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CRITIQUES DE CONCERTS 29 mars 2024

Concert symphonique de l'Orchestre de l'Opéra national de Paris sous la direction de Pierre Boulez à l'Opéra Bastille, Paris.

Une première sans éclat
© Harald Hoffmann / DG

Après Georges Prêtre, c'est Pierre Boulez qui était invité à diriger l'Orchestre de l'Opéra national de Paris, dans un programme entièrement consacré au XXe siècle. Le chef français fêtait ses retrouvailles avec l'Opéra, qu'il n'avait pas fréquenté depuis vingt-cinq ans. Beau concert dans l'ensemble, mais sans éclat.
 

Opéra Bastille, Paris
Le 08/12/2004
Yannick MILLON
 



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  • Pierre Boulez n'avait pas dirigé à l'Opéra de Paris depuis sa légendaire Lulu avec Patrice Chéreau en 1979, et n'était jamais apparu à Bastille. Au départ s'était-il même juré de ne jamais y mettre les pieds. Il a fallu toute l'habileté de Gérard Mortier pour convaincre le chef d'orchestre de diriger non pas une nouvelle production d'opéra – prochain défi à relever – mais un des concerts symphoniques instaurés depuis le début de son mandat à Paris. Et tant qu'à faire, autant concocter pour l'occasion un programme cent pour cent axé sur le XXe siècle.

    Si la lecture de Boulez fait des merveilles dans l'épilogue du Chant du rossignol de Stravinski qui ouvre le concert, l'ensemble de l'interprétation ne convainc pas totalement. Peut-être pour partie en raison de l'acoustique diffuse de Bastille, les forte manquent de mordant, avec des cuivres pas assez acérés et des cordes trop rondes – Introduction, Marche chinoise, début du Jeu du rossignol mécanique – et les tutti sonnent tout du long sans aspérité, sans l'accroche de timbre un peu grinçante qui est la marque de fabrique instrumentale de l'auteur du Sacre. En revanche, chaque épisode piano s'épanouit nettement plus et bénéficie d'une attention de tous les instants, et de solos remarquables, culminant dans une conclusion magnifique d'apaisement, avec une trompette solo idéalement mélancolique.

    Dans Chronochromie de Messiaen, l'orchestre, après une cure franciscaine sous la houlette de Sylvain Cambreling en octobre dernier, paraît très à son aise, particulièrement le pupitre de percussions. On peut toutefois encore percevoir un léger manque d'éclat, d'incisivité dans les rythmes comme la définition des couleurs, mais la virtuosité suffit à assurer une lecture correcte d'une partition on ne peut plus hermétique – et souvent rébarbative – grâce aux balises métriques limpides de la gestique du chef français.

    Plat de résistance enfin après la pause, avec le Concerto pour orchestre de Bartók, que Boulez n'a jamais vraiment fait sien comme la Musique pour cordes qu'il juge infiniment supérieure. Selon lui, l'intérêt essentiel de la pièce se situe dans son traitement orchestral et son rapport à la virtuosité. Pourtant, ce soir, ce n'est pas la virtuosité qui prime, assez sévèrement prise en défaut dans le Finale – traits de cordes qui savonnent, mise en place approximative –, mais le climat poétique et nocturne que réussit à instiller aux passages piano le chef français.

    Le début de l'Introduction est idéalement immobile, millimétré dans ses équilibres de cordes graves, l'Elégie bénéficie d'un superbe climat raréfié, où chaque solo résonne avec une infinie délicatesse, où les soudaines saillies des cordes étreignent, où les mixtures de timbres sont réalisées avec un art confondant. Mais pour qui a dans l'oreille le concert récent avec le Philharmonique de Berlin à Lisbonne (DVD TDK) ou même l'enregistrement officiel (Deutsche Grammophon avec Chicago), le résultat est quand même assez décevant, car dans les moments d'emballement rythmique, l'orchestre, pas vraiment habitué à pareilles déferlantes, cafouille et mange un certain nombre de doubles croches.

    Une première honorable mais sans éclat, et un créneau à approfondir pour un orchestre si souvent étincelant en fosse.




    Opéra Bastille, Paris
    Le 08/12/2004
    Yannick MILLON

    Concert symphonique de l'Orchestre de l'Opéra national de Paris sous la direction de Pierre Boulez à l'Opéra Bastille, Paris.
    Igor Stravinski (1882-1971)
    Le Chant du rossignol, poème symphonique (1919)

    Olivier Messiaen (1908-1992)
    Chronochromie, pour grand orchestre (1960)

    Béla Bartók (1881-1945)
    Concerto pour orchestre, Sz 116 (1944)

    Orchestre de l'Opéra national de Paris
    direction : Pierre Boulez

     


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