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CRITIQUES DE CONCERTS 19 avril 2025

Nouvelle production d’Ariane à Naxos de Strauss dans une mise en scène de Dmitri Tcherniakov et sous la direction de Kent Nagano au Staatsoper de Hambourg.

Le deuil d’Ariane
© Jörg Landsberg

Avec Ariane à Naxos, Dmitri Tcherniakov signe, dans une ultime variation du décor déjà vu dans Elektra et Salomé, le dernier volet, et le plus prégnant, de sa trilogie straussienne à Hambourg. Au pupitre, Kent Nagano entraîne avec une intensité croissante une distribution de haut vol, en tête de laquelle Anja Kampe transcende de criantes limites vocales.
 

Staatsoper, Hamburg
Le 29/01/2025
Mehdi MAHDAVI
 



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  • Retour dans le salon du vaste appartement bourgeois ayant servi de cadre Ă  Elektra, en 2021, puis, redĂ©corĂ© mais immĂ©diatement reconnaissable, Ă  SalomĂ© la saison dernière. Dmitri Tcherniakov y met en scène Ariadne auf Naxos. Point ici de majordome au service de l’homme le plus riche de Vienne, c’est ThĂ©sĂ©e qui tire les ficelles de la petite mascarade familiale destinĂ©e Ă  cĂ©lĂ©brer ses noces d’argent avec Ariane.

    Au centre du réseau arachnéen de liens de parenté que le trublion russe tisse entre les personnages, le Maître de musique devient le père d’Ariane et le frère de Naïade, dont Zerbinette est la fille. Introduit dans cette galaxie comme élève du premier, le Compositeur doit faire face aux mêmes affres créatrices que dans l’intrigue d’origine.

    C’est à l’instant où le jeune homme exprime le vœu de « mourir de froid et de faim » que Tcherniakov dégaine une péripétie de son cru : Thésée tombe raide, terrassé par une crise cardiaque. En permettant d’inscrire l’Opéra dans la continuité du Prologue, ce point de bascule achève d’abolir le théâtre dans le théâtre, pour mieux renverser la perspective entre le miroir d’une réalité en partie parodique et la fiction mythologique.

    Pendant l’ouverture, Ariane plus que jamais abandonnée ferme le cercueil de son époux. Quand le rideau se rouvre, quelques semaines ont passé, mais pas son intarissable douleur. La cousine censément délurée décide donc de lui administrer un traitement de choc, en reprenant la pièce que tous devaient jouer avant le funeste événement. Plus que l’irruption du rire, c’est l’arrivée de Bacchus qui entraîne la veuve vers sa métamorphose. Elle ne succombera pas à ce « nouveau dieu  », mais se décidera au moins à vivre.

    Soudain, une boiserie se détache et le décor pivote, révélant l’extérieur que tous regardent à travers la fenêtre, dans l’insouciante inconscience du monde sur le point de s’effondrer entre les créations des deux versions d’Ariane à Naxos (1912 et 1916). La nécessité théâtrale de cette pirouette moralisatrice, explicitée par un texte, reste sujette à caution, à l’inverse de tout ce qui précède, d’une évidence captivante.

    Anja Kampe en est la parfaite incarnation, alors même que sa lutte acharnée avec un ambitus la forçant à appuyer exagérément les graves et à crier dans l’aigu tend à priver Ariane d’une grandeur tragique moins marmoréenne, souvent, que réfrigérante. Au profit d’une bouleversante aura de vérité.

    À l’exception d’un Maître à danser fâché avec la mesure – un comble –, elle est superbement entourée. Maître de musique promu patriarche, mais sans aucun défaut de vétéran de Martin Gantner, Zerbinetta étincelante de timbre et d’abattage de Nadezhda Pavlova, et deux découvertes : le Compositeur tout en ardeur vibratile d’Ella Taylor, soprano non binaire substitué au contre-ténor Yuriy Minenko annoncé à l’origine, et James McCorckle, Bacchus entre cuivre et bronze d’une déconcertante facilité.

    S’il tarde à trouver la juste pulsation du Prologue, Kent Nagano mène ensuite, jusqu’à l’apogée du duo final, qui sous d’autres baguettes peut tant peser, son orchestre pour quelques mois encore vers des sommets de concentration instrumentale et expressive.




    Staatsoper, Hamburg
    Le 29/01/2025
    Mehdi MAHDAVI

    Nouvelle production d’Ariane à Naxos de Strauss dans une mise en scène de Dmitri Tcherniakov et sous la direction de Kent Nagano au Staatsoper de Hambourg.
    Richard Strauss (1864-1949)
    Ariadne auf Naxos, opéra en un prologue et un acte (1916)
    Livret de Hugo von Hofmannsthal

    Philharmonisches Staatsorchester Hamburg
    direction : Kent Nagano
    mise en scène et décors : Dmitri Tcherniakov
    costumes : Elena Zaytseva
    éclairages : Gleb Filshtinsky

    Avec :
    Wolfram Koch (Theseus), Martin Gantner (Ein Musiklehrer), Ella Taylor (Der Komponist), James McCorkle (Bacchus), Peter Tantsits (Ein Tanzmeister), Grzegorz Pelutis (Ein Perückenmacher), Anja Kampe (Ariadne), Nadezhda Pavlova (Zerbinetta), Björn Bürger (Harlekin), Manuel Günther/Daniel Kluge (Brighella), Florian Panzieri (Scaramuccio), Stefan Bootz (Truffaldino), Olivia Warburton (Najade), Aebh Kelly (Dryade), Marie Maidowski (Echo).

     


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