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CRITIQUES DE CONCERTS |
16 octobre 2024 |
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Concert du festival de musique contemporaine Présences à Radio France.
Présences de matière et de vent
Le festival Présences poursuit sa route. Jeudi 8 février, on était venu entendre l'Ensemble Moderne qui, sous la baguette de Stefan Asbury, jouait le remarquable Feuillage de Philippe Schœller, Duktus d'Emmanuel Nunes et Cinnabar de Rebecca Sauders. Moins convaincant, Knochen d'Enno Poppe avait pourtant l'attrait du second degré.
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Salle Olivier Messiaen - Maison de la Radio, Paris
Le 08/02/2001
Mathias HEIZMANN
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Il faut une solide résistance aux effets dévastateurs des suraigus pour se plonger dans les délices de ce Knochen d'Enno Poppe qui pourrait bien passer pour un trait d'humour musical. Le compositeur est assez jeune pour aimer les pieds de nez, et son oeuvre joue avec les clichés qui accompagnent la musique contemporaine. Mais l'oeuvre est-elle vraiment à classer dans cette catégorie ? Rien est moins sûr hélas, et si le propos est ailleurs, je dois dire qu'il me laisse perplexe.
Rebecca Sauders propose, avec Cinnabar, un double concerto pour violon, trompette et ensemble bien construit et parfaitement efficace.
Dans Feuillage, Philippe Schœller installe un jeu de dualités qui touche les sentiments (inquiétude/gaîté) et la matière (lyrisme/rythmique). Il y a, dans cette oeuvre, une gestion de l'espace sonore assez époustouflante que le remarquable Ensemble Moderne a parfaitement restitué. Bien plus, le tissu instrumental devient une matière sensible qui cherche à susciter des images, comme si l'objet de ce Feuillage se situait très au-delà de l'oeuvre elle-même et qu'elle n'était finalement qu'un simple intermédiaire.
Cette propension à la métaphore pourrait assez en faire une simple pièce imitative. Mais si l'oeuvre parle bien de "matière et de vent" - pour reprendre les termes de l'auteur,- c'est plutôt de l'aura de ces objets sensibles dont il s'agit : l'ombre projeté de la montagne représente bien la montagne pour le dormeur couché à ses pieds, mais elle n'a plus grand-chose à voir avec la réalité du massif. Feuillage joue sur cette ambiguïté et accède ainsi à une forme poétique assez captivante.
Nettement plus difficile d'écoute, mais particulièrement impressionnante, Dictus suppose une certaine concentration pour suivre en suivre le déroulement. Mais comme toujours chez Nunes, il y a une sorte d'autorité qui contraint l'auditeur à l'attention la plus grande. Appelons cela "pouvoir de conviction" faute de pouvoir parler de séduction sonore : cette oeuvre de Nunes possède une intensité particulière qui impose une écoute active, une sorte de travail personnel en somme. Une disposition d'esprit souvent sollicitée dans la musique d'aujourd'hui, sans doute trop.
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Salle Olivier Messiaen - Maison de la Radio, Paris Le 08/02/2001 Mathias HEIZMANN |
| Concert du festival de musique contemporaine Présences à Radio France. | Enno Poppe : Knochen
Philippe SchÂœller : Feuillage
Rebecca Saunders : Cinnabar
Emmanuel Nunes Duktus
Ensemble Moderne dirigé par Stefan Asbury
Jagdish Mistry, violon
William Forman, Trompette | |
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