












|
 |
CRITIQUES DE CONCERTS |
19 avril 2025 |
 |
Concert des Quatuors Van Kuijk et Magenta au Théâtre des Bouffes du Nord, Paris.
La belle rencontre
Dans le cadre de la Belle saison, les Quatuors Van Kuijk et Magenta présente un superbe programme au Théâtre des Bouffes du Nord. Du Quatuor pour quatre violons de Bacewicz à l’Octuor de Mendelssohn en passant par La Nuit transfigurée de Schoenberg, la collaboration entre les ainés et les cadettes se révèle merveilleusement fructueuse.
|
 |
Turandot seule, perdue, abandonnée
Mithridate phtalocyanine
Difficile équilibre
[ Tous les concerts ]
|
Le programme exponentiel de la soirée commence à quatre avec le Quatuor pour quatre violons de Grażyna Bacewicz, une pièce où la compositrice masque ses audaces harmoniques derrière une inspiration folklorique qui ne pouvait que plaire au régime polonais d’après-guerre.
Combinant de manière virtuose trois thèmes, le premier mouvement se renouvelle constamment sans jamais lasser malgré l’absence de tessiture grave. Le mouvement lent combine quant à lui les textures pour un effet de pénombre. Plus extérieur, le dernier mouvement travaille les changements harmoniques et rythmiques que déjouent crânement les violonistes des Quatuors Van Kuijk et Magenta sous la houlette magistrale de Nicolas Van Kuijk.
Sylvain Favre-Bulle prend la parole et présente ce concert qui vient clore une longue tournée commune des deux formations. Avec humour, il signale à la part du public ayant applaudi entre les mouvements de la pièce de Bacewicz qu’il ne pourra le faire dans la pièce suivante d’un seul tenant, La Nuit transfigurée de Schoenberg.
Joué selon des tempos allants, le sextuor fait l’objet d’une impeccable mise en place. Et d’une intonation très sûre. Le Quatuor Van Kuijk est ici rejoint par l’altiste et la violoncelliste du Quatuor Magenta, et l’on ne peut que constater une certaine réserve interprétative chez les deux musiciennes de cette jeune formation. Ce léger déséquilibre et une conception très lumineuse de cette page nocturne expliquent sans doute une agogique trop discrète. Après l’entracte, l’Octuor de Mendelssohn efface complètement ces impressions.
Les huit musiciens trouvent d’emblée un souffle correspondant à son souffle juvénile. La flamme l’emporte nettement sur la modération dans l’Allegro moderato ma con fuoco mais l’articulation, l’égalité entre les parties, la clarté polyphonique appartiennent au plus haut style. L’Andante s’épanouit avec chaleur sans traîner. Le célébrissime et féérique Scherzo enchante par son agilité jamais ostentatoire, les musiciens se changent en elfes dispensant sortilèges mystérieux ou réjouissants.
Enfin, le Presto offre de nouveau un contrepoint vertigineux jamais alourdi, témoignage renversant d’une superbe rencontre entre les deux formations. Après ce programme exigeant, l’Adagietto de L’Arlésienne de Bizet donné en bis constitue un postlude tout en simplicité.
|  | |

|
Théâtre des Bouffes du Nord, Paris Le 10/02/2025 Thomas DESCHAMPS |
 | Concert des Quatuors Van Kuijk et Magenta au Théâtre des Bouffes du Nord, Paris. | Grażyna Bacewicz (1909-1969)
Quatuor pour quatre violons (1949)
Arnold Schoenberg (1874-1951)
Verklärte Nacht, sextuor à cordes op. 4 (1899)
Félix Mendelssohn-Bartholdy (1809-1847)
Octuor Ă cordes en mib majeur, op. 20 (1825)
Quatuor Van Kuijk
Nicolas Van Kuijk, violon I
Sylvain Favre-Bulle, violon II
Emmanuel François, alto
Anthony Kondo, violoncelle
Quatuor Magenta
Ida Derbesse, violon
Elena Watson-Perry, violon
Claire Pass-Lanneau, alto
Fiona Robson, violoncelle |  |
|  |
|  |  |
|