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CRITIQUES DE CONCERTS |
10 octobre 2024 |
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Version de concert de La Walkyrie de Wagner par l’Orchestre philharmonique de Rotterdam sous la direction de Yannick Nézet-Séguin au Théâtre des Champs-Élysées.
Bruyante Walkyrie
Après un Or du Rhin très réussi en 2022, Yannick Nézet-Séguin et son ancien orchestre de Rotterdam présentent une première journée du Ring beaucoup plus inégale du fait d’un orchestre souvent à la peine et d’une direction au premier degré assez sommaire et bruyante. La distribution voit surtout le triomphe des déesses Tamara Wilson et Karen Cargill.
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La Walkyrie de Rotterdam arrive sur les rives de la Seine avec des rumeurs plus que favorables venant de Baden-Baden mais l’orage orchestral du prélude sonne avec une rudesse sommaire. Le violoncelle solo déçoit lors de la rencontre des jumeaux et les vents vont canarder trop fréquemment durant la soirée pour qu’on passe sous silence la déception de ne pas entendre la splendeur instrumentale attendue.
Il faut aussi dire que la direction de Yannick Nézet-Séguin semble hésiter entre allant et retenue, veillant soigneusement sur ses chanteurs quitte à différencier les tempos en fonction d’eux. D’une belle longueur de souffle, Stanislas de Barbeyrac chante un Siegmund pour le moins intériorisé, couvrant très fortement ses aigus. D’une belle fraîcheur de timbre, la Sieglinde d’Elza van den Heever ne sort pas d’une réserve timide.
Apparence de culturiste et organe vocal conséquent, le Hunding de Soloman Howard semble étranger à son personnage et à la situation. Les jumeaux semblent plus au confessionnal qu’au théâtre et l’on est bien en peine d’entendre poindre le moindre désir même si l’ensemble finit inéluctablement par s’animer. L’entracte fait manifestement du bien à l’orchestre qui attaque avec une belle vaillance l’acte II.
Le timbre clair du Wotan de Brian Mulligan surprend. Un manque de puissance aussi, compensé en partie par une attention portée aux mots très appréciable. Tamara Wilson délivre des Hojotoho ! du plus beau métal qui soit. Le théâtre fait enfin son apparition avec la Fricka de Karen Cargill. Avec une autorité magistrale, appuyée par une voix aux registres très distincts mais aux superbes couleurs, la mezzo donne une leçon d’éloquence wagnérienne.
À la suite de ce volcan, la scène Wotan-Brünnhilde ne peut que sonner modeste, d’autant que la soprano semble sur la réserve. Elle recouvre l’immensité de ses moyens pour l’Annonce de la mort à Siegmund, d’une belle intensité, gâchée cependant par le surlignement excessif des leitmotive par le chef. Avec ses aigus adamantins, Van den Heever apporte tout le dramatisme requis à la fin de l’acte.
Au III, l’orchestre sonne comme épuisé et entonne une Chevauchée bourrine qui donne envie d’envahir le pays batave. Les huit Walkyries ont toutes de solides et belles voix bien différenciées mais leur éclat disparaît lorsqu’elles chantent de concert dans un tintamarre primaire. Nézet-Séguin veille à ne pas couvrir Wotan congestionné, mais partout ailleurs il force l’effet dans une surenchère brouillonne. Dans un déchirant War es so schmählich, Tamara Wilson délivre le second et dernier sommet de la soirée qui s’achève ensuite par l’accueil triomphal du public.
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Théâtre des Champs-Élysées, Paris Le 04/05/2024 Thomas DESCHAMPS |
| Version de concert de La Walkyrie de Wagner par l’Orchestre philharmonique de Rotterdam sous la direction de Yannick Nézet-Séguin au Théâtre des Champs-Élysées. | Richard Wagner (1813-1883)
Die Walküre, opéra en trois actes (1870)
Livret du compositeur
Stanislas de Barbeyrac (Siegmund)
Elza van den Heever (Sieglinde)
Soloman Howard (Hunding)
Brian Mulligan (Wotan)
Karen Cargill (Fricka)
Tamara Wilson (BrĂĽnnhilde)
Jessica Faselt (Helmwige)
Brittany Olivia Logan (Gerhilde)
Justyna Bluj (Ortlinde)
Iris van Wijnen (Waltraute)
Maria Barakova (Siegrune)
Ronnita Miller (Grimgerde)
Anna Kissjudit (Schwertleite)
Catriona Morison (RoĂźweiĂźe)
Orchestre philharmonique de Rotterdam
direction : Yannick NĂ©zet-SĂ©guin | |
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