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L'ACTUALITE DE LA DANSE |
07 mai 2025 |
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Programme Millepied-Paul-McGregor au ballet de l’Opéra national de Paris.
Un vrai chorégraphe
Dans ce programme composite donné au Palais Garnier, entre deux chorégraphes jeunes et confirmés – Benjamin Millepied pour Amoveo et Wayne McGregor pour Genus –, s’impose un nouveau venu issu du Corps de ballet de l’Opéra. Avec Répliques, Nicolas Paul signe une création qui le confirme comme un authentique chorégraphe.
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On ne découvre pas vraiment Nicolas Paul. Excellent danseur, Sujet dans le Corps de ballet et pourquoi pas Premier Danseur potentiel, ce tout juste trentenaire très actif et créateur, a déjà signé en marge de la grande compagnie et dans les spectacles Jeunes chorégraphes maison, plusieurs pièces de valeur révélant une vraie nature de chorégraphe.
En lui confiant cette fois huit danseurs et la scène de Garnier, en lui proposant la collaboration de Paul Andreu, Brigitte Lefèvre, qui connaît bien ses troupes, prenait certes un risque mais savait ce qu’elle faisait. La réussite incontestable de Répliques lui donne raison. Traitant du double et de notre rapport à l’image, élément omniprésent dans le travail et la vie du danseur, mais important facteur de construction pour tout un chacun depuis l’enfance sous de multiples formes, Nicolas Paul aborde un thème vaste et fondamental.
Il le fait avec beaucoup de maîtrise, un goût très sûr, un remarquable sens des nuances, de la sincérité, une totale absence d’exhibitionnisme et une subtilité teintée de discrétion qui apporte à la fois une appréciable fraîcheur et une grande crédibilité à son propos. Rien d’inutile ni d’accrocheur, rien que de l’essentiel, dans la très belle sobriété des décors de Paul Andreu et des costumes d’Adeline André, que les lumières de Marjid Harimi rendent encore plus parlants.
C’est concis, fortement structuré, dans un langage chorégraphique personnel déjà bien défini, où le geste est précis, le rapport des corps épuré, l’espace intelligemment distribué sur les divers plans évoquant la multiplicité des images semblables ou en rupture. Nous sommes dans une sorte de lieu tout aussi abstrait que concret, là où la pensée prend des formes aussi éphémères que présentes, aussi promptes à disparaître ou à muter qu’à hanter notre imagination.
Si l’on sait la faire parler, la danse est le langage le plus apte avec la poésie et peut-être la musique, encore que celle-ci ait un autre type d’impact sur la sensibilité, à traduire ces états intermédiaires, émouvants et magnifiques dans leur incitation au rêve. Une superbe distribution où tout le monde se donne avec foi et ce talent viscéral des danseurs de l’Opéra réunit Isabelle Ciaravola et Stéphane Bullion, Muriel Zusperreguy et Josuah Hoffalt, Christelle Granier et Jean-Christophe Guerri, Charlotte Ranson et Bruno Bouché.
La nouvelle version d’Amoveo, pièce créée en 2006 par Benjamin Millepied et qu’il a reprise et révisée, confirme l’impression faite lors de la création. La chorégraphie est inventive, tonique, personnelle, alliant fluidité et force, dans un style qu’on ne peut qualifier ni de classique, bien qu’il en ait les bases, ni de révolutionnaire, bien qu’il en ait la liberté, ni de néoclassique, bien qu’il en ait l’inspiration.
Il y a de la couleur, avec cet original rapport entre les géométries mouvantes des projections et celles des corps des danseurs sur la musique Phil Glass. Aurélie Dupont est comme toujours magique de grâce, de finesse, de précision, Nicolas Le Riche magnifique de présence et de rayonnement. Tous les autres sont très investis et convaincants.
Créé ici même en novembre 2007, Genus du Britannique Wayne McGregor nous entraîne dans un voyage vers nos origines en s’inspirant des travaux de Darwin. Dans un contexte visuel discutable – décors et costumes de Vicki Mortimer, vidéo de Ravi Deepres assez glauques – la chorégraphie s’impose par la force de ses structures et l’homogénéité de son langage.
C’est un peu trop long, un peu trop répétitif, mais le travail de base est riche, les idées sont originales et cohérentes. Et c’est très bien dansé, notamment par Stéphane Phavorin, délié, agile, rapide, Christophe Duquesne, Simon Valastro, l’excellente Stéphanie Romberg, tous les autres dont Isabelle Ciaravolla et Charline Giesendanner.
Une soirée à la fois d’une belle unité et d’une réelle diversité, marquée par le succès – le public ne s’y est pas trompé – de la création très applaudie de Nicolas Paul.
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Palais Garnier, Paris Le 13/11/2009 Gérard MANNONI |
 | Programme Millepied-Paul-McGregor au ballet de l’Opéra national de Paris. | Amoveo
chorégraphie : Benjamin Millepied
musique : Philip Glass
décors et costumes Paul Cox
éclairages : Madjid Hakimi
Répliques
chorégraphie : Nicolas Paul
musique : György Ligeti
décors : Paul Andreu
costumes : Adeline André
éclairages : Madjid Hakimi
Genus
chorégraphie : Wayne McGregor
musique : John Talbot et Deru
décors et costumes : Vicki Mortimer
vidéo : Ravi Deepres
éclairages : Lucy Carter
Avec les Étoiles, les Premiers Danseurs et le Corps de ballet de l’Opéra national de Paris. |  |
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