Pour la troisième année, le festival de Bayreuth présente le turbulent Tannhäuser du non moins turbulent Tobias Kratzer, avec un plateau dominé par Klaus Florian Vogt et Elisabeth Teige. Mais la production marque aussi cet été les débuts de Nathalie Stutzmann dans la fosse, qui malgré certaines imprécisions, fait des premiers pas plutôt prometteurs.

Débuté en 1998 mais véritablement conçu comme un cycle depuis 2006, Portulan de Tristan Murail trouve sa forme définitive en douze pièces avec les deux dernières créées au Pays de la Meije, dans le cadre du Festival Messiaen. Devant le compositeur, l’ensemble L’Itinéraire achève par cette création un voyage de vingt-cinq ans.

Invité de marque au Festival Messiaen 2023, Renaud Capuçon s’accompagne de Patrick Messina et Kian Soltani pour jouer à la Grave le Quatuor pour la fin du temps, particulièrement développé par ces deux musiciens, tandis qu’Hélène Mercier, présente également, se retrouve le lendemain à Saint-Chaffrey pour accompagner le violoniste en récital.

Non annoncé en début de saison, le concert du Philharmonique de Radio France avec Kantorow et Gardiner est venu s’ajouter à Paris pour être repris le lendemain en ouverture du Festival de Montpellier, et profite non seulement du jeune prodige français dans Beethoven, mais plus encore de l’extrême maturité du chef anglais dans Berlioz.

Un court programme Richard Strauss nécessitant des effectifs réduits forme la matière originale d’une commémoration très réussie. En plein festival qui les sollicite quotidiennement, les musiciens de l’Orchestre d’État de Bavière montrent une éloquence irrésistible. Leur directeur musical fait des Métamorphoses le plus bel hommage qui soit à un artiste.

Pour son entrée au répertoire du Festival d'Aix-en-Provence, Simon McBurney signe une sage et didactique mise en scène du Wozzeck de Berg, magnifiée par l'interprétation de Christian Gerhaher et Malin Byström avec le London Symphony Orchestra placé sous la direction de Simon Rattle. Un spectacle bien trop sécure pour la noirceur de l’ouvrage.

Dans le milieu de l’après-midi, quelques heures avant les grandes productions lyriques, le tandem Philip Venables-Ted Huffman invite dans la cité aux mille fontaines une quinzaine d’artistes multidisciplinaires pour un théâtre musical, The Faggots, qui porte la revendication queer au cœur du Festival d'Aix-en-Provence 2023.

En présentant une version de Guerre et Paix expurgée de ses oripeaux nationalistes, Tcherniakov et Jurowski ramènent l’opéra vers le roman humaniste de Tolstoï. Une production qui fait date aussi par la conjonction parfaite de ses forces artistiques. Mise en scène et orchestre mettent comme jamais en valeur une distribution d’une qualité renversante.

Six ans après sa Carmen controversée, Dmitri Tcherniakov fait son retour à Aix avec une lecture à la fois puissante et radicale de Così fan tutte, un spectacle qui se hisse assurément parmi les plus grandes mises en scène du dramma giocoso. Un remarquable hommage à l'œuvre avec laquelle s'était ouverte la première édition du festival en 1948.

L’actualité interroge toujours la figure tourmentée et violente du tsar russe. C’est ainsi que la mise en scène de Boris Godounov par Calixto Bieito conserve toute son acuité en un spectacle très fort. Sa violence et ses béances pourraient toutefois être décuplées par une direction en accord, mais celle de Vassili Petrenko se presse trop pour cela.