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CRITIQUES DE CONCERTS |
11 octobre 2024 |
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Récital d'Andreas Scholl au Théâtre des Abbesses, Paris.
Scholl festoie chez les Elisabéthains
Un peu étouffée par les fracas soulevés par les apparitions de David Daniels, la voix d'Andreas Scholl demeure pourtant unique dans le cercle fermé des contre-ténors. Son concert au Théâtre des Abbesses a été l'occasion d'en prendre acte.
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Avant tout, le miel d'un timbre naturel où rien ne pose, ni ne pèse. Avec une parfaite égalité de son sur toute l'étendue de la tessiture. A cet égard, Andreas Scholl est une manière de miracle dans le petit monde des contre-ténors, où trop de voix avancent "masquées", confondant art et artifice.
C'est ce prince du belcantisme baroque que le Théâtre de la Ville vient d'accueillir aux Abbesses dans un joyau du répertoire hautes époques : A Musicall Banquet de Robert Dowland (1610). Une compilation où le fils de l'auteur des Lachrymae "enchâsse" quelques-uns des plus précieux exemples de l'aria monodique accompagné, alors à l'aube de sa riche carrière européenne.
" Banquet musical ", dit donc le titre. En fait, l'équivalent (plus ou moins) des " feuilles d'album " chères aux Romantiques, le recueil étant, bien sûr, le reflet des goûts personnels du compilateur, avec des oeuvres choisies en fonction de leurs ressources expressives, plutôt que virtuoses.
Dans ce sanctuaire du sentiment subjectif, Scholl semble d'entrée hors d'atteinte, imposant une vocalité qui jamais ne sent le travail ou l'effort.
Pourtant, on observe chez lui comme une hiérarchie dans le jeu des émotions, l'ineffable tenant dans l'aveu intimiste de la chanson élisabéthaine où le soliste se fait orfèvre exquis du verbe amoureux, douloureux.
Mais par la suite, il arrive que sa voix de grâce s'égare dans les airs français (deux Guédron comme aseptisés), espagnols et italiens, faute de complicité naturelle avec la langue, avec l'accent, avec la métrique. Et si, vers la fin, l'Amarilli fameuse de Caccini rayonne d'une rare volupté acoustique - image d'une technique au zénith - la magie du " dire " n'opère plus comme dans le rêve élisabéthain du début ; là où le chant de Scholl - en dépit de l'accompagnement d'Edin Karamazov au luth, qui fait peu de place au mystère - est porté par une intuition des notes et des mots sans pareille.
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Théâtre des Abbesses, Paris Le 13/01/2001 Roger TELLART |
| Récital d'Andreas Scholl au Théâtre des Abbesses, Paris. | A Musicall Banquet : chansons de Cour de la Renaissance en France, Espagne, Italie et Angleterre, rassemblées et publiées par Robert Dowland, fils de John Dowland
Andreas Scholl, Contre-ténor
Edin Karamazov, luth | |
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