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L'ACTUALITE DE LA DANSE |
01 mai 2025 |
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Entrée au répertoire de l'Opéra de Paris de la Dame aux camélias de John Neumeier.
La Dame aux Camélias (1) :
Les feux de la passion
Aurélie Dupont et Manuel Legris
Entrée au répertoire du vaste ballet que John Neumeier créa à Hambourg en 1978. Dans un contexte très décoratif, le drame de Dumas qui inspira la Traviata à Verdi bénéficie ici de la sublime musique de Chopin, d'une interprétation hors pair et d'une décoration de grande classe. Un ballet très à sa place sur le plateau de Garnier et dans les chaussons de cette grande compagnie.
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Après le Songe d'une nuit d'été, Casse-Noisette et Sylvia, voici un autre grand ballet narratif de John Neumeier entré au répertoire de l'Opéra. C'est une oeuvre parfaitement à sa place ici, car elle nécessite de grands moyens, beaucoup de très bons danseurs et une exécution musicale du plus haut niveau.
L'Opéra de Paris est en mesure de fournir tout cela et l'ensemble de ses forces artistiques ne peut que bénéficier à se confronter à ce type de défi. Devant l'abondance des rôles, la complexité de la chorégraphie, la maîtrise de la narration par le chorégraphe, on comprend l'enthousiasme des danseurs maison qui souhaitaient depuis longtemps aborder cet univers.
Avec beaucoup d'habileté, John Neumeier nous raconte cette histoire mythique, sachant prendre une distance si bien mesurée qu'elle lui permet de garder sa liberté d'approche sans rien trahir de l'anecdote. Les feux de la passion qui vont détruire cette héroïne hors norme, sont montrés à la fois sous leur aspect le plus superficiel à travers le comportement d'une société décadente et cruelle, et sous leur aspect le plus touchant grâce au ballet dans le ballet qui introduit un parallèle avec la non moins malheureuse Manon Lescaut.
Ballet dans le ballet
Tout est si habilement construit que la clarté reste absolue malgré l'enchevêtrement des thèmes et la multiplicité des personnages. La chorégraphie parodique du ballet dans le ballet n'est jamais excessive dans ses outrances ni jamais vulgaire, celle du drame lui-même est étonnante et parfois perturbante par ses contrastes et sa variété.
Par moments, car il faut aller au bout de la musique quand on choisit des pages entières de Chopin aussi développées que celles du 2ee concerto pour piano ou la Ballade en sol mineur par exemple, elle se perd un peu dans uns stylisation de bon aloi qui cache d'ailleurs de redoutables difficultés techniques, pour exploser soudain en des hardiesses d'une grande beauté et d'un impact foudroyant. Tout est difficile, d'ailleurs, dans cette danse, ces portés périlleux, athlétiques mais si beaux, ces ralentis éthérés et ces brusques violences, ces enchevêtrements de petits pas et ces grands élans où il faut être large et danser généreux.
Nos danseurs sont à la fête et sauvent par leur talent qui n'a jamais été plus évident ce que certains passages pourraient avoir de trop développé ou de trop évanescent. Devant le couple formé par Aurélie Dupont et Manuel Legris, on ne peut plus se poser de questions. Ils sont d'une telle évidence dans la passion, dans le déchirement intérieur, dans la splendeur d'une danse à son zénith en tous domaines, qu'ils nous entraînent où ils veulent.
Un vrai sens du théâtre
Tous les autres emplois sont tenus avec le plus absolu investissement, de l'esprit, de l'abattage, un vrai sens du théâtre, une intelligence permanente de ce langage pourtant dur à maîtriser, qu'il s'agisse du couple Manon–Des Grieux assuré par Isabelle Ciaravolla et José Martinez, de la dangereuse et belle Prudence Duvernoy incarnée par Nolwen Daniel, du sculptural Duc de Laurent Novis, de l'impressionnant Père de Michael Denard, de la délicate Olympia de Myriam Ould-Braham à la très belle danse, du Gaston Rieux éclatant de Karl Paquette et de tous les autres, le virevoltant Simon Valastro ou les trois soupirants Christophe Duquenne, Josua Hoffalt et Nicolas Paul. N'oublions pas non plus Natahlie Aubin dans une composition inattendue où elle apparaît en vrai comédienne.
Et puis il y a l'orchestre et son chef Michael Schmidtsdorff et les deux excellents pianistes, Emmanuel Strosser et Frédéric Vaysse-Knitter, tous en charge de la musique de Chopin. Ils contribuent eux aussi à la réussite d'un spectacle longuement acclamé par un public comblé par ce qu'il a vu et entendu.
D'autres distributions, comme à l'accoutumée, vont suivre, selon un ordre quelque peu bouleversé puisque Hervé Moreau blessé a dû renoncer à son rôle, privant du même coup Agnès Letestu de cette première. On la verra néanmoins en juillet avec Jiri Bubénicek pour partenaire, mais avant seront déjà parus dans les rôles principaux Clairemarie Osta et Mathieu Ganio, Eleonora Abbagnato et Benjamin Pech.
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Palais Garnier, Paris Le 20/06/2006 Gérard MANNONI |
 | Entrée au répertoire de l'Opéra de Paris de la Dame aux camélias de John Neumeier. | La Dame aux camélias
Emmanuel Strosser et Frédéric Vaysse-Knitter, piano
Orchestre de l'Opéra national de Paris
direction : Michael Schmidtsdorff
musique : Frédéric Chopin
chorégraphie et mise en scène : John Neumeier
décors et costumes : Jürgen Rose
éclairages : Rolf Warter
Avec les étoiles, les premiers danseurs et le corps de ballet de l'Opéra national de Paris. |  |
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