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CRITIQUES DE CONCERTS |
19 avril 2025 |
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Nouvelle production de Sémélé de Haendel dans une mise en scène d’Oliver Mears, sous la direction d’Emmanuelle Haïm au Théâtre des Champs-Élysées, Paris.
Sémélé au poêle
Dans cette Sémélé du Théâtre des Champs-Élysées, Oliver Mears habille de manière glamour une adaptation bien prosaïque de la fable ovidienne. Dans ce cadre faussement luxueux et sous la baguette parfois indolente d’Emmanuelle Haïm, les chanteurs se saisissent de rôles en or, à l’instar de Pretty Yende qui se révèle tragédienne dans le rôle-titre.
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Turandot seule, perdue, abandonnée
Mithridate phtalocyanine
Difficile équilibre
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Une sordide promotion canapé qui finit très mal lorsque Sémélé tombe enceinte de ses amours avec le maître des lieux. Se relevant en sang de l’accouchement, elle se dirige vers le poêle où la direction fait disparaître son corps. Une nouvelle camériste se présente, dont le premier travail sera de nettoyer les cendres.
Le public d’ordinaire si prompt à dénoncer les transpositions à l’opéra semble répondre très favorablement à celle-ci. Décors et costumes évoquent l’une de ces séries de la BBC reconstituant à merveille une époque. L’ensemble très lisible possède une certaine cohérence avec l’une des phrases chantées par le chœur indiquant que chacun doit rester à sa place.
Pour autant, ce travail enferme le pouvoir de suggestion de cette histoire dans une simple réalité réductrice des significations possibles. Par ailleurs, la direction d’acteur ne se révèle pas tout à fait au diapason de cet impeccable spectacle. L’humour et la cruauté présentes dans le livret trouvent ici une traduction inégale relevant parfois de poncifs scéniques. Heureusement, les satisfactions musicales sont nombreuses.
La première prise de rôle de Pretty Yende dans un opéra baroque se révèle plutôt réussie. La voix agile et charmante perd quelquefois l’intonation mais se montre à la hauteur des enjeux. Si l’on attendait de sa Sémélé encore plus de rouerie, de séduction et de pétulance, l’actrice a paru en outre parfois maladroite, mais au dernier acte tout change. Dans un No, I’ll take no less magistral, la soprano sud-africaine éclate d’ambition et de colère. La vocalisation parfaite, les aigus ravageurs et la capacité à exprimer ensuite la terreur, le remords et l’agonie transcendent la fin de soirée.
Face à elle, le Jupiter irrésistible de Ben Bliss fait mouche. Le ténor décidément versatile se montre particulièrement à l’aise dans cette passion aux multiples affects. Alice Coote se délecte des notes poitrinées de Junon et apporte une véritable english touch à son personnage partagé entre cruauté et désespoir. Brindley Sherratt montre le même art de l’understatement dans la scène de Somnus qu’on dirait piquée chez le cinéaste Stephen Frears. Parmi les petits rôles, Carlo Vistoli se démarque en faisant un Athamas de luxe aux vocalises déchirants.
Dans la fosse, Emmanuelle Haïm et son virtuose Concert d’Astrée déploient un accompagnement généreux et fluide parfois au détriment d’une approche plus articulée dramatiquement.
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Théâtre des Champs-Élysées, Paris Le 11/02/2025 Thomas DESCHAMPS |
 | Nouvelle production de Sémélé de Haendel dans une mise en scène d’Oliver Mears, sous la direction d’Emmanuelle Haïm au Théâtre des Champs-Élysées, Paris. | Georg Friedrich Haendel (1685-1759)
Semele, opéra en trois actes « à la manière d’un oratorio » HWV 58 (1744)
Livret de William Congreve d’après Les Métamorphoses d’Ovide, vraisemblablement modifié par Newburgh Hamilton
Orchestre et Chœur Le Concert d’Astrée
direction : Emmanuelle HaĂŻm
mise en scène : Oliver Mears
scénographie et costumes : Annemarie Woods
éclairages : Fabiana Piccioli
chorégraphie : Sarah Fahle
préparation des chœurs : Richard Wilberforce
Avec :
Pretty Yende (Sémélé), Ben Bliss (Jupiter), Alice Coote (Junon), Brindley Sherratt (Cadmus / Somnus),
Niamh O’Sullivan (Ino), Carlo Vistoli (Athamas), Marianna Hovanisyan (Iris). |  |
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