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CRITIQUES DE CONCERTS |
11 octobre 2024 |
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Production de l'ARCAL, Maison de la Musique, Nanterre, France.
Un Banquet au goût aigre
La production de l'ARCAL annonçait un bain de jouvence à Cosi fan tutte. Si la mise en scène et une distribution constituée de jeunes talents ont en grande partie tenu leurs promesses, l'orchestre a quelque peu gâté le plaisir des mélomanes. (En photo, Salomé Haller)
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Un autre Cosi fan tutte ? Certes. Mais pas seulement un Cosi de plus. D'abord parce que cette production, venue de l'ARCAL, doit, grâce, entre autres à Opéra en Ile-de-France, fréquemment tourner, et pas seulement en banlieue parisienne, dans les mois qui viennent. Ensuite, parce qu'elle est, en plusieurs points, suffisamment digne d'intérêt pour qu'elle ne soit pas négligée. Le moins bon ? L'orchestre, Le Banquet, comme il s'intitule, non sans prétention. Un son aigre, un manque d'homogénéité flagrant, des cordes qui semblent avoir oublié ce que jouer ensemble signifie. Et la direction d'Olivier Dejours n'arrange rien, brutale ou distendue, manquant singulièrement de cohérence – est-ce bien là ce qu'on attend d'un vrai chef de fosse ? C'est d'autant plus dommage que Thierry Leproust a signé un décor à transformations simple et astucieux, exactement celui qu'il fallait pour un spectacle appelé à voyager, et fort habile dans son utilisation du noir et du blanc, avec lesquels s'harmonisent les costumes de Claude Masson. Christian Gangneron a déplacé l'action au début des années 1900 ; l'action, du coup, perd de son élégance ambiguë pour se complaire dans un cynisme petit-bourgeois et un érotisme fin de siècle qui remplacent la cruauté par la méchanceté. Originale et intelligemment développée, cette vision, si elle ne renouvelle pas le propos, lui apporte un éclairage différent, défendu par un sextuor vocalement inégal mais jouant juste et bien. L'acoustique très sèche de la salle est loin de flatter les chanteurs. Le timbre de Jean Delécluse (Ferrando), toutefois, a toujours été ingrat et son aigu peine encore à se libérer. Jean-Baptiste Dumora fait partie de la génération qui monte ; il ne cesse de gagner en autorité, et son Guglielmo a de la présence et de l'allure. Excellent musicien, Jérôme Corréas ne devrait pas avoir besoin de forcer le trait pour camper un Don Alfonso manipulateur, aidé par la Despina qui n'a froid ni aux yeux ni ailleurs d'Anne-Sophie Duprels. Les atours de Dorabella vont comme un gant à Karine Deshayes, au timbre fruité et savoureux. Elle forme un duo de charme avec sa soeur mozartienne, Salomé Haller, encore que cette dernière ne maîtrise pas encore les écarts redoutables et le registre grave de Fiordiligi ; mais peut-être attendait-on trop d'une jeune cantatrice superbement douée, à laquelle il faut laisser le temps de s'épanouir.
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Maison de la Musique, Nanterre Le 15/01/2001 Michel PAROUTY |
| Production de l'ARCAL, Maison de la Musique, Nanterre, France. | Avec Salomé Haller (Fiordiligi), Karine Deshayes (Dorabella), Anne-Sophie Duprels (Despina), Jean Delécluse (Ferrando), Jean-Baptiste Dumora (Guglielmo), Jérôme Corréas (Don Alfonso).
Mise en scène : Christian Gangneron
Direction musicale : Olivier Dejours.
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