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CRITIQUES DE CONCERTS 20 avril 2024

Reprise de la Clémence de Titus de Mozart mise en scène par Martin Kušej sous la direction de Christopher Moulds au festival de Salzbourg 2006.

Salzbourg 2006 (11) :
La clémence pour Titus ?

© Hans Jörg Michel

Dorothea Röschmann (Vittelia), Vesselina Kasarova (Sextus) et Luca Pisaroni (Publius).

Pour cette dernière de la Clémence de Titus de Martin Kušej à Salzbourg, Harnoncourt déclare forfait et Dorothea Röschmann, souffrante, sollicite l'indulgence du public. Loin de plomber la représentation, ces déboires devaient confirmer la force d'un spectacle cohérent et bien mené, malgré une direction et quelques voix plus anecdotiques qu'en 2003.
 

Felsenreitschule, Salzburg
Le 29/08/2006
Thomas COUBRONNE
 



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  • Il est vrai qu'un chef d'orchestre qui annule une représentation, à plus forte raison une forte personnalité comme Harnoncourt, peut facilement compromettre toute la partie musicale d'un opéra. Mais, soit que Christopher Moulds s'en sorte très bien, soit que l'orchestre et les chanteurs soient bien dressés, l'ensemble se tient admirablement.

    Bien sûr, la représentation dure un bon quart d'heure de moins, la rectitude s'assouplit, le tranchant s'émousse, les suspensions se raccourcissent ; demeurent pourtant la légèreté de la pâte sonore, la finesse de certains instants de tendresse, le débit très élastique des récitatifs, le soin des détails. Mais Vienne est Vienne, et Moulds n'est pas Harnoncourt. Sa lecture beaucoup moins extrême ronronne plus gentiment, encore qu'avec beaucoup de soin et d'élégance. On gagne en univocité, en grâce, en naturel, ce qu'on perd des paradoxes passionnants du fondateur du Concentus Musicus.

    Il reste que le spectacle fonctionne parfaitement. La mise en scène pertinente de Martin Kušej porte un regard pessimiste sur la politique en tant que sphère malsaine où violence et pouvoir détruisent l'individu et l'idéal. Corrompus par la puissance, les rapports humains ne laissent plus de place qu'à des ébauches d'amours fantomatiques où s'égarent les personnages, Annio et Servilia désemparés, Sextus aveuglé par sa passion sensuelle pour Vitellia, Publio rompu aux intrigues du trône, Titus possédé de désordres et de désillusions. Dans ce palais où un mot peut répandre le sang ou les bienfaits se noue aussi un drame sur la confiance et le poison que dispense le pouvoir même dans les âmes honnêtes ou assoiffées d'honnêteté.

    Michael Schade (Titus) / © Hans Jörg Michel

    Au coeur de ce tourbillon, le Titus halluciné de Michael Schade domine par son inquiétante étrangeté la distribution. Ses accents de véhémence alternent avec la grâce la plus souriante et un sombre désespoir, en un chant visionnaire, rhétorique, de belle ligne, équilibrant idéalement l'héroïsme solaire de l'empereur, la délicatesse de l'ami sensible, et les terribles abîmes de noirceur d'une âme angoissée. Vesselina Kasarova et Dorothea Röschmann lui donnent suprêmement la réplique, l'une avec un art où absolument tout est discutable – attaques amorties par en dessous, hétérogénéité des registres, voyelles trafiquées – mais souverain, l'autre avec une flamme éblouissante en dépit d'une petite forme annoncée.

    On a rarement entendu Sextus nimbé de plus de miel adolescent, nourri de contradictions plus tendres ; sans doute pas le plus passionné, mais certainement le plus sensible. Quant à la Vitellia très féminine dont il s'est épris, elle n'est que rayonnement sensuel, jamais à court de fièvre, d'injonctions, très reine, très amante jalouse. Arrangeant avec beaucoup d'art sa partie, Röschmann évite les notes les plus aiguës du rôle – au-dessus du la – mais on se demande pourquoi, tant l'émission est ce soir homogène, nettement plus en tout cas qu'en 2003.

    Si Publio est toujours idéalement servi par le naturel et la classe de Luca Pisaroni, on est en revanche mitigé devant l'Annio impliqué mais au timbre un peu blanc de Malena Ernman et la Servilia ni gracieuse ni véritablement touchante de Veronica Cangemi. Elina Garanča naguère et même Barbara Bonney nous avaient paru plus convaincantes, encore que l'engagement soit intact. Il n'était pas de demander notre clémence : l'efficacité du chef, la ferveur du plateau et la force du spectacle ne pouvaient que convaincre.




    Felsenreitschule, Salzburg
    Le 29/08/2006
    Thomas COUBRONNE

    Reprise de la Clémence de Titus de Mozart mise en scène par Martin Kušej sous la direction de Christopher Moulds au festival de Salzbourg 2006.
    Wolfgang Amadeus Mozart (1756-1791)
    La Clemenza di Tito, opera seria en deux actes K. 621 (1791)
    Livret de Caterino Mazzolà d'après Métastase

    Konzertvereinigung Wiener Staatsopernchor
    Wiener Philharmoniker
    direction : Christopher Moulds
    mise en scène : Martin Kušej
    décors : Jens Kilian
    costumes : Bettina Walter
    éclairages : Reinhard Traub
    préparation des choeurs : Andreas Schüller

    Avec :
    Michael Schade (Tito Vespasiano), Dorothea Röschmann (Vittelia), Veronica Cangemi (Servilia), Vesselina Kasarova (Sesto), Malena Ernman (Annio), Luca Pisaroni (Publio).

     


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