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CRITIQUES DE CONCERTS |
20 avril 2025 |
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Nouvelle production de Manon Lescaut de Puccini dans une mise en scĂšne de Barrie Kosky et sous la direction de Marco Armiliato Ă lâOpĂ©ra de Zurich.
Grandeur et misĂšre hippomobile de Manon
Il est permis de douter que la Manon Lescaut estampillĂ©e Barrie Kosky Ă lâOpĂ©ra de Zurich laisse un souvenir aussi indĂ©lĂ©bile que ses productions de Tosca et Turandot Ă Amsterdam. Plus chantĂ© quâincarnĂ©, sous la direction exaltante de Marco Armiliato, le duo formĂ© par Elena Stikhina et Saimir Pirgu nây est sans doute pas Ă©tranger.
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Turandot seule, perdue, abandonnée
Mithridate phtalocyanine
Difficile équilibre
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Barrie Kosky achĂšve sa traversĂ©e puccinienne, dĂ©butĂ©e Ă Zurich en 2014 par La Fanciulla del West, et quâil a poursuivie en montant La BohĂšme au Komische Oper de Berlin, puis Tosca, Turandot et Il Trittico Ă lâOpĂ©ra dâAmsterdam, lĂ oĂč elle avait commencĂ©, avec Manon Lescaut.
Le « minimaliste extravagant », ainsi que le metteur en scĂšne australien se dĂ©finit lui-mĂȘme, est certes toujours Ă lâĆuvre dans le premier grand succĂšs du compositeur, sans toutefois rallumer dans ce « chef-dâĆuvre imparfait » â câest lui qui le dit â lâĂ©tincelle qui embrasait avec la force de lâĂ©vidence certaines des prĂ©cĂ©dentes Ă©tapes de ce parcours.
Tout rĂ©alisme est Ă©videmment exclu dans cette approche qui pour le chĆur convoque les masques et les couleurs vives du vestiaire de James Ensor. Comme pour faire ressortir le destin des protagonistes, pris dans lâengrenage de lâinconsĂ©quence de lâhĂ©roĂŻne, sur un fond onirique basculant dans le cauchemar qui leur sera fatal.
Ă chacun des actes, la nuditĂ© du plateau est rompue par le stationnement dâune voiture hippomobile, conduite par un cocher Ă tĂȘte de mort : diligence Ă Amiens, carrosse dâapparat â un trĂŽne en vĂ©ritĂ©, pour celle dont Geronte a fait une reine â Ă Paris, cage au Havre, avant une misĂ©rable carriole privĂ©e de chevaux en AmĂ©rique.
Sâil nâen faut pas davantage pour symboliser sans la moindre ambivalence lâascension et la chute de Manon Lescaut, lâensemble laisse une impression un peu simpliste, dĂšs lors que la direction dâacteurs nâatteint pas le degrĂ© de fulgurance dont Barrie Kosky est coutumier, tant elle paraĂźt entravĂ©e par les limites des chanteurs principaux sur le plan théùtral.
Ă cet Ă©gard, le ramage se rapporte en quelque sorte au plumage. PassĂ©es les roucoulades de Tra voi, belle, brune e bionde, Saimir Purgu sâĂ©vertue, avec une efficacitĂ© manifeste, Ă tenir son rang de tĂ©nor latin prodigue dâĂ©clats, que lâacoustique de la bonbonniĂšre zurichoise flatte parfois jusquâĂ la saturation. Il nâest cependant pas certain que Des Grieux ne le mette pas en danger, en poussant, au IV surtout, son lirico dans ses retranchements.
Rien de tel avec Elena Stikhina, dont le jeu pataud sâaccorde Ă lâindiffĂ©rence que son phrasĂ© languissant manifeste vis-Ă -vis de la diction, consonnes et voyelles noyĂ©es dans un flot vocal de toute beautĂ©. NâĂ©tait la faiblesse toute relative du bas-mĂ©dium, pour lequel la soprano russe nâa jamais recours, Ă lâinverse dâAnna Netrebko qui en abuse, aux rĂ©sonances de poitrine, le timbre Ă©blouit en effet par sa lumiĂšre pulpeuse, que les affres censĂ©ment ressenties par le rĂŽle-titre ne troublent â et encore â quâin extremis.
Individuellement â mention Ă Daniel Norman, Edmondo accrochant dâemblĂ©e lâoreille, et Ă Tomislav JukiÄ, lampionaio travesti et rebaptisĂ© Ninetta parmi les prostituĂ©s du III â aussi bien que collectivement, les comprimari valent bien mieux que le Lescaut de Konstantin Shushakov qui, sâil parvient Ă susciter lâantipathie attendue, est dâabord anodin.
Musicalement, le meilleur vient dĂšs lors de la fosse. Ăruptif, effusif mĂȘme, tout en variant les atmosphĂšres, Marco Armiliato cultive, au risque parfois du clinquant, la luxuriance que la virtuositĂ© du Philharmonia ZĂŒrich mĂ©rite et appelle.
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Opernhaus, ZĂŒrich Le 06/03/2025 Mehdi MAHDAVI |
 | Nouvelle production de Manon Lescaut de Puccini dans une mise en scĂšne de Barrie Kosky et sous la direction de Marco Armiliato Ă lâOpĂ©ra de Zurich. | Giacomo Puccini (1858-1924)
Manon Lescaut, drame lyrique en quatre actes (1893)
Livret de Luigi Illica, Domenico Oliva et Marco Praga, dâaprĂšs lâouvrage (1731) de lâabbĂ© PrĂ©vost
Chor der Oper ZĂŒrich
Philharmonia ZĂŒrich
direction : Marco Armiliato
mise en scĂšne : Barrie Kosky
décors : Rufus Didwiszus
costumes : Klaus Bruns
éclairages : Franck Evin
prĂ©paration des chĆurs : Ernst Raffelsberger
Avec :
Elena Stikhina (Manon Lescaut), Konstantin Shushakov (Lescaut), Saimir Pirgu (Il Cavaliere Des Grieux), Shavleg Armasi (Geronte di Ravoir), Daniel Norman (Edmondo), Valeriy Murga (Lâoste), Siena Licht Miller (Un musico), Ălvaro Diana Sanchez (Il maestro di ballo), Tomislav JukiÄ (Ninetta), Samson Setu (Un comandante). |  |
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