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CRITIQUES DE CONCERTS 26 avril 2024

Nouvelle production du Vaisseau fantôme à l'Opéra du Rhin, Strasbourg.

Vaisseau en difficulté
© Alain Kaider - Opéra du Rhin

L'Opéra du Rhin propose une nouvelle production du Vaisseau Fantôme. Quelque part entre Peter Greeneway et Lacan, la mise en scène de Philippe Arlaud navigue en eaux troubles.
 

Opéra du Rhin, Strasbourg
Le 18/01/2001
Mathias HEIZMANN
 



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  • Le principal problème que soulève cette nouvelle production tient dans la quasi-impossibilité de faire d'un objet théorique une adaptation théâtrale littérale. La psychanalyse, aide précieuse pour qui veut décrypter et réinterpréter les oeuvres, est grandement sollicitée par Philippe Arlaud : la totalisé du Vaisseau Fantôme est la vision de Senta, écrit-il dans le programme. De fait la Ballade de Senta, chantée à l'acte II, tient de la prémonition et
    ce sentiment de déjà-vu, ou "lecture avant l'heure", peut trouver son explication dans la psychanalyse. La piste est donc toute tracée : "l'eau n'est plus horizontale mais verticale"- elle coule le long des parois qui encadrent la scène,- elle ne supporte plus le fameux bateau mais fonctionne comme "un mur qu'on traverse", une sorte de frontière entre le rêve et la réalité. D'ailleurs Senta n'est plus une, mais multiple, le Hollandais et le père se confondent, " c'est le double du père, le père idéal absolu, celui avec qui on ne peut pas vivre, mais mourir " ; bref, on navigue entre Freud et Lacan.


    Seulement, la représentation de tels concepts pose problème. La figure de la psychose, revendiquée par Philippe Arlaud, a beau être soulignée par les multiples "doubles" de Senta, elle demeure en fait irreprésentable par la seule mise en perspective de ses symptômes. Puisqu'on ne peut vivre dans la tête d'un fou et que l'on est réduit à spéculer sur des faits patents observés par les analystes, il paraît difficile d'intégrer spontanément un tel univers, surtout lorsqu'il est restitué par le jeu des symboles ou des métaphores.
    À partir du deuxième acte, le décor ne bouge pratiquement plus : murs translucides, portrait du hollandais en noir et blanc, l'espace se remplie lentement d'eau dans laquelle père et fille, amant et fantôme, pataugeront en permanence. L'espace, à la fois abstrait et concret, achève de brouiller les pistes : ainsi l'élément liquide, grandement sonore, interagit avec les chanteurs. Comment accepter, en dehors de l'analyse, que la rencontre avec le père se passe dans l'eau d'une sorte de piscine ? Ce trouble est grandement accentué par la structure du premier acte qui installait une lumière et une atmosphère parfaitement suggestives et finalement assez terre à terre. Les symboles s'imposaient d'eux-mêmes, on était plongé au coeur du drame : des passerelles entourent la scène, le lieu est inquiétant, bref le tout possède une efficacité première qui ne prépare pas forcément aux jeux d'esprit proposés par la suite.
    Ainsi la faiblesse de ce travail vient précisément de son érudition. Soit il plonge le spectateur dans l'incompréhension la plus grande, soit il passionne mais interdit tout "laisser aller".
    La réalisation musicale, pourtant, aurait dû nous faire frissonner jusqu'aux orteils. Si l'on excepte une ouverture un peu rapide, parfois imprécise et surtout assez peu déchaînée, l'orchestre, sous la baguette de Julia Jones, se montra assez beau joueur. Les chanteurs, tous parfaitement investis de leurs rôles, semblaient parfois lutter contre les éléments pour faire valoir ce que la musique et le sujet portent aussi : un drame humain assez simple où il est question d'amour, d'angoisse de la perte, de peur de la mort. On remarque particulièrement les duos d'Éric (Stuart Skelton) et de Senta (Eva Johansson), leur interprétation subtile et touchante, et d'une manière générale, le travail vocal de l'ensemble des chanteurs. De ce point de vue, personne ne songe à tirer une quelconque couverture, fait assez rare pour être souligné.




    Opéra du Rhin, Strasbourg
    Le 18/01/2001
    Mathias HEIZMANN

    Nouvelle production du Vaisseau fantôme à l'Opéra du Rhin, Strasbourg.
    Direction musicale : Julia Jones
    Mise en scène, décors et lumières : Philippe Arnaud
    Assistante mise en scène : Marion Soustrot
    Costumes : Jorge Jara
    Avec Frode Olsen (le Hollandais), Markus Hollop (Dalland), Eva Johansson (Senta), Stuart Kelton (Erik), Susan Nicely (Mary), Jörg Dürmüller (dre Stuerman).
    Choeurs de l'Opéra national du Rhin
    Orchestre Philharmonique de Strasbourg

    Représentations : 27 & 30 janvier à Strasbourg ; 8 & 11 février à Mulhouse.

     


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