Alors que tant de Ring prétendument chambristes retournent leur veste dès le deuxième volet, Ingo Metzmacher ne cède pas un pouce des intentions de son Or du Rhin dans cette Walkyrie d’un raffinement de textures inouï. La mise en scène de Dieter Dorn, pour être plus illustrative que dans le prologue, n’en demeure pas moins un modèle d’efficacité.

« Ma musique, ils l’appellent musique de l’asphalte parce qu’elle sent la grande ville, ce qui est pour moi un compliment Â», disait Kurt Weill. Asphalte berlinoise des annĂ©es 1920 que les interprètes de ce soir rĂ©ussissent finalement Ă  suggĂ©rer au fil d’un patchwork d’œuvres rarement jouĂ©es dans le cadre de nos concerts classiques. Une soirĂ©e originale et sĂ©duisante.

La joie de vivre présidait cet anniversaire en musique pour celui qui n’a cessé de l’offrir. Entouré de la vénération de ses partenaires, toutes générations confondues, Menahem Pressler a gardé sa place essentielle au piano, doublement héros de la fête donnée en son honneur salle Pleyel, inoubliable pour les bienheureux présents.

Si la distribution et la direction étaient contestables dans les Carmélites lyonnaises le mois dernier, c’est à Angers-Nantes Opéra que le plateau, d’une intelligibilité inespérée, frôle la perfection, tout comme la direction cassante et ascétique de Jacques Lacombe et les images constamment justes et empathiques de Mireille Delunsch.

Concert mitigé que celui de la Cité de la Musique, entre la pertinence incroyable du violon de Hilary Hahn et les aléas de la direction de Jaap van Zweden, atteignant au mieux une demi-réussite. Avec un orchestre très inégalement équilibré, chronique d'une alchimie pas toujours réussie entre interprètes et ouvrages.

Avant même que la production d’Aix-en-Provence ne devienne son testament artistique, la nouvelle Elektra de l’Opéra de Paris avait le désavantage de passer tout de suite après celle de Chéreau. Belles sinon puissantes, les images de Robert Carsen ne peuvent rien contre un souvenir trop prégnant, tandis que Philippe Jordan polit un orchestre qu’on aurait préféré plus brut.

Une Symphonie n° 1 et un Concerto pour piano n° 2 inoubliables ont marqué à tout jamais le public des deux premiers concerts de l’intégrale des symphonies et concertos de Brahms donnée par le Gewandhausorchester Leipzig sous la direction de Riccardo Chailly. Où, soliste du deuxième concerto, Arcadi Volodos s’est montré en totale osmose avec cet orchestre légendaire.

Dans le cadre intime du (petit) Palais Garnier de Monte-Carlo, écrin somptueux pour les deux perles (rares) de Menotti, Amelia al Ballo et The Telephone, on est sous le charme d’un spectacle défendu avec brio : élégante production de Jean-Louis Grinda, direction vive et fine de Plácido Domingo, et distribution épatante de virtuosité.

C’est au Louvre que Daniil Trifonov avait donné il y a un an, au concert de midi, son premier récital dans la capitale. Et c’est le soir qu’il y est revenu devant un public nombreux qui lui a réservé un accueil triomphal. Pour l’écouter, dans la salle rien moins que Martha Argerich et Renaud Capuçon, mêlés à la foule de ses admirateurs.

Ouverture de Glinka, Premier Concerto de Tchaïkovski, Cinquième Symphonie de Prokofiev : trois aspects de la musique russe nous étaient proposés par un Orchestre de Paris qu’on a connu plus en forme sous la direction de son directeur Paavo Järvi. Un concert claironnant où la participation de Yefim Bronfman fut d’une indiscutable exemplarité.