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CRITIQUES DE CONCERTS |
05 octobre 2024 |
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Concert de l'Orchestre National de l'Opéra de Paris sous la direction de Daniele Gatti à la Philharmonie de Paris.
Vies de héros
Avec la figure du héros comme motif central d'un beau programme Wagner-Strauss mettant en regard extraits symphoniques de Crépuscule des dieux et le poème symphonique Une vie de héros, Daniele Gatti fait ses débuts avec l'Orchestre de l'Opéra de Paris dans le cadre d'une tournée passant par la Philharmonie de Paris et le Grand Théâtre de Provence à Aix.
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Durant ses huit saisons à la tête de l'Orchestre National de France, Daniele Gatti n'a pas eu l'occasion de diriger une production lyrique à l'Opéra, programmant au Théâtre des Champs-Élysées des versions scéniques de Falstaff (2010) et Macbeth (2015) ainsi qu'un Tristan (2016) avec lequel il terminait son mandat parisien. Tout au plus pourrait-on voir comme une forme de réparation le fait de le voir diriger ce programme symphonique avec l'Orchestre de l'Opéra de Paris.
Gatti évolue en terrain conquis dans les extraits de Crépuscule des dieux, paysages dans lesquels la direction du Milanais exprime une personnalité de premier plan et un atavisme d'une évidence magistrale. La densité des cors dans le Lever du jour donne au Prologue une couleur et un arrière-plan expressif d'une tenue impeccable, parfaitement relayée par la matière des cordes que Gatti retient pour mieux en dégager la ligne générale.
Puis, ce Voyage de Siegfried sur le Rhin qui semble peint à fresque, avec une transparence des pupitres alliée à une impression de puissance et de netteté qui joue sur une discipline d'ensemble remarquable et fait rapidement oublier la courte hésitation du cor solo dans le thème de Siegfried joué en coulisses. Discipline encore dans cette morsure timbrique qui éclaire la Mort de Siegfried d'un jour cru et livide et ouvre à la Marche funèbre un espace expressif tout à fait remarquable.
En seconde partie, Gatti poursuit dans ce qui s'apparente à une véritable démonstration de force avec Une Vie de héros où la volonté de faire du poème symphonique un véritable opéra sans paroles où l'orchestre joue le rôle d'un narrateur aux multiples personnalités. La donnée autographique n'est pas à proprement parler l'élément littéral autour duquel s'organise la lecture, le geste préférant dégager de cet immense album d'images le brio et le souffle épique.
La mélodie avec laquelle entre en scène le Héros a une ampleur qui amoindrit la netteté des lignes mais libère une belle énergie tellurique qui pèse sur l'absence d'ironie de ces Adversaires du héros… plus narquois et cyniques que réellement caricaturaux dans le pépiement de la petite harmonie. Trop introverti, le violon de Frédéric Laroque offre à la Compagne du Héros un dessin désenchanté où la pointe sèche remplace l'émotion, sauf à la toute fin quand le geste du chef ouvre l'espace avec cette alternance de suspensions et de volumes éthérés qui donnent au soliste une expression enfin retrouvée.
Abordé à un tempo infernal, le Champ de bataille a fière allure et contraste puissamment avec la vaste et profonde respiration des Œuvres de paix et surtout du Retrait du monde et accomplissement du héros.
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Philharmonie, Paris Le 02/04/2024 David VERDIER |
| Concert de l'Orchestre National de l'Opéra de Paris sous la direction de Daniele Gatti à la Philharmonie de Paris. | Richard Wagner (1813-1883)
Götterdämmerung :
Lever du Jour
Voyage de Siegfried sur le Rhin
Mort de Siegfried & Marche funèbre
Richard Strauss (1864-1949)
Ein Heldenleben, op. 40
Frédéric Laroque, violon solo
Orchestre de l’Opéra national de Paris
direction : Daniele Gatti | |
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