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L'ACTUALITE DE LA DANSE |
01 juillet 2025 |
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Créations de Misook Seo et Jérémie Bélingard au Festival Suresnes Cités Danse 2011.
Métissages hip-hop
Bye Bye Venus (Jérémie Bélingard)
Confrontations de deux personnalités importantes de la danse avec ce programme réunissant une création de la chorégraphe contemporaine Misook Seo et une création de l’Étoile de l’Opéra national de Paris Jérémie Bélingard. Une des audaces qui ont fait le succès du festival Suresnes Cités Danse depuis ses débuts.
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Le Festival Suresnes Cités Danse, depuis sa fondation par Olivier Meyer en 1993, a non seulement été un facteur primordial dans le développement et l’accession à un large public de la culture hip-hop, mais le lieu de multiples métissages. Ces derniers ont démontré les passerelles existant entre toutes les formes de danses et toutes les écoles, classique, contemporaine et bien sûr hip-hop.
Un programme comme celui-ci prouve une fois encore que les frontières entre toutes ces traditions et ces cultures sont bien plus difficiles à définir et même à prouver qu’on ne le proclamait voici une ou deux décennies. Flirtant tous deux avec la danse de rue devenue danse de scène, la chorégraphe Misook Seo et l’Étoile Jérémie Bélingard prouvent en outre que des sensibilités très différentes peuvent s’exprimer et connaître la réussite en toute liberté dans ces audaces qui auraient semblé impensables aux générations du milieu du siècle dernier.
Misook Seo, on le sait, est une créatrice sensible, précise, au langage très rigoureux, subtil, le plus souvent marqué par une grande poésie du geste, que ce soit dans la force ou dans la douceur. Le Festival d’Avignon et Paris lui ont déjà réservé le plus chaleureux des accueils. Avec Contrastes, conçu pour quatre danseurs et une danseuse hip hop, elle propose une série de séquences variées, originales, dans une sorte de crescendo qui va du plus fluide au plus athlétique.
Il y a de la grâce, de la force, des vols immatériels savamment agencés autour de deux grandes cordes pendant des cintres et que les interprètes utilisent pour effectuer d’impressionnants cercles d’une légèreté et d’une ampleur aussi magique qu’acrobatique.
Et puis il y a des solos superbes de la très belle Marie-Laure Ravau, d’une souplesse étonnante, des confrontations athlétiques des garçons, mais tout cela dans une sorte de logique de rapports humains agressifs ou humoristiques, souvent les deux à la fois.
C’est intelligent, rapide, tonique, sur d’excellentes musiques allant de Björk à Beethoven et d’une grande originalité montrant comment une sensibilité venue d’Asie et déjà bien implantée dans la culture occidentale peut aussi s’approprier de façon personnelle cette autre culture qu’est celle du hip-hop. Les cinq danseurs sont excellents, aussi bien dans leur danse que dans ce qui leur est proposé comme simili mimodrame.
Tout aussi originale et personnelle est la pièce de Jérémie Bélingard, brillant danseur Étoile de l’Opéra, aussi remarquable interprète des grands rôles classiques que contemporains, technique d’enfer et vrai sens de la scène. Sur des musiques extrêmement variées, il a lui aussi composé sous le titre de Bye Bye Venus une série de séquences souvent très brèves, passant de la lumière à l’ombre, où deux danseuses et trois danseurs se livrent à un impertinent cache-cache amoureux plus suggéré que réaliste, mais parfaitement agencé dans un langage chorégraphique sans contraintes.
Les références sont multiples mais légères, tant à des danses folkloriques ou ethniques qu’au hip-hop, bien sûr, mais aussi au langage classique, avec, mine de rien, une attitude par-ci, un entrechat par-là , une couronne esquissée ou encore une glissade à peine ébauchée. Le propos est alerte, la danse rapide, inventive, les danseurs très investis dans tous les aspects de ce qui leur est demandé, avec une énergie incroyable et un enthousiasme jubilatoire pour le public.
Une fois encore, avec de telles propositions à ce degré de réussite, on est au cœur de l’apport fourni au monde de la danse par ce festival qui reste absolument unique en son genre et dont la programmation 2011 qui s’achève le 30 janvier réserve encore bien de passionnantes soirées.
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Théâtre Jean Vilar, Suresnes Le 11/01/2011 Gérard MANNONI |
 | Créations de Misook Seo et Jérémie Bélingard au Festival Suresnes Cités Danse 2011. | Contrastes
chorégraphie : Misook Seo
musiques : Björk, Beethoven, Goran Bregovic, Dejan Sparavato/Vojislav Aralica/Dr Nella Karajlic, Pink Evolution, Misook Seo, Ahn Trio
costumes : Jérôme Kaplan
éclairages : Fred Millot
Bye Bye Venus
chorégraphie : Jérémie Bélingard
musique : Cartola, The Cinematic Orchestra, Ben Harper/The Blind Boys of Alabama, Radio Head, Jimi Hendrix, Aram Katchaturian
costumes : la maison Martin Margiela
éclairages : lumières Fred Millot
scénographie : Constance Guisset
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