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CRITIQUES DE CONCERTS |
11 décembre 2024 |
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Concert de l’Orchestre de Paris sous la direction de Klaus Mäkelä, avec le concours de la soprano Sarah Aristidou et du baryton Jean-Sébastien Bou à la Philharmonie de Paris.
En passant par la mort
À l’occasion du centenaire de la mort de Gabriel Fauré, Klaus Mäkelä propose autour du Requiem une soirée dirigée comme un rituel solennel. Une approche dense et puissante qui déroute quelque peu dans la pièce de résistance et lisse quelque peu les raffinements de Strauss mais qui magnifie de manière exceptionnelle la lumière chez Messiaen et Escaich.
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Klaus Mäkelä qui aime les programmes copieux a concocté une soirée généreuse quelques jours après la Fête des morts sur la thématique de la mystique et de la spiritualité face au trépas. Le chef finlandais donne de la pièce d’ouverture, Mort et transfiguration, une lecture d’une plastique superbe et d’un équilibre de tous les instants. Si l’échelle dynamique ne manque pas d’impressionner avec des paroxysmes parfaitement amenés, la faiblesse du mourant, les affres de l’agonie ou les soubresauts du cœur manquent d’une certaine caractérisation et souffrent d’un certain lissage expressif.
Ce traitement abstrait convient bien mieux à la partition suivante, L’Ascension de Messiaen. De ses mains, Mäkelä semble modeler avec une puissance contenue les accords hiératiques comme une pâte à vitrail. Les vents de l’Orchestre de Paris dessinent dans la deuxième méditation des lignes sinueuses captant la lumière. Le fugato du troisième mouvement voit les qualités de danseur du chef qui entraîne ses musiciens avec la même intensité rageuse qu’il met dans le final du Concerto pour orchestre de Bartók. En contraste total, la Prière du Christ montant vers son père procède par grands aplats de couleurs difractées aux cordes, ici d’une intensité magnétique.
Une foultitude de choristes gagne après l’entracte les dernières rangées de l’estrade et la première partie de l’arrière-scène de la salle Pierre Boulez. On en compte autour de 180, un effectif plus qu’imposant, même pour la version de 1900 du Requiem de Fauré. Solennité et noirceur résultent de cette pléthore de musiciens pour une lecture qui ressemble à une sinistre mise au tombeau, sans la douceur qu’on trouve généralement dans certaines de ses pages.
Le Chœur de l’Orchestre de Paris renforcé par son Chœur de jeunes fait montre d’une sûreté d’émission et de qualités de timbre impressionnantes. La sombre ferveur de l’ensemble est malheureusement rompue par des prestations proches de la catastrophe des deux solistes qu’il est impossible de passer sous silence, entre mauvaise intonation et chevrotements. Curieusement même In Paradisium n’échappe pas au traitement appuyé du chef. La lumière et la respiration viennent seulement avec la dernière pièce du programme enchaînée comme une postface au chef-d’œuvre de Fauré.
De fait, la bien-nommée Towards the Light de Thierry Escaich a été expressément commandée par l’Orchestre national du Capitole de Toulouse (avec l’Orchestre de Paris et The Svetlanov Legacy Charity) pour prolonger le Requiem. Remplaçant en quelque sorte l’antienne Lux æterna omise par Fauré, la partition garde le même effectif en lui ajoutant une très riche percussion. Le compositeur offre en douze minutes un foisonnement d’une richesse frappante illustrant sans lourdeur les conflits et doutes d’une quête de la lumière qui se résout dans une vision enfin apaisée.
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Philharmonie, Paris Le 07/11/2024 Thomas DESCHAMPS |
| Concert de l’Orchestre de Paris sous la direction de Klaus Mäkelä, avec le concours de la soprano Sarah Aristidou et du baryton Jean-Sébastien Bou à la Philharmonie de Paris. | Richard Strauss (1864-1949)
Tod und Verklärung, op. 24 (1888)
Olivier Messiaen (1908-1992)
L’Ascension, quatre méditations symphoniques pour orchestre (1933)
Gabriel Fauré (1845-1924)
Requiem, op. 48 (Version de 1900)
Thierry Escaich (* 1965)
Towards the Light (2024)
Sarah Aristidou, soprano
Jean-SĂ©bastien Bou, baryton
Chœur de l’Orchestre de Paris
Orchestre de Paris
direction : Klaus Mäkelä | |
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