Le Concerto pour violon d'Elgar n'est pas vraiment une pièce de répertoire courant, sans doute à cause de sa longueur. Presqu'une heure de musique, c'est beaucoup pour un concerto, et surtout pour un compositeur qui reste chez nous extrêmement marginal et peu connu.

L'oeuvre est pourtant belle, très gratifiante pour l'orchestre comme pour le soliste. Avec ses vastes développements, ses belles envolées au lyrisme contenu mais généreux, elle permet au violoniste de faire preuve d'autant de sûreté technique que musicale.

Frank Peter Zimmermann, archet impérieux et sensibilité toujours en éveil, est un des plus indiscutables chefs de file de la génération des trente-quarante ans. Sans avoir peut-être la puissance d'un Repin ni la sonorité royale d'un Vengerov ou d'un Shaham, avec quelques années de plus qu'eux, il impose un style d'une rigueur absolue et donne l'exemple d'une technique qui ne doit rien à l'esbrouffe, même s'il se fait plaisir en donnant en bis une pièce ahurissante de virtuosité de Paganini.

Avec lui et sous la baguette de Gary Bertini, on se dit que finalement, Elgar devrait bien tenir une place plus grande dans nos concerts
et dans nos discothèques. Bertini donna ensuite une lecture très brillante, très colorée, mais sans effusions grandiloquentes, de la Symphonie n°3 avec orgue de Saint-Saëns, permettant à l'Orchestre Philhamonique de Radio France de rappeler qu'il reste l'une des meilleures formations françaises avec celle de l'Opéra national de Paris.