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CRITIQUES DE CONCERTS 24 avril 2024

Version de concert de Salomé de Strauss sous la direction de Marc Albrecht à la salle Pleyel, Paris.

Éblouissante Salomé
© Marco Borggreve

Applaudissements à tout rompre à l'issue de cette grisante version de concert de Salomé à la salle Pleyel dont les avatars de programmation tout comme la prestation de premier ordre resteront sans doute dans les mémoires. Plateau d'une belle homogénéité, orchestre dans une forme olympique, direction volcanique et racée, on n'en espérait pas tant.
 

Salle Pleyel, Paris
Le 29/05/2007
Yannick MILLON
 



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  • On devait avoir Nina Stemme, James Johnson et Rainer Trost, on eut Janice Baird, Alan Titus et Wookyung Kim. D'avatars en rebondissements, le plateau de cette Salomé en version de concert aura eu bien du mal à se fixer, et force est de constater que ce sont les vétérans qui ont le mieux résisté aux constants changements de température d'un printemps bien capricieux.

    Anja Silja, plus à l'aise que dans la grande nef de Bastille, demeure une Hérodiade carnassière, projetant avec une pointe impitoyablement aiguisée les aigus de son soprano dramatique d'agilité d'antan. Une dureté parfaitement en phase avec le personnage, même si le médium n'est plus que béance comme on l'avait déjà constaté à plusieurs reprises. Chris Merritt compose quant à lui un Hérode toujours ravagé et psychotique, aux frontières de la folie, un monarque efféminé et libidineux, toute paranoïa dehors, chantant plus qu'il ne le faisait à l'Opéra en septembre dernier.

    Le Iokanaan sans jeunesse d'Alan Titus, stature impériale et crinière léonine, fort d'une belle solidité, d'une grande égalité des registres, demeure, en dépit de l'émission nasale et monochrome qu'on lui connaît, un modèle d'imperméabilité aux charmes de la princesse de Judée, avec qui il partage une certaine propension à passer en force.

    Présence féline, ampleur vocale incontestable, Janice Baird, plus qu'attendue pour ses débuts parisiens improvisés, darde quelques-uns de ses aigus phénoménaux dont elle a le secret au-dessus d'une masse orchestrale chauffée à blanc. On retrouve les raucités, l'engagement, les feulements à la Christel Goltz, ces graves poitrinés avec détermination, mais aussi un bas-médium déjà usé, une diction bien vague, un timbre plutôt impersonnel, et, plus gênant, une intonation dans les piani chutant au fil de la soirée, qui ruine quelques-unes des plus belles phrases du rôle-titre – geheimnisvolle Musik.

    Sans doute par trop cantonnée dans le monobloc d'une Elektra, d'une Teinturière, c'est principalement en termes de couleur, de soin dans la définition du timbre, de l'émission, que pèche cette Salomé impressionnante mais un rien mastoc, en comparaison notamment des Karita Mattila ou Catherine Naglestad récemment entendues dans la capitale.

    En définitive, la révélation de la soirée reste le Narraboth du Coréen Wookyung Kim, prodigieux de style, de diction, de « bien chantance Â», avec ce timbre viennois rond et admirablement projeté, cette lumière à la Wunderlich, ces attaques d'une rare sensualité.

    La direction de Marc Albrecht, dans le sillage de ses excellents Vaisseau fantôme de Bayreuth et Maison des morts à la Bastille, porte ce beau monde avec une efficacité théâtrale et un volcanisme que supportent moyennement les limites en volume de la nouvelle salle Pleyel.

    La souplesse des transitions, l'économie et la maîtrise du geste – montée en puissance très canalisée dans le Quintette des Juifs –, le rubato fin de siècle d'une Danse des sept voiles valsée avec décadence et par ailleurs proprement anthologique – la frénésie bruitiste de la percussion –, sont d'une lecture qui jamais ne se départit de la clarté absolue du tissu orchestral, d'une sonorité aérée offrant son luxe de détails – les harpes, la force de frappe des timbales.

    Mais surtout, après avoir vécu les déboires de l'Or du Rhin, comment ne pas être rasséréné par une cohésion sonore qu'on n'imaginait plus possible chez un Orchestre philharmonique de Strasbourg ce soir tout à fait à la hauteur, jamais pris en défaut d'endurance ou de virtuosité, véritable cerise sur le gâteau d'une soirée d'opéra tout simplement éblouissante ?




    Salle Pleyel, Paris
    Le 29/05/2007
    Yannick MILLON

    Version de concert de Salomé de Strauss sous la direction de Marc Albrecht à la salle Pleyel, Paris.
    Richard Strauss (1864-1949)
    Salomé, drame musical en un acte (1905)
    Livret d'Hedwig Lachmann d'après la pièce d'Oscar Wilde

    Orchestre philharmonique de Strasbourg
    direction : Marc Albrecht

    Avec :
    Janice Baird (Salomé), Chris Merritt (Hérode), Anja Silja (Hérodiade), Alan Titus (Iokanaan), Wookyung Kim (Narraboth), Hanne Fischer (un page), Olivier Ringelhahn (premier Juif), Kenneth Roberson (deuxième Juif), Peter Maus (troisième Juif), Kevin Conners (quatrième Juif), Alfred Kuhn (cinquième Juif), Andreas Hörl (premier Nazaréen / deuxième soldat), Andreas Kohn (premier soldat), Carlos Aguirre (deuxième Nazaréen), Patrick Bolleire (un Cappadocien), Naïra Ghazaryan (un esclave).

     


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