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CRITIQUES DE CONCERTS 29 mars 2024

Concert de l'Orchestre de Paris sous la direction de Roberto Abbado, avec la participation du violoniste Renaud Capuçon au Théâtre Mogador, Paris.

Touché par la grâce
© Pierre Terrasson / Virgin

Quel plaisir de retrouver pour un magnifique Concerto de Beethoven à Mogador le violoniste Renaud Capuçon, qu'on avait déjà pu apprécier en octobre dernier pour le Concerto de Mendelssohn avec Christoph Eschenbach. Placé sous la direction de Roberto Abbado, l'Orchestre de Paris lui offre un écrin somptueux, avant une 4e de Schumann intéressante malgré quelques tunnels.
 

Théâtre Mogador, Paris
Le 09/03/2005
Yannick MILLON
 



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  • Plus encore que dans le lyrisme de Mendelssohn, le jeu de Renaud Capuçon, grâcieux, suprĂŞmement Ă©lĂ©gant et de sonoritĂ© magnifique trouve un terrain d'accomplissement dans le savant mĂ©lange entre classicisme et romantisme qui irrigue la production beethovĂ©nienne. On peut bien sĂ»r prĂ©fĂ©rer un Beethov plus sanguin, nerveux et rageur, mais le Concerto pour violon, assez Ă©loignĂ© de la trĂ©pidation rythmique des symphonies impaires, est un peu le jardin secret du compositeur, et jamais on n'y avait entendu un archet si soignĂ©, dĂ©licat, souple et inventif.

    Les phrases coulent et se meuvent comme en apesanteur dans une pâte orchestrale que Roberto Abbado a voulue svelte et transparente – on se croirait en présence du Chamber Orchestra of Europe –, avec de superbes couleurs automnales dignes du mouvement lent de la Pastorale. Ces bois chaleureux à la lumière feutrée – le basson, splendide –, ces cordes fines et aérées, dialoguent subtilement avec l'archet caressant mais toujours éloquent du violoniste français. Aucun pugilat soliste-orchestre, mais un fondu dans les relais et un dialogue chaleureux. Dans le Finale, Capuçon rivalise de ludisme dans le célébrissime motif de refrain, qu'il n'écrase jamais, mais qu'il fait bondir tout en finesse, parfois même avec une certaine tendresse. Un pur moment de grâce violonistique.

    En deuxième partie, le neveu de Claudio Abbado se tire moins bien des labyrinthes harmoniques du Schumann de la maturité, dans une 4e symphonie dont il donne l'impression d'essayer toutes les clés de son trousseau pour ouvrir la porte. Plutôt rapide et nerveuse, sa lecture se perd parfois dans les méandres des développements, si difficiles à maîtriser sans chute de tension. Ici, les parties centrales des premier et dernier mouvement souffrent d'un geste plutôt confus et d'une pâte sonore indifférenciée. Les voix intermédiaires – seconds violons et altos, deuxièmes bois –, trop proéminentes, mangent une partie du spectre harmonique et engendrent un son d'orchestre assez nébuleux.

    C'est là un écueil fréquent avec l'orchestration problématique du compositeur saxon, qui peut facilement sonner très gris – un peu comme celle de Brahms – lorsque la balance des dynamiques au sein des pupitres n'est pas réglée avec la plus minutieuse attention. Dans ces conditions, on restera sceptique quant à la disposition de l'orchestre à la viennoise, avec les voix intermédiaires à la droite du chef, car un perpétuel bourdonnement des médiums parasite les voix extrêmes plutôt que de les soutenir.

    Pourtant, de très beaux moments affleurent : premier accord de la symphonie posé de manière horizontale et très fondue, comme une expiration douloureuse ; introduction du premier mouvement mystérieuse et presque angoissante, avec dans les tenues des cordes et des bois graves un relais du plus bel effet ; Scherzo énergique et excellemment phrasé ; coda du Finale en accelerandi successifs bien menés. Et malgré quelques ritardandi trop appuyés et les tunnels évoqués plus haut, un geste global d'une belle fluidité, un peu à la manière de l'oncle Claudio.

    Considérant le nombre de chefs qui y ont fait naufrage, une assez belle 4e, même si au sortir de la salle, la mémoire n'en a plus que pour le moment de grâce délivré en première partie par Renaud Capuçon.




    Théâtre Mogador, Paris
    Le 09/03/2005
    Yannick MILLON

    Concert de l'Orchestre de Paris sous la direction de Roberto Abbado, avec la participation du violoniste Renaud Capuçon au Théâtre Mogador, Paris.
    Ludwig van Beethoven (1770-1827)
    Concerto pour violon et orchestre en ré majeur, op. 61 (1806)
    Renaud Capuçon, violon

    Robert Schumann (1810-1856)
    Symphonie n° 4 en ré mineur, op. 120 (1851)

    Orchestre de Paris
    direction : Roberto Abbado

     


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