altamusica
 
       aide
















 

 

Pour recevoir notre bulletin régulier,
saisissez votre e-mail :

 
désinscription




CRITIQUES DE CONCERTS 08 octobre 2024

Reprise du festival d’été de La Clémence de Titus de Mozart dans la mise en scène de Robert Carsen et sous la direction de Franco Capuano du festival de Pentecôte de Salzbourg 2024.

Salzbourg 2024 (3) :
Le loup et les agneaux

© SF / Marco Borrelli

Titus sérieux et maîtrisé de Carsen avec un cast inégal dominé par une Cecilia Bartoli inspirée et magnifié par la direction fouillée de Gianluca Capuano. Si la transposition reste superficielle, la dramaturgie et la modernité musicale du dernier opera seria de Mozart font mouche dans une production efficace et enlevée.
 

Haus fĂĽr Mozart, Salzburg
Le 13/08/2024
Thomas COUBRONNE
 



Les 3 dernières critiques de concert

  • Wozzeck chez Big Brother

  • GĂ©omĂ©trie de chambre

  • Respiration vitale

    [ Tous les concerts ]
     
      (ex: Harnoncourt, Opéra)




  • La ClĂ©mence de Titus avait dans l’idĂ©e de MĂ©tastase le double but de flatter et Ă©duquer les puissants par l’exemple sublime d’un souverain magnanime habitĂ© par le sens du devoir. Robert Carsen transpose l’action dans un parlement italien contemporain : voilĂ  Titus prĂ©sident du conseil, Daniel Behle irrĂ©prochable, juste assez techno juste assez falot pour ĂŞtre touchant, aux prises avec les manigances de Vitellia-Meloni, Alexandra Marcellier autoritaire et univoque, grave Ă©pais et Ă©mission dure.

    Dans une scénographie typique en blanc et noir, les personnages sont les rouages de ces cercles du pouvoir où se prennent les décisions ; Publio (luxueux Ildebrando d’Arcangelo) se laisse acheter par une Vitellia femme fatale qui, avant d’assassiner Titus et de s’installer sur le trône dévore tout cru le Sesto dépassé de Cecilia Bartoli, tout en fragilité et en phrasé, stratosphérique dans le pianissimo et l’intériorité.

    Avec l’Annio beaucoup plus inégal d’Anna Tetruashvili – les deux personnages sont assumés en tant que femmes par le metteur en scène, alors qu’on ne se serait pas vraiment posé la question tant leur tailleur pantalon et leurs cheveux lâchés laissaient le spectateur dans la plus grande fluidité de genre –, et la luminescente Servilia de Mélissa Petit, franche comme l’or de timbre et de caractère, ils n’opposent que leur bonne foi aux calculs froids de l’ambition. Le pouvoir se donne à celui qui le désire le plus, selon le mot d’un ancien président français à talonnettes.

    Heureusement règne sur la fosse et le plateau la direction inspirée, captivante, organique de Gianluca Capuano, moins inventive qu’attentive au verbe, qui insuffle une mélancolie digne de Così aux nombreux ensembles et pages suspendues de l’ouvrage, ainsi que de sombres relents infernaux dans l’incendie du Capitole. assument des couleurs fruitées et des tempi engagés – Rondo de Sesto lentissime. Dans une diction plus ou moins heureuse, seuls les récitatifs virent au concerto pour continuo, alourdissant la progression ici pourtant très lisible de l’action.

    Tout pertinente qu’elle est, la réflexion de Carsen semble pourtant quelque peu inaboutie : si c’est la clémence de Titus, l’empereur respectueux du droit, qui entraîne la chute de la démocratie, le message ne consiste-t-il pas alors à promouvoir l’abus de pouvoir et l’illibéralisme ? Devenir loup pour ne pas être dévoré ? Ou alors, s’agit-il d’une critique de la clémence en ce qu’elle enfreint la justice ? Après tout, si Vitellia et Sesto avaient été punis, Titus ne serait pas renversé. Mais Vitellia prend le pouvoir avant même d’avoir été identifiée, donc accusée, donc la justice n’aurait rien changé… Aussi en resterons-nous à l’impression d’une pensée assez générale et surtout anxiogène sur la fragilité des démocraties. Ce qui n’est déjà pas idiot.




    Haus fĂĽr Mozart, Salzburg
    Le 13/08/2024
    Thomas COUBRONNE

    Reprise du festival d’été de La Clémence de Titus de Mozart dans la mise en scène de Robert Carsen et sous la direction de Franco Capuano du festival de Pentecôte de Salzbourg 2024.
    Wolfgang Amadeus Mozart (1756-1791)
    La Clemenza di Tito, opera seria en deux actes KV 621 (1791)
    Livret de Caterino Mazzolà d’après celui de Pietro Metastasio

    Il Canto di Orfeo
    Les Musiciens du Prince – Monaco
    direction : Franco Capuano
    mise en scène : Robert Carsen
    décors & costumes : Gideon Davey
    Ă©clairages : Robert Carsen & Peter Van Praet
    vidéo : Thomas Achitz
    préparation des chœurs : Jacopo Facchini

    Avec :
    Daniel Behle (Titus), Alexandra Marcellier (Vitellia), Cecilia Bartoli (Sextus), Mélissa Petit (Servilia), Anna Tetruashvili (Annius), Ildebrando D’Arcangelo (Publius).

     


      A la une  |  Nous contacter   |  Haut de page  ]
     
    ©   Altamusica.com