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CRITIQUES DE CONCERTS |
11 décembre 2024 |
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Récital du violoniste Cristian de Sá accompagné au piano par Keigo Mukawa à la salle Cortot, Paris.
Complicité artistique
Dédié aux sonates de Fauré pour le centenaire de la mort du compositeur, le récital du violoniste Cristian de Sá et du pianiste Keigo Mukawa met en regard les deux ouvrages, écrits à quarante ans d’écart, et l’évolution de l’écriture remise dans le contexte de l’époque avec autour la Sonate Posthume de Ravel et deux transcriptions debussystes.
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Dans l’acoustique adaptée de la salle Cortot, Keigo Mukawa rend hommage à Gabriel Fauré en proposant ses deux sonates pour violon et piano, jouée avec la complicité artistique du violoniste Cristian de Sá. Sans presque se regarder, ils débutent le récital par la Sonate n° 1 de Ravel, dite posthume car publiée longtemps après la mort du compositeur.
Déjà mature de style bien qu’écrite avant celle plus célèbre en sol majeur, l’œuvre met en valeur le violon vibrant du Britannique, en parfait accord avec le clavier coloré du Japonais, soigneux et toujours d’une fine clarté. La Sonate n° 1 de Fauré met en évidence la même cohésion, grâce au violon très expressif dès l’Allegro molto, soutenu par les coloris vifs et légers du piano.
Bien accentuée par les des deux artistes, cette partition s’avive sous leur jeu dynamique et démontre le style déjà personnel du Fauré de trente ans, encore plus remarquable dans le romantisme très français de l’Adagio, toujours mis à profit par l’aigu vibrant du Guadagnini 1800 de Cristian de Sá. La seconde partie s’ouvre sur Debussy et deux pièces pour piano arrangées pour violon et piano.
La valse La plus que lente est traitée un peu facilement par la transcription de Léon Roques, qui lui ôte un part de modernité, mais permet de mettre en avant les teintes bleutées, presque aquatiques, du toucher de Keigo Mukawa, tandis que La fille aux cheveux de lin mieux adaptée par Arthur Hartmann laisse le violon introduire, conduire et conclure ce prélude, accompagné avec plus de discrétion par le Steinway.
En trois mouvements plutôt qu’en quatre comme la première, la Sonate n° 2 op. 108 de Fauré permet de comparer l’écriture du compositeur à quarante années de distance. Plus tendue et bien plus audacieuse par les rythmes syncopés de son premier mouvement, elle demande à Cristian de Sá d’appuyer plus son registre aigu, tandis que l’agilité de Mukawa délivre toujours autant de couleur et de finesse.
L’Andante revient à plus de romantisme, développé surtout par le violon, puisque là encore la partition laisse le piano plus discret, celui-ci pouvant mieux se démarquer dans le Finale.
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Salle Cortot, Paris Le 24/10/2024 Vincent GUILLEMIN |
| Récital du violoniste Cristian de Sá accompagné au piano par Keigo Mukawa à la salle Cortot, Paris. | Maurice Ravel (1875-1937)
Sonate pour violon et piano n° 1 « Posthume »
Claude Debussy (1862-1918)
La Plus que lente
arrangement : Roques
La Fille aux cheveux de lin
arrangement : Hartmann
Gabriel Fauré (1845-1924)
Sonate pour violon et piano n° 1 en la majeur, op. 13
Sonate pour violon et piano n° 2 en mi mineur, op. 108
Cristian de Sá, violon
Keigo Mukawa, piano | |
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