Christoph Eschenbach et l'orchestre de Paris se montrent décidément très en forme ces temps-ci. Dans un programme long et varié presque à l'excès, ils auront démontré leur habileté à alterner genres et styles avec maestria. Un orchestre et son chef promus au rang de « Docteurs es changements de disquette ».

Soirée sous forme d'anthologie de la musique arménienne par Orchestre National d'Ile-de-France dirigé par George Pehlivanian, lui-même d'origine arménienne. Si Khatchatourian est probablement le compositeur arménien le plus connu de par le monde, Komitas est le plus populaire, Aharonian représentant quant à lui une nouvelle génération prometteuse.

Dans le cadre des vastes – et complexes – cycles consacrés par la Cité de la Musique au Moyen Âge, les forces combinées d'Alla Francesca, de Discantus et d'Alta, emmenées par la chanteuse-harpiste Brigitte Lesne et le flûtiste Pierre Hamon, auront assurément créé l'événement. Rarement la musique médiévale a connu pareille débauche sonore, grâce notamment à la présence d'effectifs imposants.

Tout a été dit sur la mise en scène de cette production parisienne de La Traviata. Ses décors laids, ses costumes tour à tour clinquants ou glauques, sa désolante direction d'acteurs. En somme, on allait à cette reprise sans trop d'espoir, hormis celui que l'on plaçait dans les voix. Et l'on n'a pas été déçu.

Parmi les chefs invités cette saison à l'Orchestre de Paris, on aura pu noter la présence du Finlandais Jukka-Pekka Saraste, dans un programme Schönberg-Saariaho-Bartók riche en contrastes et en couleur orchestrale. Un chef jeune et décidé, au tempérament volcanique ; un concert sous le signe de la lumière nordique.

Une salle Gaveau comble était venue ovationner le rare pianiste américain Stephen Kovacevich pour un inoubliable récital Beethoven dont la fidélité au texte et aux intentions du compositeur ont permis à un public heureux de percevoir en ligne directe le magnétisme du maître de Bonn, sans fard ni déviance.

Formidable soirée d'opéra pour cette reprise de l'Elektra de Nicolas Joel à la Halle aux Grains de Toulouse, avec dans le rôle-titre l'incendiaire Janice Baird, qui semble être le grand soprano dramatique qui manquait à la scène lyrique depuis le retrait des immenses Varnay, Nilsson et Rysanek.

Après Beethoven et Mendelssohn, Kurt Masur engage l'Orchestre National de France dans un cycle Brahms dont le coup d'envoi était donné le jeudi 25 mars au Théâtre des Champs-Élysées. Pour commencer, un Concerto pour violon avec Anne-Sophie Mutter un rien distancié et une 1e symphonie au souffle romantique admirablement maîtrisé.

Drôle de concert de l'Orchestre de Paris en hommage à Giulini, à l'occasion de ses 90 ans. Eschenbach a bien du mal à convaincre dans un Stabat Mater de Szymanowski excessivement noir, et alors qu'il n'avait fait qu'une bouchée de la monumentale 3e symphonie de Mahler il y a deux mois, il se prend les pieds dans les multiples pièges agogiques de la plus modeste 4e.

Sur le nom de Ravel et de Puccini, Hugues Gall offre Ă  l'OpĂ©ra de Paris une de ses plus belles soirĂ©es, oĂą chacun mĂ©rite d'ĂŞtre saluĂ©. On se fait complices des amours contrariĂ©es de Conception la bouillante espagnole, on savoure la « combinazione Â» de MaĂ®tre Schicchi, et on admire. Et puis il y a la prĂ©sence de Seiji Ozawa, qui triomphe et enfièvre le public.