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CRITIQUES DE CONCERTS 05 octobre 2024

Reprise de Don Giovanni de Mozart dans la mise en scène de Romeo Castellucci et sous la direction de Teodor Currentzis au festival de Salzbourg 2024.

Salzbourg 2024 (2) :
La chèvre, la souris et les deux caniches

© SF / Monika Rittershaus

Reprise du remue-ménage opéré par le tandem Castellucci-Currentzis dans un Don Giovanni entre démesure des moyens et maniérisme du détail, frôlant l’indigestion dans la théâtralité à taille humaine imaginée par Lorenzo Da Ponte. Une distribution solide et engagée au service d’un travail en profondeur mais qui ne plaira pas à tout le monde.
 

GroĂźes Festspielhaus, Salzburg
Le 11/08/2024
Thomas COUBRONNE
 



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  • Confessons nos rĂ©serves sur le travail de Romeo Castellucci. Il y a dans cette mĂ©canique gĂ©niale une articulation artificielle ; les goĂ»ts et les couleurs, sans doute. Cela gĂŞne aux entournures quand le conceptuel se heurte au concret, en particulier dans ce Don Giovanni oĂą le théâtre cĂ©rĂ©bral du symbole maltraite la simple existence des personnages.

    L’intelligence de la lecture, sa transversalité ne sont pas en question. Mais entre le concept – Don Giovanni est un principe diabolique qui met en mouvement les êtres et les corps – et sa matérialité, quelque chose de l’ordre de l’installation pèse sur la narration, une manière systématique et appuyée de manifester l’idée au lieu de la laisser irriguer le jeu.

    Ottavio ne connaît de l’héroïsme que ce qu’il en a lu : le voilà affublé à chaque apparition d’une nouvelle panoplie – chevalier flanqué d’un caniche, bonne sœur, empereur avec un fragment de statue équestre… – et donc assigné à une place symbolique qui étouffe la présence et le jeu. De même, Anna en Érinye se cantonne à une gestuelle de tragédienne, tandis que la scénographie (ou l’utilisation ad nauseam d’une foule de figurantes) écrase volontiers les personnages.

    Virtuosité, démesure, précision, certes, mais où est l’humble vie sur les planches ? La direction de Teodor Currentzis, à la tête de chœurs et orchestre Utopia totalement à l’unisson, enfonce le clou, narcissique, surlignée, complaisante, brutale, refusant tout équilibre à une partition envisagée comme un recueil de contrastes et d’effets, de cadences démonstratives. Ou comment le sensationnel éteint la poésie du quotidien – pourtant au cœur de la modernité de Mozart.

    Reste de très belles images, fortes, irriguées de sens, inattendues, hypnotiques – ces tentures flottantes, ces animaux dans l’église, ces voitures en apesanteur, ces pianos effondrés – et une esthétique étonnamment naïve autour des fiançailles campagnardes au milieu des bosquets. Reste aussi la magie d’une scénographie virtuose défiant la gravitation et regorgeant d’effets spéciaux et du lumières somptueuses.

    Reste enfin un plateau homogène : noirceur mâle et hédoniste du rôle-titre de Davide Luciano, son valet Kyle Ketelsen sur ses pas, le feu sacré en moins, Anna hiératique et ciselée de Nadezhda Pavlova, trop abonnée aux sons droits et maniérismes pour être tout à fait touchante, Ottavio di grazia de Julian Pregardien, Elvira avec les tripes (mais l’émission lourde) de Federica Lombardi, qui rapporte dans ses bagages deux beaux enfants à Don Juan – son pire cauchemar –, couple rural un peu épais de Ruben Drole et Anna El-Khashem.

    On aimerait plus de spontanéité, de simplicité, d’ambiguïté entre dramma et giocoso. Mais Castellucci veut-il raconter si modeste fable ?




    GroĂźes Festspielhaus, Salzburg
    Le 11/08/2024
    Thomas COUBRONNE

    Reprise de Don Giovanni de Mozart dans la mise en scène de Romeo Castellucci et sous la direction de Teodor Currentzis au festival de Salzbourg 2024.
    Wolfgang Amadeus Mozart (1756-1791)
    Don Giovanni, dramma giocoso en deux actes (1787)
    Livret de Lorenzo Da Ponte

    Hommes du Salzburger Bachchor
    Utopia
    direction : Teodor Currentzis
    mise en scène, décors, costumes & éclairages : Romeo Castellucci
    préparation des chœurs : Vitaly Polonsky

    Avec :
    Davide Luciano (Don Giovanni), Dmitri Ulyanov (Il Commendatore), Nadezhda Pavolva (Donna Anna), Julian Prégardien (Don Ottavio), Federica Lombardi (Donna Elvira), Kyle Ketelsen (Leporello), Ruben Drole (Masetto), Anna El-Khashem (Zerlina).

     


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