Ceux qui s'attendaient aux sompteuses polyphonies vocales des grandes célébrations religieuses orthodoxes traditionnelles auront dû se contenter de satisfactions plus austères, mais non moins intéressantes. Qui dit Vieux-Croyants, dit Kovantchina, pour tout amateur d'opéra.

Et c'est vrai, car l'histoire racontée par l'opéra de Moussorgsky illustre bien le comportement de ces croyants qui refusèrent la réforme liturgique effectuée dans le seconde moitié du XVIIe siècle. Plutôt que d'en revenir à des rites plus anciens et plus authentiques, ils s'en tinrent à ce que leur avait légué une tradition un peu malmenée au fil des siècles.

Leur entêtement les firent vite apparaître comme des révolutionnaires et ils préfèrerent souvent s'immoler collectivement par le feu, comme dans la Kovantchina, plutôt que d'accepter les réformes d'une Russie qui se tournait vers l'Occident. Leurs chants sont donc restés sous une forme très pure et très simple, monodique à l'unisson.

Quatre interprètes étaient venus de l'église du cimetière Rogojski à Moscou, véritable conservatoire de cet art. Ce ne sont pas des professionnels du chant, mais des amateurs autodidactes rompus à la pratique de ces très longs offices. Les voix n'ont donc rien de celles qui passent par les écoles de musique, mais gardent un naturel qui convient à la simplicité de cette musique.

Tout est dans la conviction, la spiritualité, la foi vécue et exprimée ici sans aucun effet destiné à un public. Une belle expérience musicale, un peu rude certes, mais forte et vraiment exceptionnelle.