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CRITIQUES DE CONCERTS 20 avril 2024

Reprise de Rigoletto de Verdi dans la mise en scène de Jérôme Savary et sous la direction de Renato Palumbo à l'Opéra de Paris.

La pierre angulaire

À la tête d'une distribution inégale, le chef Renato Palumbo a donné une magistrale leçon de direction pour cette reprise de la production de Jérôme Savary de Rigoletto. Des débuts parisiens qui marqueront les mémoires et les musiciens de l'orchestre, à une époque où les grands chefs verdiens sont devenus une denrée rare.
 

Opéra Bastille, Paris
Le 11/02/2006
Gérard MANNONI
 



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  • C'est peut-être en ce qui concerne le choix des chefs d'orchestre que la politique artistique de Gerard Mortier s'est montrée jusqu'à présent d'une efficacité peu discutable, à quelques exceptions près portant d'ailleurs davantage sur l'adéquation d'une personnalité et d'un répertoire que sur la qualité intrinsèque desdites personnalités. En invitant à Paris Renato Palumbo il nous a révélé un chef verdien de tout premier ordre. Il est bien rare d'entendre une partition aussi délicate que celle de Rigoletto menée avec pareille intelligence et un sens aussi aigu de la place de cette musique dans l'oeuvre du compositeur. Avec Rigoletto, Verdi n'a pas encore totalement oublié le bel canto pur, mais il s'est déjà bien engagé sur d'autres chemins, ceux d'un réalisme et d'une théâtralité qui marqueront de plus en plus ses partitions ultérieures.

    Il faut donc savoir en permanence jongler avec plusieurs styles, passer des langueurs ornées d'un romantisme un peu évanescent aux élans et aux fureurs de passions exprimées de manières beaucoup plus directes. Il faut aussi trouver les couleurs qui mettent le mieux en valeur chaque état d'âme et laisser rêver l'orchestre au bon moment pour le lancer au galop quelques mesures plus loin. Tout cela, Renato Palumbo le maîtrise avec une sûreté confondante, tenant vraiment toute la représentation au bout de sa baguette et recueillant à la fin, non seulement l'ovation de la salle, mais les applaudissements de tout l'orchestre lui-même !

    La mise en scène de Jérôme Savary n'a rien perdu de son efficacité. C'est de l'excellent travail traditionnel, où l'on raconte l'histoire et pas tout autre chose, dans un décor et des costumes correspondant à l'époque de l'action. On en presque tout dérouté !

    Une Gilda aux mille nuances

    La distribution est largement dominée par la Gilda de Laura Claycomb, très jolie personne à la voix ravissante et si bien menée qu'elle se permet mille nuances en des moments où tant d'autres interprètes ne peuvent que se soucier de faire du son. C'est musical, merveilleux à entendre, avec des aigus tour à tour percutants et suspendus comme on n'en fait plus et une ligne de chant menée sans faiblesse.

    La ligne de chant, voilà ce qui manque au ténor turc Bülent Külekci à la voix sans charme, au timbre ingrat, à la silhouette gauche. De Ramón Vargas à Marcelo Alvarez, cette production avait bénéficié de Ducs de Mantoue d'une toute autre pointure et dotés surtout de moyens d'un éclat plus verdien. Malgré un constant investissement dramatique le Rigoletto d'Andrzej Dobber pâtit aussi d'un manque de rayonnement vocal, avec un bas médium sans relief et une certaine difficulté à rendre justice au phrasé bel cantiste quand il se présente.

    En revanche, on remarque la très belle voix grave de Ain Anger, Sparafucile impressionnant tant par la qualité du timbre que par la composition du personnage. Autant Martine Mahé s'impose en Giovanna, autant Dagmar Pecková ne parvient à donner ni présence ni relief à Maddalena.

    Mais, une fois encore, malgré ses inégalités et ses faiblesses de plateau, le spectacle fonctionne, comme toujours à l'opéra quand le chef, pierre angulaire de l'édifice musical, a la présence, l'autorité, la technique et l'inspiration adéquats.




    Opéra Bastille, Paris
    Le 11/02/2006
    Gérard MANNONI

    Reprise de Rigoletto de Verdi dans la mise en scène de Jérôme Savary et sous la direction de Renato Palumbo à l'Opéra de Paris.
    Giuseppe Verdi (1813-1883)
    Rigoletto, opéra en trois actes (1851)
    Livret de Francesco Maria Piave d'après le Roi s'amuse de Victor Hugo

    Choeurs et Orchestre de l'Opéra national de Paris
    direction : Renato Palumbo
    mise en scène : Jérome Savary
    décors : Michel Lebois
    costumes : Jacques Schmidt et Emmanuel Peduzzi
    éclairages : Alain Poisson
    préparation des choeurs : Peter Burian

    Avec :
    Bülent Külekci (Il Duca di Mantova), Andrzej Dobber (Rigoletto), Laura Claycomb (Gilda), Ain Anger (Sparafucile), Dagmar Pecková (Maddalena), Philippe Fourcade (Il Conte di Monterone), Martine Mahé (Giovanna), Sergei Stilmachenko (Marullo), Mihajlo Arsenski (Matteo Borsa), Yuri Kissin (Il Conte di Ceprano), Natacha Constantin (La Contessa), Letitia Singleton (Paggio della Duchessa), Jian-Hong Zhao (Usciere di corte).

     


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