









|
 |
L'ACTUALITE DE LA DANSE |
05 juillet 2025 |
 |
Si l'on veut avancer dans la recherche chorégraphique et apporter du nouveau à la vie de la danse, mieux vaut certainement une proposition comme celle de ce Festin plutôt que la stupide course à la provocation et au « branché » de tant de prétendus créateurs actuels. Pour nous rendre encore plus palpable l'énergie du danseur, son côté charnel, la présence de son corps en action, pour faire totalement tomber la distance séparant traditionnellement la scène de la salle, même dans les théâtres les plus modernes, Brumachon a organisé l'espace du studio Jacques Garnier comme une vaste table carrée autour de laquelle prennent place environ quatre vingts spectateurs. Au centre de ce vaste quadrilatère et sur les planches de bois rude, dix-huit danseurs dont Brumachon et Lamarche vont se jeter, parfois avec violence, dans une chorégraphie très élaborée, très structurée, tant au niveau individuel que collectif.
On y reconnaît d'emblée une certaine force intérieur tantôt libérée comme par décharges, tantôt contenue, typique de l'écriture de Brumachon. On y reconnaît aussi sa science des groupes, de leur agencement et de leur dispersion, avec ces étranges moments de douceur qui touchent au rêve et ponctuent l'engagement physique extrême qui prévaut toujours. On pourrait toucher du doigt les interprètes, mais ce sont eux qui, par instant effleurent tel membre du public. Une excellent bande son aux musiques très diverses, orientalisantes, baroques ou autres, de beaux éclairages, le rouge des costumes, ce climat de rituel festif et cruel nous fait penser à Dante et au Décameron, mais surtout nous oblige à vivre différemment notre rapport au danseur, dont l'énergie la plus intime ne peut plus ici nous échapper.
Une très belle pièce, étrange, qui donne à réfléchir mais qui rassure sur la vitalité actuelle de la danse française. Comme quelques-uns de ses collègues : Gallotta, Preljocaj, Malandain et Nadj notamment, Brumachon poursuit un vrai travail de chorégraphe sans tomber dans les dérives débiles, stériles et snobs de tant d'autres. C'est réconfortant pour le présent et l'avenir de cet art en des temps au à peu près n'importe qui s'autoproclame chorégraphe et créateur.
|  | |

|
Studio Jacques Garnier, Nantes Le 19/04/2004 Gérard MANNONI |
 | Le Festin, de Claude Brumachon au studio Jacques Garnier, Nantes. | Le Festin
chorégraphie : Claude Brumachon.
assistant : Benjamin Lamarche
Eclairages : Olivier Tessier
bande son : Anthony Baizé
décor : Jean-Jacques Brumachon
Danseurs du Centre Chorégraphique de Nantes Claude Brumachon – Benjamin Lamarche |  |
|  |
|  |  |
|