITIQUES DE CONCERTS |
16 octobre 2024 |
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Nouvelle production de Rivoluzione d’après Verdi dans une mise en scène de Krystian Lada et sous la direction de Carlo Goldstein au Théâtre de la Monnaie, Bruxelles.
Mai 68 pour les nuls
Le théâtre de la Monnaie de Bruxelles explore les raretés verdiennes des années de galère en construisant deux pasticcios qui peuvent se découvrir indépendamment. Le pari musicologique touche au but, mais la soirée consacrée à Rivoluzione déçoit en raison de sa transposition falote autour des conflits politiques et sociaux du printemps 1968.
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Belle idée que de faire découvrir la foisonnante période de jeunesse (1838-1850) de Verdi, qui compose alors à un rythme effréné pour asseoir sa réputation au-delà du succès de Nabucco (1842) : pas moins de seize opéras en grande partie méconnus jalonnent ces temps difficiles où dépression et doute assaillent régulièrement le compositeur.
Verdi est pourtant déjà au faîte de ses moyens, ce que confirme l’agencement fluide des morceaux réalisé par le chef Carlo Goldstein. Pour autant, le choix de conserver le texte original réduit les possibilités d’une narration plus originale, volontiers détachée des visées patriotiques, malgré l’idée d’une nouvelle histoire placée dans les tourments révolutionnaires de 1968.
Confiée à Krystian Lada, ancien dramaturge à la Monnaie, la première soirée appelée Rivoluzione centre l’action sur quatre étudiants en révolte, auxquels se joint un jeune ouvrier, bourreau des cœurs : les couples se font et se défont au gré des manifestations, tout en s’interrogeant sur les formes que doit prendre la lutte, notamment sur la pertinence du recours à la violence. Les personnages sont pourtant réduits à de simples caricatures dont on peine à s’intéresser à l’évolution.
Seul le parcours de Laura vers la radicalisation échappe à cet écueil, grâce aux nombreuses vidéos dialoguées qui jalonnent la soirée. Pour autant, on reste déçu par le parti-pris trop consensuel sur la période, qui passe au second plan les enjeux sociétaux et politiques pour se concentrer sur les seuls tourments individuels. Dès lors, les projections de splendides photographies d’archives en noir et blanc, comme des inventifs slogans de l’époque, apparaissent comme autant de vignettes charmantes mais superficielles.
Que dire, aussi, de l’adjonction de danseurs de rue, cantonnés aux mimiques saccadées et au doublonnage hystérique des personnages principaux ? L’écrin visuel est certes soigné, entre éclairages variés (contre-jours aveuglants) et ambiances cauchemardesques (scène de délire de Laura), mais reste assez convenu au niveau de la direction d’acteur sur 3h15 de spectacle.
Heureusement, le plateau apporte beaucoup de satisfactions, particulièrement côté féminin. Ainsi de Nino Machaidze, qui donne à sa Laura toute la puissance de son incarnation, entre timbre corsé et articulation agile. On aime aussi la Cristina de Gabriela Legun, pas moins impressionnante d’intentions, entre technique superlative, longueur de souffle et couleurs. Enea Scala (Carlo) compense une émission parfois un rien métallique par l’emphase de son engagement en pleine voix, au lyrisme dramatique débordant.
Justin Hopkins (Lorenzo) s’impose quant à lui par sa solidité sur toute la tessiture, autour d’une belle résonance, tandis que Vittorio Prato (Giuseppe) assure bien sa partie, malgré un manque de graves et une composition parfois trop timide. Outre l’excellence de chœurs très investis, on se délecte de la direction toute de lisibilité de Carlo Goldstein, qui exalte les sonorités sans jamais céder au spectaculaire.
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