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CRITIQUES DE CONCERTS |
11 décembre 2024 |
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Nouvelle production de La Walkyrie de Wagner dans une mise en scène d’Andreas Homoki et sous la direction de Gianandrea Noseda à l’Opéra de de Zurich.
Classe et classique
Walkyrie proche de l’idéal à Zurich où domine la Brünnhilde ardente Camilla Nylund dans une vision scénique sobre et de bon goût mais tendue par une direction d’acteurs affûtée. Gianandrea Noseda réussit la quadrature du cercle avec une baguette claire et puissante, parfaitement à l’écoute des chanteurs, grâce à un orchestre somptueux.
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Il est heureux que des caméras soient dans la salle pour les deux cycles complets car avec cette Walkyrie, le Ring de l’Opéra de Zurich confirme une très haute tenue. Certes, Andreas Homoki ne bouleversera pas l’histoire de la mise en scène wagnérienne. On a vu plus interpellant et provocant. Pour autant, la somptueuse esthétique (rapelant les décors de Peduzzi pour Chéreau), la beauté de la direction d’acteurs et de quelques idées fortes parviennent à captiver l’œil sinon l’esprit.
On retiendra donc ici la scène finale particulièrement forte quand Wotan s’effondre sous la douleur de la séparation à venir avec Brünnhilde, la dispute conjugale avec Fricka telle une scène de Feydeau, les inquiétants sbires de Hunding, la tournette toujours superbement éclairée ou le décor s’ouvrant sur une forêt enneigée à la fin du I. L’investissement des chanteurs parachève cette vision léchée mais très vivante.
Le bonheur visuel est d’autant plus fort qu’il est relayé par une distribution impeccable jusque dans ses huit Walkyries. Claudia Manhke affiche en Fricka un matériau ample et mordant à la fois, convenant à merveille à la conception assez boulevardière d’Homoki. Le Hunding de Christof Fischesser est particulièrement somptueux – bien qu’en coulisse à la fin du II –, tout comme le Siegmund d’Eric Cutler, en pleine ascension méritée. La voix est belle, puissante, solide sur tous les registres, avec un grave est très charnu, et le chanteur stylé. En Sieglinde, Daniela Köhler marque également par un soprano lyrique loin des « oies blondes » qu’on a souvent entendu ailleurs. Aucune mièvrerie mais un chant incarné de toute beauté.
Tomasz Konieczny assure tout le Ring pour les deux séries son engagement sans bornes reste impressionnant. Les qualités du chanteur le disputent à celles de l’acteur (quel maniement de la lance !). Le timbre, clair, un peu nasal, manque certes d’une assise plus prononcée, mais la probité et la clarté de la ligne, l’émotion insufflée à une conception très humaine emportent l’adhésion. Enfin, notre cœur chavire totalement devant la Brünnhilde de Camilla Nylund, aussi passionnante que dans Siegfried et Crépuscule des dieux. La beauté de l’actrice, le feu dans la voix (d’une solidité inaltérable et aux aigus irradiants), l’incarnation ardente, tout est renversant.
Gianandrea Noseda offre un Wagner toujours aussi clair, dramatique et puissant, veillant remarquablement à l’équilibre fosse-scène, qui parvient à garder la tension palpable même en retenant l’orchestre – une donnée indispensable dans un si petit théâtre avec une fosse très ouverte. Il réussit particulièrement à rendre excitants la fin du I ou tout le début du III, l’agitation ne devenant jamais désordre, et peut compter sur un Philharmonia Zürich somptueux où dominent des vents d’une perfection impressionnante.
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Opernhaus, ZĂĽrich Le 20/05/2024 Pierre-Emmanuel LEPHAY |
| Nouvelle production de La Walkyrie de Wagner dans une mise en scène d’Andreas Homoki et sous la direction de Gianandrea Noseda à l’Opéra de de Zurich. | Richard Wagner (1813-1883)
Die Walküre, Première journée du festival scénique Der Ring des Nibelungen (1870)
Livret du compositeur
Philharmonia ZĂĽrich
direction : Gianandrea Noseda
mise en scène : Andreas Homoki
scénographie : Christian Schmidt
Ă©clairages : Franck Evin
Avec :
Eric Cutler (Siegmund), Daniela Köhler (Sieglinde), Tomasz Konieczny (Wotan), Cristof Fischesser (Hunding), Camilla Nylund (Brünnhilde), Claudia Mahnke (Fricka), Sarah Cambidge (Helmwige), Barbara Senator (Ortlinde), Ann-Kathrin Niemczyk (Gerhilde), Anna Werle (Waltraute), Simone McIntosh (Siegrune), Siena Licht Miller (Rossweisse), Michal Doron (Grimgerde), Noa Beinart (Schwertleite). | |
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