Avec la réussite de Bâche, Koen Augustijnen prouve que l'on peut allier les ingrédients les plus divers et construire un spectacle divertissant, touchant, drôle, plein de poésie et d'humanité, tout en pratiquant de la vraie danse. Le message était important à faire passer.

Avec pour musique essentiellement des airs de Purcell chantés en direct par le contre-ténor Steve Dugardin qui prend souvent part aussi à l'action chorégraphique, il s'agit d'une sorte de divertissement ludique et en même temps sérieux, parfaitement construit tout en gardant l'apparence d'une certaine décontraction proche de l'improvisation.

Un peu comme Sidi Larbi Cherkaoui, Koen Augustijnen nous promène sans ménagement d'un climat à l'autre. Nous sourions, nous rions et déjà nous sommes dans une phase plus intérieure, laquelle ne va guère durer longtemps. Et ainsi de suite. Les solos très brillants teintés de hip-hop ou plus ouvertement acrobatiques encore enchaînent sur des ensembles ou des manipulations corps à corps originales et spectaculaires.

Il y a de la tendresse, de l'énergie, une complicité rendue volontairement évidente entre les protagonistes, toujours un peu au second degré. On admire la finesse avec laquelle tout cela est élaboré, on aime même, ce qui est rare, le passage parlé où chacun raconte sa vie à sa manière et qui est assez irrésistible.

Soixante-quinze minutes de spectacle inventif, personnel, qui nous change des prétentions intellectuelles fumeuses qui rebutent le public de bien d'autres créateurs actuels.