|
|
CRITIQUES DE CONCERTS |
04 octobre 2024 |
|
Concert de rentrée de l’Orchestre de Paris sous la direction de Klaus Mäkelä, avec le concours de la violoniste Lisa Batiashvili à la Philharmonie de Paris.
Répertoire à l’œuvre
Le concert de rentrée de l’Orchestre de Paris et de son chœur présente des forces en pleine forme répondant avec ductilité et précision aux gestes, parfois même au seul regard de leur chef, Klaus Mäkelä. Des pièces Vasks ferventes et une Eroica virtuose s’inclinent devant une lecture passionnée et passionnante du Concerto de Tchaïkovski avec l’irradiante Lisa Bathiasvili.
|
|
Lutte des classes
Petits bonheurs au purgatoire
Folle Ă©quipe
[ Tous les concerts ]
|
Une rentrée de l’Orchestre de Paris sans son chœur serait incomplète. C’est donc tout naturellement que ce premier programme de saison débute par une pièce mettant en valeur l’ensemble préparé par Richard Wilberforce. Le Laudate Dominum du compositeur letton Pēteris Vasks présente une structure ancestrale de chant et contrechant confrontant le chœur à l’orchestre pendant une quinzaine de minutes. L’intérêt réside dans les subtilités d’écriture où alternativement les masses chorales et instrumentales se parent de dissonances et d’intervalles qui chatouillent l’oreille. Rien de tel bien évidemment dans le pilier du répertoire qui suit.
Lisa Batiashvili offre néanmoins du Concerto pour violon de Tchaïkovski une lecture d’une grande variété. L’intonation immaculée et la sonorité jamais détimbrée ne sont pourtant pas synonymes de prudence car la violoniste d’origine géorgienne use d’une palette dynamique extraordinaire depuis le murmure jusqu’à des traits déchirants sans écraser le son.
Son discours en rien décousu happe l’attention d’un bout à l’autre des trois mouvements. La direction de Klaus Mäkelä rivalise d’imagination et de virtuosité. Comme la saison passée dans les extraits de Casse-Noisette, le chef et ses musiciens s’amusent comme des gamins tous virtuoses qu’ils sont. L’ensemble atteint une jubilation irrépressible qui retombe un peu avec un bis d’inspiration folklorique d’Alexandre Machariavani.
Une seconde pièce de Vasks vient débuter la seconde partie. D’une durée moitié moindre, le Pater Noster offre une structure en arche. Ici l’orchestre réduit aux cordes ne joue qu’un rôle minime. Tout réside dans les équilibres mouvants entre les différentes voix chorales que la formation parisienne sert avec une précision qui n’exclut pas une émotion sourde puis finalement puissante avant de se résoudre dans le silence. Comme lors de la première partie, les choristes restent assis pendant le complément de programme, ici encore un cheval de bataille bien connu.
Pour cette Héroïque de Beethoven, Mäkelä convoque soixante cordes, soit le double de Rattle à Berlin ou même dix de plus que ce qu’il a lui-même utilisé à Amsterdam en 2023. Certes, il n’est pas le seul à procéder ainsi, et le travail effectué avec ces pupitres sonne admirablement, mais le rapport avec les vents paraît parfois déséquilibré. Beaucoup plus réussi que celui de la Neuvième d’avril dernier, le mouvement lent n’échappe pas à certaines coquetteries ou maniérismes en lieu et place de l’intériorité qu’il est possible d’attendre de la Marcia funebre, même sans pathos.
Le Finale se partage entre raffinements et emportements. Ici l’aspect rhapsodique de la belle direction du Finlandais n’est pas toujours un avantage.
| | |
|
Philharmonie, Paris Le 11/09/2024 Thomas DESCHAMPS |
| Concert de rentrée de l’Orchestre de Paris sous la direction de Klaus Mäkelä, avec le concours de la violoniste Lisa Batiashvili à la Philharmonie de Paris. | Pēteris Vasks (*1946)
Laudate Dominum, pour chœur et grand orchestre (2016)
Pater Noster, pour chœur et orchestre à cordes (1997)
Chœur de l’Orchestre de Paris
Piotr Ilitch TchaĂŻkovski (1840-1893)
Concerto pour violon en ré majeur, op. 35 (1878)
Lisa Batiashvili, violon
Ludwig van Beethoven (1770-1827)
Symphonie n° 3 en mib majeur op. 55 « Eroica » (1804)
Orchestre de Paris
direction : Klaus Mäkelä | |
| |
| | |
|