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CRITIQUES DE CONCERTS |
10 décembre 2024 |
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Récital de la soprano Dame Kiri Te Kanawa se faisait rare à Paris au Théâtre des Champs-Élysées.
Une beauté plus mince
Dame Kiri Te Kanawa se faisait rare à Paris. Elle est revenue dimanche dernier au Théâtre des Champs-Élysées retrouver un public parisien avec lequel le charme ne s'est jamais rompu. Une fois de plus, la séduction et l'imparable sourire de la diva néo-zélandaise ont opéré.
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Elle est toujours aussi belle, Kiri Te Kanawa. Comme si le temps n'avait pas la moindre emprise sur son charme. Sur sa voix, c'est une autre histoire. Car le registre grave, qui n'a jamais été particulièrement développé, accuse de plus en plus ses faiblesses. Le haut médium et l'aigu conservent leur rayonnement, mais le timbre, jadis opulent et crémeux, paraît très aminci.
Ce qui n'empêche pas Paris de faire fête à une soprano qui mène depuis près de trente ans une belle histoire d'amour avec la capitale, mais qui s'y fait désormais très rare. Aucun risque, dans le programme. Une première partie consacrée à Mozart rappelle le phrasé exquis de la musicienne, et le peu d'engagement de l'interprète, qui enlève son mystère au merveilleux Abendempfindung et ne donne aux airs de concert qu'une théâtralité de surface.
Après l'entracte, la Vocalise de Rachmaninov, enlevée sans effort, n'est qu'un prétexte pour faire attendre quatre Lieder de Richard Strauss, et l'on retrouve, dans Cäcilie et Ich trage meine Minne l'écho des splendeurs d'antan.
Le meilleur vient ensuite, avec deux mélodies de Liszt (la troisième, sur un poème de Victor Hugo, est chantée dans un tel sabir qu'il vaut mieux l'oublier), dans lesquelles texte et musique prennent vraiment corps, avec une fluidité, une tendresse et une candeur touchantes.
Le pianiste Warren Jones possède l'art entre tous précieux de donner à chaque compositeur les couleurs qui le flattent le mieux : discret et perlé dans Mozart, son jeu est plus sensuel dans Rachmaninov et Strauss, et délivre, dans Liszt, des irisations délicates et délicieuses. En parfait accord avec Dame Kiri qui déploie non sans y mettre une certaine distance, d'irrésistibles sourires, en diva inaccessible descendue un instant vers ses adorateurs.
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Théâtre des Champs-Élysées, Paris Le 11/03/2001 Michel PAROUTY |
| Récital de la soprano Dame Kiri Te Kanawa se faisait rare à Paris au Théâtre des Champs-Élysées. | Récital Kiri Te Kanawa
Avec Warren Jones (piano) | |
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