Pour sa troisième année sur la Colline, le Vaisseau fantôme mis en scène par Dmitri Tcherniakov, formidable moment de théâtre qui conserve la donnée maritime du livret dans un climat de film noir, recueille un succès bien mérité, grâce aussi à la direction de la cheffe Oksana Lyniv et un plateau dominé par Michael Volle.

Pendant près de trois heures, Tanguy de Williencourt, Jean-Frédéric Neuburger et Nathanaël Gouin se succèdent sur la scène du Parc du Château de Florans pour interpréter les Années de pèlerinage de Liszt. Au-delà du défi technique, chacun des interprètes parvient à incarner une étape du développement spirituel du compositeur.

Au paradis du piano, certaines journées thématiques permettent d’entendre des œuvres rarement interprétées, bien qu’elles proviennent de mains de compositeurs renommés. Ainsi le 31 juillet, trois concerts à deux pianistes laissent place aux pièces pour deux pianos et quatre mains de Schubert, Desyatnikov et Rachmaninov.

Lors d’une journée de concerts à deux pianistes, le Festival de la Roque-d’Anthéron invite en soirée les mari et femme Lukas Geniušas et Anna Geniushene, pour associer leur dextérité et leur puissance dans un programme consacré comme celui du matin intégralement à l’œuvre de Rachmaninov, en alternance quatre mains et deux pianos.

Nouvelle production de Bayreuth 2023, le Parsifal mis en scène par Jay Scheib, avec ou sans lunettes de réalité augmentée, reste un spectacle très fade et, plus étonnant, relativement convenu. Pour ses débuts dans l’abîme mystique, Pablo Heras-Casado réinvente une dramaturgie sanctionnée aux saluts, quand la distribution rafle la mise.

Devenu en moins de trois ans l’un des grands noms du piano international, Bruce Liu interprète cet été les deux concertos de Chopin lors d’un même concert à La Roque-d’Anthéron, pour y dévoiler toute la finesse de son toucher, accompagné par l’Orchestre Philharmonique de Marseille sous la direction de son ancien directeur Lawrence Foster.

Souvent entendu en petite formation, notamment dans l’ensemble L’Itinéraire, le pianiste Fuminori Tanada se révèle dans la petite Église de la Grave être un excellent récitaliste, aussi fin pour aborder son propre Prélude que les Méditations de son professeur Yoshio Hachimura ou les pièces de Michaël Levinas et Tristan Murail.

Pour la troisième année, le festival de Bayreuth présente le turbulent Tannhäuser du non moins turbulent Tobias Kratzer, avec un plateau dominé par Klaus Florian Vogt et Elisabeth Teige. Mais la production marque aussi cet été les débuts de Nathalie Stutzmann dans la fosse, qui malgré certaines imprécisions, fait des premiers pas plutôt prometteurs.

Présentes deux soirs au Festival Messiaen, Les Percussions de Strasbourg reprennent en intérieur le second soir Burning Bright de Hugues Dufour, mais fascinent surtout le premier avec Le Noir de l’étoile de Gérard Grisey, joué dans le cadre idyllique des montagnes alpines du Jardin du Lautaret, même par la température frisquette de 5° C.

Débuté en 1998 mais véritablement conçu comme un cycle depuis 2006, Portulan de Tristan Murail trouve sa forme définitive en douze pièces avec les deux dernières créées au Pays de la Meije, dans le cadre du Festival Messiaen. Devant le compositeur, l’ensemble L’Itinéraire achève par cette création un voyage de vingt-cinq ans.