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L'ACTUALITE DE LA DANSE 19 juin 2025

Reprise de Raymonda dans la chorégraphie de Rudolf Noureev à l’Opéra de Paris.

Raymonda (1) :
Une certaine pesanteur

© Julien Benhamou

Marie-Agnès Gillot et José Martinez

Premier grand ballet classique remonté par Noureev pour la compagnie lorsqu’il prit en 1983 la direction du Ballet de l’Opéra, Raymonda revient à l’affiche après une assez longue absence. Prise en charge par une partie de la nouvelle génération d’Étoiles et de danseurs, la chorégraphie paraît souvent perdue dans la pesante beauté des décors et costumes de Nicholas Georgiadis.
 

Palais Garnier, Paris
Le 01/12/2008
Gérard MANNONI
 



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  • Certaines comparaisons sont difficiles Ă  soutenir. MĂŞme s’il est très probable que l’immense majoritĂ© des spectateurs actuels n’ont pas vu la première reprĂ©sentation de cette Raymonda version Noureev concoctĂ©e pour Paris, comment ne pas songer Ă  cette soirĂ©e de 1983 oĂą sur le plateau se trouvèrent rassemblĂ©es tant d’Étoiles pour la plupart de toute première grandeur, Ă  savoir Charles Jude et Elisabeth Platel, entourĂ©s de Jean Guizerix, Monique Loudières, Claude de Vulpian, des tout jeunes Laurent Hilaire et Manuel Legris encore Sujets, de Patrick Dupond et Françoise LegrĂ©e et mĂŞme de la mythique Yvette ChauvirĂ© dans le rĂ´le de la Comtesse ?

    Dur dur pour ceux qui s’attaquent aujourd’hui à ces personnages dont les pas avaient été modelés sur mesure pour cette incroyable galaxie. Tous les grands noms de la génération dite dorée devaient d’ailleurs vite prendre la relève, les Guillem, Guérin, Maurin et autres merveilles, sans oublier les stars comme Pontois ou Thesmar, Noureev en personne et tant d’autres encore.

    Est-ce parce que Raymonda est, avec Casse-Noisette, le seul Noureev encore donné dans les décors et costumes de Georgiadis que certains interprètes ont du mal à s’imposer dans la lourdeur orientale de la décoration ? Est-ce à cause des multiples candélabres, des lourdes tentures, des rouges sombre et des dorures, de la complication des costumes et des coiffures, de l’extrême complication aussi de la chorégraphie qui rassemble à peu près toutes les manies de Noureev, aux côtés de certaines de ses plus belles variations ?

    Mais l’ensemble paraît bien encombré, parfois confus, ralenti par certaines scènes d’une inutilité aujourd’hui évidente, alors que la fin de l’acte II est curieusement amputée de sa brillante conclusion. Peut-être aussi que la compagnie n’a pas eu le temps d’assimiler dans sa totalité cette accumulation de pas, d’ensembles, de personnages et que les autres représentations trouveront leur vrai rythme, notamment celles destinées à la captation qui fera l’objet d’un DVD et d’une diffusion abrégée pour Noël.

    Reconnaissons que l’une des gloires du Ballet de l’Opéra est de parvenir d’habitude à donner un nouveau souffle, une jeunesse nouvelle à ces grands ouvrages de répertoire. Ce n’est pas vraiment le cas pour cette première.

    Et pourtant le couple principal ne peut guère encourir de reproches. Marie-Agnès Gillot, dont on pouvait craindre que le rôle-titre ne corresponde pas vraiment à sa personnalité, se tire d’affaire avec bravoure et panache. Très technique, ample, assurée, la qualité de sa danse compense largement ce que la composition du personnage pourrait manquer de sensualité, voire de fragilité.

    Le grand succès de Nicolas Le Riche

    José Martinez est Jean de Brienne, rôle finalement assez ingrat car doté de variations très difficiles sans pour autant être un vrai personnage de théâtre à construire. Ici encore, la perfection de la danse permet au héros d’être autre chose qu’un joli soldat de plomb. Nicolas Le Riche bâtit son interprétation d’Abderam plus sur la sensualité que sur une virilité agressive. La puissance de ses sauts et de ses jetés, sa présence toujours aussi magnétique lui assurent un grand succès public.

    Physique idéal de danseur noble, Florian Magnenet semble un peu gêné par sa grande taille pour trouver toute la rapidité et la vivacité des pas très pervers inventés par Noureev pour Bernard, alors que Josuah Hoffalt brille en Béranger car il a les qualités requises. Mais qui égalera jamais Hilaire et Legris dont la personnalité incroyable déjà avait stimulé l’imagination de Noureev ? Malgré, une fois encore, le côté étouffant du contexte décoratif, Dorothée Gilbert impose une Henriette fulgurante de piquant, d’éclat et de virtuosité, alors que la si jolie et trop discrète Emilie Cozette disparaît justement un peu dans les fastes de la production.

    Le Corps de ballet dans son ensemble paraît plus soucieux d’exécuter correctement des pas que sans doute beaucoup découvraient que de créer un climat, un univers, d’autant que ces costumes et ces coiffures tellement chargés n’aident pas les corps, surtout ceux des garçons à s’exprimer librement. Cela viendra certainement au fil de cette logue série de représentations, car, n’oublions pas que certains danseurs, dont Marie-Agnès Gillot, étaient il y a une semaine à peine en Allemagne, défendant l’Orphée et Eurydice de Pina Bausch, un autre monde, une autre technique, une autre approche de la danse et du théâtre !

    Mais curieux et pourtant attachant ballet que Raymonda, avec ce livret où il ne se passe quasiment jamais rien, un rêve, un enlèvement raté, un duel et une fête de mariage, doublé d’une partition opulente, rutilante, plus orientale que nature. Ballet d’action ou ballet abstrait ? On peut s’interroger. D’autres distributions vont maintenant alterner. Nous aurons l’occasion d’en parler.




    Palais Garnier, Paris
    Le 01/12/2008
    Gérard MANNONI

    Reprise de Raymonda dans la chorégraphie de Rudolf Noureev à l’Opéra de Paris.
    Raymonda
    chorégraphie et mise en scène : Rudolf Noureev d’après Marius Petipa
    musique : Alexandre Glazounov
    décors et costumes : Nicholas Georgiadis
    éclairages : Serge Peyrat

    Orchestre Colonne
    direction : Kevin Rhodes

    Avec les Étoiles, les Premiers Danseurs et le Corps de ballet de l’Opéra national de Paris.

     


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