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CRITIQUES DE CONCERTS |
10 octobre 2024 |
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Dix contes fantastiques de Juliette G. Dillon par Jean-Frédéric Neuburger dans le cadre du Festival Palazzetto Bru Zane Paris 2024 à l’Amphithéâtre de la Cité de la musique, Paris.
L’art du conte fantastique
Dans le cadre du 11e Festival Palazzetto Bru Zane Paris, Jean-Frédéric Neuburger exhume les passionnants Dix contes fantastiques de Hoffmann de la compositrice romantique française Juliette Dillon. En deux heures, le pianiste remet à l’honneur un cycle d’un grand intérêt, écrit à la manière des pièces descriptives de Liszt.
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Née en 1823 à Orléans, Juliette Godillon prend à 25 ans le pseudonyme de Juliette G. Dillon, qu’elle gardera sur ses quelques partitions publiées jusqu’à sa mort en 1854, d’une soudaine maladie alors qu’elle n’a que 30 ans. Bien que française et rapidement proche de Paris, où elle tient l’orgue de la cathédrale de Meaux dès 1844, pour se produire ensuite dans les salons, la compositrice se présente plus dans la continuité d’un Schumann et dans le style d’un Liszt, auquel elle s’accorde tant par la musique narrative que par la paraphrase.
Débuté en 1847 et créé officiellement en 1853 par l’artiste au Bazar Bonne-Nouvelle de Paris, le cycle Les Dix Contes fantastiques de Hoffmann traduits pour le piano met en avant les talents tant descriptifs que d’improvisation de Dillon. Et si la première partie de la première pièce fait encore penser à de la musique de cabaret, pour l’occasion servie en ce mois de juin dans l’Amphithéâtre de la Cité de la Musique par un Jean-Frédéric Neuburger joueur bien que parfois encore un peu brutal, les morceaux suivants s’apparentent bien plus aux œuvres des compositeurs germaniques précités.
En choisissant Hoffmann, Dillon tend clairement par son propos vers l’Allemagne, notamment avec les titres de contes Les maîtres chanteurs ou Le tonnelier de Nuremberg, mais aussi vers l’Italie par Le violon de Crémone ou Annunziata. Souvent basés sur la folie et emplies de citations, les pièces n’hésitent pas à utiliser les registres extrêmes du clavier comme Berthold le fou, ou les effets d’ivresse comme le dernier, tandis que La porte murée intéresse par sa gestion déjà très novatrice d’un long passage à la main gauche, rejointe ensuite par les vives croches de la main droite.
Évidemment avec la partition devant lui (et une tourneuse de page bien en arrière), Neuburger développe son agilité et sa complémentarité dans toutes les atmosphères de partitions sur lesquelles sont régulièrement retranscrits des extraits de textes d’Hoffmann, afin de clairement préciser quelles images sont recherchées par les notes. Passionnant, le cycle est en plus expliqué à deux reprises par le pianiste, visiblement lui aussi très attiré par la redécouverte de ces partitions, qu’on espère maintenant voir apparaître dans un enregistrement très prochainement.
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Cité de la Musique, Paris Le 03/06/2024 Vincent GUILLEMIN |
| Dix contes fantastiques de Juliette G. Dillon par Jean-Frédéric Neuburger dans le cadre du Festival Palazzetto Bru Zane Paris 2024 à l’Amphithéâtre de la Cité de la musique, Paris. | Juliette Dillon (1823-1854)
Dix contes fantastiques de Hoffmann traduits pour le piano
Jean-Frédéric Neuburger, piano | |
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