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CRITIQUES DE CONCERTS 20 avril 2025

Nouvelle production de Manon Lescaut de Puccini dans une mise en scĂšne de Barrie Kosky et sous la direction de Marco Armiliato Ă  l’OpĂ©ra de Zurich.

Grandeur et misĂšre hippomobile de Manon
© Toni Suter

Il est permis de douter que la Manon Lescaut estampillĂ©e Barrie Kosky Ă  l’OpĂ©ra de Zurich laisse un souvenir aussi indĂ©lĂ©bile que ses productions de Tosca et Turandot Ă  Amsterdam. Plus chantĂ© qu’incarnĂ©, sous la direction exaltante de Marco Armiliato, le duo formĂ© par Elena Stikhina et Saimir Pirgu n’y est sans doute pas Ă©tranger.
 

Opernhaus, ZĂŒrich
Le 06/03/2025
Mehdi MAHDAVI
 



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  • Barrie Kosky achĂšve sa traversĂ©e puccinienne, dĂ©butĂ©e Ă  Zurich en 2014 par La Fanciulla del West, et qu’il a poursuivie en montant La BohĂšme au Komische Oper de Berlin, puis Tosca, Turandot et Il Trittico Ă  l’OpĂ©ra d’Amsterdam, lĂ  oĂč elle avait commencĂ©, avec Manon Lescaut.

    Le « minimaliste extravagant Â», ainsi que le metteur en scĂšne australien se dĂ©finit lui-mĂȘme, est certes toujours Ă  l’Ɠuvre dans le premier grand succĂšs du compositeur, sans toutefois rallumer dans ce « chef-d’Ɠuvre imparfait Â» – c’est lui qui le dit – l’étincelle qui embrasait avec la force de l’évidence certaines des prĂ©cĂ©dentes Ă©tapes de ce parcours.

    Tout rĂ©alisme est Ă©videmment exclu dans cette approche qui pour le chƓur convoque les masques et les couleurs vives du vestiaire de James Ensor. Comme pour faire ressortir le destin des protagonistes, pris dans l’engrenage de l’inconsĂ©quence de l’hĂ©roĂŻne, sur un fond onirique basculant dans le cauchemar qui leur sera fatal.

    À chacun des actes, la nuditĂ© du plateau est rompue par le stationnement d’une voiture hippomobile, conduite par un cocher Ă  tĂȘte de mort : diligence Ă  Amiens, carrosse d’apparat – un trĂŽne en vĂ©ritĂ©, pour celle dont Geronte a fait une reine – Ă  Paris, cage au Havre, avant une misĂ©rable carriole privĂ©e de chevaux en AmĂ©rique.

    S’il n’en faut pas davantage pour symboliser sans la moindre ambivalence l’ascension et la chute de Manon Lescaut, l’ensemble laisse une impression un peu simpliste, dĂšs lors que la direction d’acteurs n’atteint pas le degrĂ© de fulgurance dont Barrie Kosky est coutumier, tant elle paraĂźt entravĂ©e par les limites des chanteurs principaux sur le plan théùtral.

    À cet Ă©gard, le ramage se rapporte en quelque sorte au plumage. PassĂ©es les roucoulades de Tra voi, belle, brune e bionde, Saimir Purgu s’évertue, avec une efficacitĂ© manifeste, Ă  tenir son rang de tĂ©nor latin prodigue d’éclats, que l’acoustique de la bonbonniĂšre zurichoise flatte parfois jusqu’à la saturation. Il n’est cependant pas certain que Des Grieux ne le mette pas en danger, en poussant, au IV surtout, son lirico dans ses retranchements.

    Rien de tel avec Elena Stikhina, dont le jeu pataud s’accorde Ă  l’indiffĂ©rence que son phrasĂ© languissant manifeste vis-Ă -vis de la diction, consonnes et voyelles noyĂ©es dans un flot vocal de toute beautĂ©. N’était la faiblesse toute relative du bas-mĂ©dium, pour lequel la soprano russe n’a jamais recours, Ă  l’inverse d’Anna Netrebko qui en abuse, aux rĂ©sonances de poitrine, le timbre Ă©blouit en effet par sa lumiĂšre pulpeuse, que les affres censĂ©ment ressenties par le rĂŽle-titre ne troublent – et encore – qu’in extremis.

    Individuellement – mention Ă  Daniel Norman, Edmondo accrochant d’emblĂ©e l’oreille, et Ă  Tomislav Jukić, lampionaio travesti et rebaptisĂ© Ninetta parmi les prostituĂ©s du III – aussi bien que collectivement, les comprimari valent bien mieux que le Lescaut de Konstantin Shushakov qui, s’il parvient Ă  susciter l’antipathie attendue, est d’abord anodin.

    Musicalement, le meilleur vient dĂšs lors de la fosse. Éruptif, effusif mĂȘme, tout en variant les atmosphĂšres, Marco Armiliato cultive, au risque parfois du clinquant, la luxuriance que la virtuositĂ© du Philharmonia ZĂŒrich mĂ©rite et appelle.




    Opernhaus, ZĂŒrich
    Le 06/03/2025
    Mehdi MAHDAVI

    Nouvelle production de Manon Lescaut de Puccini dans une mise en scĂšne de Barrie Kosky et sous la direction de Marco Armiliato Ă  l’OpĂ©ra de Zurich.
    Giacomo Puccini (1858-1924)
    Manon Lescaut, drame lyrique en quatre actes (1893)
    Livret de Luigi Illica, Domenico Oliva et Marco Praga, d’aprĂšs l’ouvrage (1731) de l’abbĂ© PrĂ©vost

    Chor der Oper ZĂŒrich
    Philharmonia ZĂŒrich
    direction : Marco Armiliato
    mise en scĂšne : Barrie Kosky
    décors : Rufus Didwiszus
    costumes : Klaus Bruns
    éclairages : Franck Evin
    prĂ©paration des chƓurs : Ernst Raffelsberger

    Avec :
    Elena Stikhina (Manon Lescaut), Konstantin Shushakov (Lescaut), Saimir Pirgu (Il Cavaliere Des Grieux), Shavleg Armasi (Geronte di Ravoir), Daniel Norman (Edmondo), Valeriy Murga (L’oste), Siena Licht Miller (Un musico), Álvaro Diana Sanchez (Il maestro di ballo), Tomislav Jukić (Ninetta), Samson Setu (Un comandante).

     


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