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L'ACTUALITE DE LA DANSE |
01 mai 2025 |
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Zatoïchi de Carlotta Ideka au Ballet de l'Opéra national de Bordeaux.
Pour Charles Jude
Ouverture du Novart 2007 de Bordeaux avec la création mondiale au Grand Théâtre de Zatoïchi, ballet de la Japonaise Carlotta Ikeda d'après une nouvelle de Kan Shimozawa et sur une belle partition commandée à Christian Lauba. Charles Jude impose heureusement une magistrale composition, malgré une chorégraphie inexistante.
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S'il n'y avait dans cette création la très marquante composition réalisée par Charles Jude, directeur du Ballet de l'Opéra national de Bordeaux pour qui cette chorégraphie a été conçue, on pourrait s'interroger sur le trou d'air quasi total caractérisant l'inspiration et le travail de Carlotta Ikeda. Il n'y a en effet quasiment pas un pas de danse dans ce qui s'appelle pourtant un ballet. Du mime, du mimodrame, des mimiques, tout ce que l'on voudra, et que les excellents danseurs de la compagnie assument avec un professionnalisme et un mérite qu'il faut admirer, mais de ce que l'on appelle généralement chorégraphie ou danse, on peut en chercher en vain.
Et pourtant, la légende et le texte inspirant cette oeuvre pouvaient se prêter à tout ce qu'on voulait. Un personnage central, étonnant vieux masseur aveugle et errant mais imbattable au combat de sabre ou de bâton, un samouraï jaloux et désespéré d'avoir dû tuer son infidèle épouse, tout un petit peuple de paysans, de geishas et de yakuzas, que demander de plus ?
En panne totale d'inspiration, Carlotta Ikeda n'a pas utilisé les possibilités pourtant brillantes des danseurs de la compagnie, ne réalisant qu'une sorte de conte naïf et figuratif au premier degré, sans faire appel à aucun type de langage chorégraphique, ni le contemporain, ni le classique, ni encore moins le Buto dont elle est théoriquement spécialiste.
Pâle caricature de samouraï
Charles Jude, lui, n'a pas raté l'occasion de montrer son talent bien connu sous un jour qui l'est moins. Voûté, maladif mais redoutablement agile et fort le moment venu, il crée un personnage d'anthologie sur qui repose la quasi totalité de l'intérêt du spectacle. Car un aussi beau danseur qu'Igor Yebra, Étoile de la compagnie, ne se voit transformé qu'en une très pâle caricature de samouraï. Un vrai gâchis ! En petite fille, Stéphanie Roublot fait ce qu'elle peut pour exister. Elle y parvient, malgré ici encore le côté minimaliste de ce qu'on lui demande.
Les points forts du spectacle, il faut donc les chercher ailleurs que dans la danse. Il y a d'abord la partition, remarquablement conçue par Christian Lauba qui a su trouver des couleurs orientales typées mais sans excès, grâce à un très intelligent travail sur les timbres des instruments de l'orchestre symphonique traditionnel, dirigé par Geoffrey Styles. Il y a aussi la qualité du travail de scénographie, d'images, de lumières, de costumes, beau travail d'équipe de Stéphane Vérité, Romain Sosso, Patrick Téroitin et Christian Dubet.
Carlotta Ikeda, japonaise, réside à Bordeaux depuis de longues années. Elle connaît donc aussi bien les légendes de son pays d'origine que les possibilités des danseurs du Grand-Théâtre. On s'explique mal comment elle a pu passer ainsi à côté d'une si belle occasion.
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