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CRITIQUES DE CONCERTS 25 avril 2024

Nouvelle production de la Flûte enchantée de Mozart mise en scène par Graham Vick et sous la direction de Riccardo Muti au festival de Salzbourg 2005.

Salzbourg 2005 (8) :
Une flûte désenchantée

© Hans Jörg Michel

Genia Kühmeier (Pamina) et Michael Schade (Tamino).

Dernière production d'importance avant la déjà très médiatique Mozartjahr 2006, la nouvelle Flûte salzbourgeoise confiée à Graham Vick a provoqué un tollé. Pourtant, en replaçant le dernier Singspiel mozartien dans une perspective contemporaine et désenchantée, le metteur en scène suit une piste trop peu exploitée, servie par un plateau exemplaire.
 

Großes Festspielhaus, Salzburg
Le 28/08/2005
Yannick MILLON
 



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  • L'une des lignes directrices de la Flûte enchantée selon Graham Vick est l'irruption réciproque du merveilleux dans le contemporain. Ainsi, au lever de rideau, Tamino est secouru par les Trois Dames surgies de la tapisserie de sa chambre de teenager ; au milieu de divers Imac, skateboard et trophées sportifs, l'armoire du héros devient le seuil du monde farfelu de Papageno. À l'inverse, dans un improbable champ de tournesols où de semblables armoires figurent les trois portes, l'Orateur apparaît sous les traits d'un vieux soixante-huitard en sandales bouquinant dans son jardin ; et la scène des épreuves se joue à la roulette russe.

    Mais la plus grande force de cette approche concerne le monde de Sarastro : loin de l'habituel grand prêtre sans histoire, Graham Vick en fait le gourou inquiétant d'une secte de rebuts fanatiques d'un club du troisième âge : éclopés, sadiques, monomaniaques, ils déambulent, reclus dans un décor absurde, estropient les animaux et creusent une fosse au milieu du salon. Pour une fois, on comprend Papageno lorsqu'il affirme avoir peur dans cet endroit.

    © Hans Jörg Michel

    Symbole de l'initiation, un grand escalier en spirale brisé focalise les pulsions suicidaires des personnages jusqu'à ce que la Reine de la nuit – trop chancelante pour le gravir – le reconstitue : comme si les épreuves ouvraient une issue au temple, vers la vraie vie. Vision pessimiste et contestable dans son dénouement ouvert, mais vraiment pas de quoi fouetter un chat et déclencher une polémique. D'autant que le festival s'est offert une distribution digne du grand Salzbourg d'antan.

    Genia Kühmeier et Michael Schade sont une Pamina et un Tamino idéaux : elle par la voix absolument radieuse, les aigus de satin et la lumière d'un timbre à la Edith Mathis ; lui par la fougue, la qualité de la demi-teinte, la jeunesse d'un timbre clair et juste assez héroïque. De même, comment ne pas se joindre à l'ovation réservée au Sarastro d'apparat de René Pape, qui avec toujours le même métal dans le timbre, négocie beaucoup mieux les graves du rôle que par le passé ? Rien à redire non plus sur le Papageno standard mais bien chantant de Markus Werba et la pétillante Papagena de Martina Janková.

    © Hans Jörg Michel

    Du coup, la Reine de la nuit correcte d'Anna-Kristiina Kaappola fait un peu figure de parent pauvre. Voix trop légère, aux coloratures fragiles au I, la Finlandaise ne marquera pas l'histoire du rôle mais en assure du moins correctement les notes. Enfin, à côté de trois dames pas exceptionnelles, les petits rôles sont très bien tenus, en particulier le Monostatos sans histrionisme de Burkhard Ulrich et l'Orateur tout de noblesse de Michael Volle.

    Reste la direction de Muti, ronronnante, proche de l'idée que l'on se faisait de Mozart à l'époque de Josef Krips, légèreté surnaturelle et articulation impeccable en moins. Les tempi très enlevés, souvent inattentifs aux respirations des chanteurs, n'y changent rien. Un Mozart trop flatteur, enrobant au passage la majorité des dissonances d'un langage génialement expressif au profit d'une insignifiante bonhomie.

    Encore une fois, comment ne pas souligner le décalage entre l'analyse sans complaisance et très contemporaine de la mise en scène et une direction archiconventionnelle et ronflante ? À moins que Muti n'ait eu l'idée d'ajouter à sa manière du désenchantement à cette nouvelle Flûte.




    Großes Festspielhaus, Salzburg
    Le 28/08/2005
    Yannick MILLON

    Nouvelle production de la Flûte enchantée de Mozart mise en scène par Graham Vick et sous la direction de Riccardo Muti au festival de Salzbourg 2005.
    Wolfgang Amadeus Mozart (1756-1791)
    Die Zauberflöte, singspiel en deux actes KV. 620 (1791)
    Livret d'Emanuel Schikaneder

    Konzertvereinigung Wiener Staatsopernchor
    Mozarteum Orchester Salzburg (musique de scène)
    Wiener Philharmoniker
    direction : Riccardo Muti
    mise en scène : Graham Vick
    décors et costumes : Paul Brown
    éclairages : Matthew Richardson
    préparation des choeurs : Rupert Huber

    Avec :
    René Pape (Sarastro), Michael Schade (Tamino), Michael Volle (Sprecher / Priester), Anna-Kritiina Kaappola (Königin der Nacht), Genia Kühmeier (Pamina), Edith Haller (Erste Dame), Karine Deshayes (Zweite Dame), Ekaterina Gubanova (Dritte Dame), Wiener Sängerknaben (Drei Knaben), Markus Werba (Papageno), Martina Janková (Papagena), Burkhard Ulrich (Monostatos), Simon O'Neill (Erster geharnischter Mann), Günther Groissböck (Zweiter geharnischter Mann), Xavier Mas (Priester).

     


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