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CRITIQUES DE CONCERTS |
11 octobre 2024 |
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Cycle Orient-Occident à la Cité de la Musique.
La Cité aux portes du Levant
Le deuxième concert du cycle Orient-Occident à la Cité de la Musique s'annonçait comme une promesse de voyage à travers de multiples paysages : Chine, Japon, et vieille Europe. Mais les routes bien sombres de la pérégrination musicale ne la destinait pas à un public de touristes en quête d'euphorie balnéaire.
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Si Extasis de Toshio Hosokawa, le Poème lyrique II de Qigang Chenk ou l'Archipelago de Toru Takemitsu peuvent passer pour de simples "musiques à programme", on comprend à leur écoute qu'elles n'entretiennent que de lointains rapports avec les oeuvres issus de cette tradition.
S'il faut trouver un lien entre elles, la tâche n'est pas facile. Certes il y a bien un fil que le programme suggère : la nature, une idée du geste musicale qui serait, pourquoi pas, une tentative de construire un paysage avec des sons, c'est-à -dire de susciter chez l'auditeur une abondance d'images, puisqu'ici, la stricte représentation n'a pas de sens. Mais un tel guide a tout du fil d'Ariane : on a beau le tendre derrière soi, le lieu où il a naturellement sa place reste le labyrinthe.
Et dans ce dédale de couloirs, le promeneur peut s'attendre à voir surgir un certain nombre de fantômes. Mais, à l'exception du très luxuriant Archipelago, les multiples évocations citées ne conduisent pas franchement à l'euphorie ; même s'il est vrai que dans la peinture chinoise, les figures empruntées à la nature traduisent un état d'âme, une disposition d'esprit, et finalement une manière d'être. Et le monde d'aujourd'hui, sans doute, ne prête pas à rire.
Reste qu'entre l'Orient et l'Occident, il faut craindre que la noirceur ne soit le lien musical. Du côté de Bouchara de Claude Vivier, on tente un rituel qui hésite entre nostalgie de l'enfance et anxiété diffuse : chant sans parole, ou du moins sans langage, comme si la musique cherchait à retrouver un état premier qui fait osciller l'auditeur entre suspension et chute.
Kurtag, de son côté, retrouve son obsession de la mémoire (Schumann en sous titre du Presto) dans une oeuvre où le temps semble produire la matière. Quasi una fantasia pourrait être ainsi une inquiétante parabole de l'existence et du langage, une sorte de parenthèse construite sur du vide — le silence qui encadre l'oeuvre et d'où elle surgit, sous la forme d'une simple gamme.
Les instrumentistes, dispersés aux quatre coins de la salle, se sont emparés de ces textes avec le talent qu'on leur connaît : en disant simplement qu'ils se sont donnés sans réserve, on évitera l'abus de superlatifs.
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Cité de la Musique, Paris Le 05/12/2000 Mathias HEIZMANN |
| Cycle Orient-Occident à la Cité de la Musique. | Claude Vivier : Bouchara
Toshio Hosokawa : Extasis
György Kurtag : Quasi una fantasia
Qigang Chenk : Poème lyrique II
Toru Takemitsu : Archipelago
Ensemble intercontemporain dirigé par Markus Stenz
Particia Rozario, soprano
Yongping Gao, baryton
Stefan Hussong, accordéon
Dimitri Vassilakis, piano | |
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