De retour au Théâtre des Champs-Élysées après un premier récital la saison passée, Bruce Liu crée l’évènement en partageant la scène avec son maître, Dang Thai Son, en son temps lui aussi lauréat du Concours Chopin de Varsovie. Ouvertes avec Rameau et Fauré, les deux parties de la soirée font ensuite la part belle au compositeur polonais.

Présente pour deux soirs devant l’Orchestre de Paris, Joana Mallwitz ouvre son programme par une Symphonie inachevée de Schubert raffinée, puis livre un Concerto pour piano n° 9 de Mozart léger avec Igor Levit, avant de surtout se démarquer dans la Symphonie n° 2 de Kurt Weill, où elle met à profit les timbres des musiciens français.

D’une équipe de chanteurs un peu inégale, Marc Minkowski tire le meilleur pour une soirée haendélienne d’une grande musicalité et d’une force dramatique peu commune à la Philharmonie de Paris. Si Anna Bonitatibus triomphe en Ruggiero par une douceur désarmante, Magdalena Kožená fait du rôle de la sorcière Alcina un portrait déchirant.

La 33e édition du Festival Présences fait la part belle à la compositrice coréenne Unsuk Chin et s'ouvre avec deux de ses pièces, accompagnées de deux créations : Sky Blue de Chia-Ying Lin et Chlorophyll Synthesis de Bastien David, avec son étonnant métallophone micro-tonal circulaire à 216 lames, toutes dirigées par Tito Ceccherini.

Dans un bel hôtel à deux pas de la Maison de la Radio, la soprano Chen Reiss prépare la relève avec une masterclass où, ce samedi soir, sept jeunes sopranos (dont les particulièrement inspirées Kristien Doumen, Anja Papa, et Leyli Alina Schoefer) interprètent chacune deux airs, dans un concert de restitution très bien accompagné par le piano de Morgane Fauchoix.

Le Pelléas mis en scène par Daniel Jeanneteau et Marie-Christine Soma revient à l'Opéra de Lille, après avoir été donné salle vide en disposition COVID en 2021. À la tête des Siècles, François-Xavier Roth livre une lecture d'une intensité et d'une émotion de tout premier plan, avec un cast 2023 quasi identique au précédent.

L’entrain, la chaleur interprétative ne font pas tout dans un concert. La prestation d’Antonio Pappano et de ses musiciens de l’Orchestre de l’Académie nationale Sainte-Cécile de Rome est l’illustration d’un certain manque de rigueur. Celle du pianiste Víginkur Ólafsson amène quant à elle à douter de sa propre musicalité dans le Concerto en sol de Ravel.

Déjà impressionnant pour son intégrale Schumann de 2015, Daniele Gatti revient en maître cette saison devant l’Orchestre National de France pour reprendre les quatre symphonies, le deuxième concert démontrant la maîtrise totale du chef pour porter un discours vif et intérieurement agité, particulièrement adapté aux tourments du compositeur.

Attendue depuis sa première à Madrid en 2021, la coproduction de Peter Grimes entre l’Opéra de Paris, le Teatro Real, Londres et Rome, ne déçoit en rien. Ce drame d’une communauté déclassée qui se referme jusqu’à l’exclusion violente d’un des siens est porté avec sobriété par la metteure en scène Deborah Warner et le chef Alexander Soddy.

Parmi les plus belles productions de Robert Carsen, celle pour l’opéra A Midsummer Night’s Dream de Britten d’après la pièce de Shakespeare est reprise à Rouen et parvient comme au premier jour à faire rêver et rire une audience totalement conquise, stimulée par la distribution et les chœurs d’enfants sous la direction de Ben Glassberg.