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CRITIQUES DE CONCERTS |
09 décembre 2024 |
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Symphonie n° 9 de Mahler par l’Orchestre de de Paris sous la direction de Klaus Mâkelä à la Philharmonie de Paris.
L’impatience de la jeunesse
Pour sa deuxième présentation de la Neuvième de Mahler avec l’Orchestre de Paris, le jeune directeur musical Klaus Mäkelä cède aux excès mais finit par trouver le ton juste et la ligne expressive d’une partition dont l’étude et l’interprétation peuvent occuper une vie d’artiste. Les musiciens font montre quant à eux d’un engagement impressionnant.
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Lorsque le tout jeune Daniel Barenboïm se vit prêter le podium de l’Orchestre de Hallé par John Barbirolli, ce dernier demanda au pianiste ce qu’il souhaitait diriger. « Les neuvièmes de Beethoven et Mahler » répondit sans ciller le musicien. Sans doute ébahi, le chef britannique le laissa faire et ce furent les débuts de la carrière que l’on sait. À 28 ans, Klaus Mäkelä dirige ces deux partitions depuis quelques années déjà . S’il faut bien commencer à s’y frotter à un moment ou à un autre, la Symphonie n° 9 de Mahler continue de poser des problèmes à tout jeune chef aussi doué soit-il, et le concert de ce soir en est la démonstration.
Déjà expérimenté, le Finlandais ne résiste pas à souligner vigoureusement les contrastes qui émaillent le redoutable Andante comodo liminaire. L’imprudence est double : l’orchestre se met rapidement à jouer bien trop fort et la multiplicité des changements de tempo entraîne de nombreux décalages. Il est intéressant de préciser que le concert du lendemain verra le jeune patron de l’Orchestre de Paris corriger ce second point.
Avec efficacité, il renoncera alors à son péché mignon, celui de ne pas toujours battre la mesure : si cela peut souvent être une vertu, il est des pages comme celles-ci, difficiles entre toutes, où cela reste indispensable. Pour autant, Mäkelä ne semble pas avoir trouvé la clé de ce premier mouvement, se montrant plus fasciné par la variété et les ruptures des formes que par son contenu fondamentalement inquiet. Les deux mouvements médians le trouvent cependant plus à son affaire.
Il exacerbe brillamment le Ländler, qui n’a plus rien de paisible tandis que la valse devient follement rapide. Les pupitres de l’Orchestre de Paris suivent sans férir le chef virtuose dans cette démonstration juvénile qui se poursuit avec plus de pertinence dans le Rondo-Burleske. Le contraste interprétatif est total avec le quatrième et dernier mouvement. Dès les premières mesures de l’Adagio, les musiciens trouvent une ampleur apaisée dans un luxe sonore impressionnant.
Si l’on a admiré tout au long l’engagement sans faille des vents, c’est à présent le triomphe des cordes legato. Tour à tour, les solistes du quatuor apportent leur touche avec un bonheur stylistique irréprochable. Mäkelä particulièrement sensible à l’écriture hymnique conduit le mouvement avec simplicité et chaleur jusqu’à l’évanouissement final des derniers accords pianississimo hélas gâchés par les catarrheux.
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Philharmonie, Paris Le 02/10/2024 Thomas DESCHAMPS |
| Symphonie n° 9 de Mahler par l’Orchestre de de Paris sous la direction de Klaus Mâkelä à la Philharmonie de Paris. | Gustav Mahler (1860-1911)
Symphonie n° 9 (1909)
Orchestre de Paris
direction : Klaus Mäkelä | |
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