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L'ACTUALITE DE LA DANSE |
06 juillet 2025 |
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Faut qu'on parle, de Hamid Ben Mahi et Guy Alloucherie au Théâtre de Chaillot, Paris.
La danse des mots
La danse pour oublier un certain monde et la parole pour dire ce monde où ceux qui vivent ne sont pas forcément présents dans la salle. Voici le mariage orchestré avec finesse par Hamid Ben Mahi et Guy Alloucherie. Un joli solo léger et grave à la fois utilisant le hip-hop sans esbroufe et le mode branché du récit autobiographique sans moi-je.
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Un bonheur si proche
L’addiction de la danse
[ Tout sur la danse ]
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Chaillot, salle Gémier. Sur scène, presque rien, un vieux canapé, une ou deux chaises, une table, un écran, mais il se passe quelque chose. Hamid Ben Mahi prend la parole et l'on reste suspendu à ses lèvres, il esquisse quelques pas de hip-hop et l'on tombe sous son charme. Il parle, il danse tout en douceur. Hamid, Hamidou comme l'avait surnommé sa maîtresse d'école justement parce qu'il était doux.
La vérité sort de la bouche d'Hamid, simple, sévère, quelquefois drôle, souvent grave. Il parle de son enfance, d'aujourd'hui, d'hier sans concession, sans complaisance, sans envie d'attendrir. Il dit juste ce qui est. Calme mais implacable. Une certaine grâce de Petit Prince tombé du ciel. D'ailleurs, et c'est assez touchant, avec son look de hip-hoppeur de base, baskets, chaussettes et baggy à mi-mollet, il fait davantage penser à un gosse en culottes courtes qu'à un caïd de cité.
La cité, il est tombé dedans tout petit. Celle des Aubiers de Bordeaux. Il est mal tombé ; c'est en somme ce qu'il nous dit quitte au passage à blesser sa mère. « Elle n'aimerait pas que je dise cela ». Mais c'est plus fort que lui. Ce spectacle vient d'une envie de dire : « faut qu'on parle ! » On, c'est lui la plupart du temps, arrimé devant nous à son micro les yeux dans les yeux, qui parle de lui et aussi des autres, pour les autres, comme pour que l'on comprenne.
Ce qu'il nous dit du manque, de la honte, de l'ennui n'est pas si facile à entendre car même si le ton n'est jamais pesant, il sait être grave. Hamid a l'art de nous mettre face au mur. Celui par exemple du nouvel Auchan qui se construit et que lui et les autres regardent justement se construire ; parce qu'il n'aurait rien d'autre à faire. Heureusement pour lui, heureusement pour nous, il y a la danse. De bien jolies pirouettes pour échapper à un récit qui gêne et pose pas mal de questions.
C'est la danse, dans son histoire, qui lui offre un ailleurs : New York, école Alvin Ailey, bien jolie, un peu trop même à son goût, et pas donnée. Dans la rue la danse est gratuite. Certains mots ne le sont pas. Là -bas, l'ironie c'est que pour ses frères de hip-hop il est « le français ». Et puis retour en France et retour en Algérie pour voir le père. Et puis aussi par hasard la grand-mère. Il ignorait en avoir une. Avec un sourire elle lui dit : « il y a longtemps qu'on t'attendait ».
Danser suave et serein
C'est ainsi que son spectacle s'achève. Sur ces points de suspension. C'est dire que rien n'est fini. On attend de Hamid et son comparse en écriture et conception de ce solo, Guy Alloucherie, de reproduire encore cet état de grâce pour dire le réel sans la brutalité scandée du rap et ses incantations guerrières et danser suave et serein comme il le fait pour y échapper. On attend de lui mieux aussi que ce zeste d'anti-Sarkozysme primaire au gré du témoignage d'une femme sur l‘écran, qui fait applaudir certains dans la salle comme à Guignol. Quoi qu'on en pense, ce n'était pas la peine. Une perche facile, dérisoire.
On préfère celle tendue à l'ami assistant Hassan Razak qu'il invite au final à monter sur scène et à faire son propre numéro de claquettes avec les pieds et les mains. Tout en longueur avec des membres de héron, Hassan a une dégaine unique. La grande classe !
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Théâtre national de Chaillot, Paris Le 04/05/2007 François FARGUE |
 | Faut qu'on parle, de Hamid Ben Mahi et Guy Alloucherie au Théâtre de Chaillot, Paris. | Faut qu'on parle
mise en scène : Guy Alloucherie
chorégraphie : Hamid Ben Mahi
dramaturgie, vidéo : Martine Cendre
assistant, conseiller artistique : Hassan Razak
scénographie, éclairages : Frantz Loustalot
environnement sonore : Nicolas Barillot
régie générale : Antoine Auger
Avec : Hamid Ben Mahi |  |
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