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CRITIQUES DE CONCERTS |
22 mars 2025 |
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Concert de l'Orchestre philharmonique de Radio France sous la direction de Tarmo Peltokoski, avec le concours du pianiste Nikolaï Lugansky à l’Auditorium de Radio France, Paris.
La quadrature du cercle
Deux chefs-d’œuvre versatiles sont au programme de la soirée de l’Orchestre philharmonique de Radio France sous la direction de Tarmo Peltokoski. La fluidité du jeu de Nikolaï Lugansky dans le Concerto pour piano n° 3 de Prokofiev en constitue une résolution stylée. Dans la Symphonie n° 5 de Mahler, Peltokoski possède toute la maîtrise d’un grand fédérateur.
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L’introduction rêveuse du Concerto pour piano n° 3 de Prokofiev ne dure qu’un temps fugace. Rapidement les cordent lâchent la clarinette solo et les flûtes pour lancer une sorte de mouvement brownien où la vélocité du piano de Nikolaï Lugansky n’a rien à envier à l’allant cinglant de l’orchestre. Les musiciens du Philharmonique de Radio France répondent avec précision à la baguette limpide de Tarmo Peltokoski. Cela crépite sans aménité et sans vulgarité.
Dans les variations de l’Andante, le pianiste joue d’une variété impressionnante de registres. Le passage de la virtuosité à la méditation se fait avec une fluidité idéale. Peltokoski sait alors lâcher la bride aux solistes de l’orchestre répondant aux sollicitations poétiques du pianiste pour mieux exposer ensuite la crudité nue des harmonies. Le Finale donne un nouvel élan à cette matière fusionnelle, tout au plus peut-on regretter un léger manque d’abandon orchestral dans la section centrale où Lugansky se montre lui-même hyper brillant.
En bis, le pianiste expose un art des contrechants dans la Romance op. 21 n° 5 « Lilas » de Rachmaninov d’une délicatesse proprement élégiaque. Après l’entracte, le chef et ses musiciens s’attaquent de nouveau à un chef-d’œuvre où la diversité des formes et des atmosphères pose un défi de cohésion, cette fois beaucoup plus grand qu’avec Prokofiev.
Face à la Symphonie n° 5 de Mahler, Peltokoski a deux atouts : son bras droit et un orchestre qui lui semble acquis. Le chef tient les deux premiers mouvements d’une main de fer sans aucun débordement et sans précipitation. L’expression retenue des phrasés se trouve compensée par une palette dynamique où les pianos abondent, ce qui démontre une attention remarquable aux caractéristiques de l’auditorium de Radio France.
Les ébauches de valses rapidement étouffées par la marche persistante en gagnent une saveur amère particulière. Dans le Scherzo, le Finlandais garde la même maîtrise tout en se montrant inspiré par les épisodes de Ländler et fait confiance au cor d’Alexandre Collard, glorieux héros de la soirée. Pour l’Adagietto, un basculement immatériel se fait sentir, le chef change de gestique.
Tout en fuyant le romantisme, il module et anime les équilibres avec une pudeur irisée qui va droit au cœur. Mais c’est avec le Rondo-Finale au contrepoint redoutable que Peltokoski offre à la fois un sens de la progression et de la cohésion hors du commun. Il lâche la bride aux musiciens et les relance à coup d’impulsions qui transcendent le discours. Les innombrables pièges fugués ou non de ces dernières pages s’oublient sous cette baguette pour devenir un happening contagieux jusqu’à l’apothéose.
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Auditorium de la Maison de la Radio, Paris Le 16/01/2025 Thomas DESCHAMPS |
 | Concert de l'Orchestre philharmonique de Radio France sous la direction de Tarmo Peltokoski, avec le concours du pianiste Nikolaï Lugansky à l’Auditorium de Radio France, Paris. | Serge Prokofiev (1891-1953)
Concerto pour piano n° 3 en ut majeur, op. 26 (1921)
NikolaĂŻ Lugansky, piano
Gustav Mahler (1860-1911)
Symphonie n° 5 en ut# mineur (1902)
Orchestre philharmonique de Radio France
direction : Tarmo Peltokoski |  |
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