En recourant paresseusement à l’univers du film noir, Benedict Andrews donne une Dame de Pique superficielle et aculturée. La baguette très inspirée d’Aziz Shokhakimov sauve la donne en apportant tout le caractère russe absent de la scène et en donnant pleinement vie au drame que porte une bonne distribution où l’étoile de Lise Davidsen n’en finit plus de monter.

Au festival d’été de Munich, le travail scénique tiré à quatre épingles de Jetske Mijnssen ne parvient pas à pénétrer les mystères de Pelléas et Mélisande. Heureusement, la direction d’Hannu Lintu apporte une vision tandis qu’au sein d’une solide distribution Sabine Devieilhe fascine par une conception volontaire de son personnage.

Au festival de Montpellier, entre Beethoven, Brahms et Prokoviev, Evgeny Kissin continue de montrer sa maîtrise des répertoires en combinant une lecture personnelle très intelligible et un respect des structures et des esthétiques. D’une virtuosité éclatante, il évolue vers un jeu plus apaisé qui offre un ravissement renouvelé.

Nicolas Baldeyrou, membre de l’Orchestre Philharmonique de Radio France, investit l’un des plus beaux cadres du festival Radio France Occitanie Montpellier, la collection Soulages du Musée Fabre, dans un programme pour clarinette solo concocté avec finesse autour du célèbre peintre, dans une magnifique alternance d’ombre et de clarté.

Le deuxième concert d’orchestre du festival de Montpellier 2024 met à l’honneur les Kindertotenlieder et la Symphonie n° 4 de Gustav Mahler. Bien que toutes deux empreintes de profondeur et de complexité, ces œuvres reflètent deux états d’esprits distincts portés par Marianne Crebassa, Melody Louledjian, Mikko Franck et l’Orchestre Philharmonique de Radio France.

Entre raretés et classiques, Les Siècles et Louis Langrée offrent un programme français vibrant dans lequel les influences se croisent. À Fauré succède un Ravel de jeunesse entendu pour la première fois. Renaud Capuçon, quant à lui, s’empare d’une partition de Charlotte Sohy, compositrice encore rare dans les salles de concert.

Samson, tragédie lyrique de Rameau de 1733 considérée comme perdue, est reconstituée et donnée en première mondiale par Raphaël Pichon et le metteur en scène Claus Guth, assurément l'un des spectacles majeurs de cette édition 2024 du festival d'Aix-en-Provence. Le projet est très cohérent et porté par un plateau ambitieux et une belle direction musicale.

Dernière grande production lyrique de l’été aixoix, Andrea Breth propose une Madame Butterfly de Puccini, à l’occasion du centenaire de la mort du compositeur italien, qui hésite entre classicisme et clichés, sauvée vocalement par la prestation d’Ermonela Jaho et la direction véhémente de Daniele Rustioni qui secoue la torpeur et sauve la soirée.

Huit ans après sa création, Pelléas et Mélisande dans la mise en scène de Katie Mitchell revient au Festival d'Aix-en-Provence, revu et (légèrement) corrigé, toujours avec des changements de décors à couper le souffle, un plateau ambitieux et sous la direction soyeuse et subtile de Susanna Mälkki à la tête de l'Orchestre de l’Opéra de Lyon.

Après Le Coq d'or et Falstaff en 2021, le metteur en scène Barrie Kosky revient à Aix-en-Provence avec les Eight Songs for a Mad King de Peter Maxwell Davies et les Kafka-Fragmente de György Kurtág donnés dans le cadre du Théâtre du Jeu de Paume. Deux œuvres inclassables de théâtre musical qui tiennent surtout grâce au jeu des trois acteurs-interprètes.